Après une longue enquête, le procureur de la République de l’époque avait décidé de poursuivre les dirigeants de la CCI : le président Ibrahim Patel, le DG de l’époque Patrick Honorine, le directeur du pôle économique Azize Amode et la DRH, Nicole Boyer.
Mais en première instance, les juges du tribunal correctionnel de Champ-Fleuri les avaient tous relaxés. Suite à un appel du parquet, les quatre prévenus, ainsi que la CCIR en tant que personne morale, étaient de nouveau jugés le 24 février dernier devant la cour d’appel.
Rivalités et convoitises
Interrogées par le président Rousseau, Christine Hoarau et Leïla Akhoun ont évoqué les rivalités et les convoitises au sein du Pôle aménagement du patrimoine consulaire, un service fermé en 11 jours top chrono en décembre 2012, placardisant pendant cinq mois sa directrice.
Christine Hoarau avait alors été rétrogradée au poste de chargée de mission en raison d’un rapport sur le patrimoine consulaire du sud de l’île qu’elle avait rédigé et qui aurait fortement agacé Ibrahim Patel. « Elles préconisaient de détruire la cafétéria et de supprimer des bureaux de direction », avait justifié l’ex-président à la barre de la cour. Lors d’une cérémonie de vœux, il avait fait preuve de sexisme ordinaire en affublant les deux salariées de « mannequins qui paradent ».
En 2014, Christine Hoarau, nommée directrice des ports de Saint-Gilles et Sainte-Marie, estime plutôt que ce poste lui avait été confié pour compenser sa rétrogradation. Cependant, son management est sans cesse remis en question par les agents, « un complot » de la CCI pour lui mettre des bâtons dans les roues :« Il y avait des dysfonctionnements que j’avais pointés. Il fallait que ça reste sous le tapis ». Jugée responsable de la détérioration du climat social, Christine Hoarau est ensuite révoquée.
Une décision que le tribunal administratif finira par annuler. Christine Hoarau est encore aujourd’hui agent de la CCI, sans salaire.
À la fermeture du pôle patrimoine, Leïla Akhoun est mutée au port de Saint-Gilles à un poste d’assistante, bien en deçà de sa mission précédente. « Nous lui avons fait trois propositions », s’était justifié Azize Amode. « Vous lui avez proposé des postes qui n’existaient pas », avait taclé l’avocat de la plaignante, Me Jérôme Maillot.
« Aucun fait précis, distinct, aucun élément factuel n’a été apporté par la partie accusatrice », avait rapporté en écho l’avocat de l’ex-président Patel.
Certains témoignages recueillis au cours de l’enquête avaient décrit Ibrahim Patel comme « le prince », celui qui concentrait tous les pouvoirs et qui manageait ses équipes par la peur, maniant la politique clientéliste à outrance.
Et que penser d’un président d’une institution qui brasse des millions déclarant à la barre de la cour, pour la convaincre de sa bonne foi, qu’il avait une liaison extra-conjugale avec une des plaignantes ?
Les prévenus ont nié toute intention de nuire.
« Elles empiétaient sur des périmètres, elles gênaient et elles ont eu le tort de ne pas se laisser faire », avaient plaidé Mes Jérôme Maillot et Julien Baracco au soutien des intérêts des victimes.
Plutôt qu’un complot, l’avocat général avait évoqué « un plan concerté » pour se débarrasser des intéressées. Un « procès d’intention fait à mon client », a regretté le conseil parisien d’Ibrahim Patel, Me Emmanuel Daoud.
50.000 euros d’amende ont été requis contre la CCIR
50.000 euros d’amende avaient été requis à l’encontre de la CCI par le parquet général ainsi que 18 mois de prison avec sursis, 15.000 euros d’amende et une interdiction définitive d’exercer au sein de la CCI pour Ibrahim Patel. 1 an de prison avait été requis en première instance, assorti de 5 années d’inéligibilité.
L’avocat général avait proposé de relaxer Nicole Boyer.
16 mois de prison et 15.000 euros d’amende avaient été requis à l’encontre de Patrick Honorine et quant à Azize Amode, 8 mois avec sursis et 5000 euros ainsi qu’une suspension de son poste pendant 6 mois.
Ce jeudi, la cour a prononcé la relaxe générale.