La pause méridienne n’est pas encore terminée, et déjà les élèves se pressent autour de l’entrée de la salle de danse du collège Simon Lucas. Comme tous les vendredi, cette vingtaine de 3e va pouvoir profiter de toute l’après-midi pour danser, faire des courts-métrages, visiter des musées ou encore rencontrer des artistes.
D’ailleurs le petit groupe revient d’un voyage à paris, où il a pu se produire dans plusieurs lieux de la capitale en octobre dernier. Les élèves en ont profité pour découvrir les musées et rencontrer des personnalités du monde culturel, comme le chorégraphe Rodolphe Fouillot.
Une classe pour s’ouvrir sur le monde
Lancé en 2020 par deux professeurs d’EPS de l’établissement, ce projet a vite fédéré une demi-douzaine d’enseignants et personnels du collège pour proposer un cursus innovant aux marmailles. “Chaque année a son thème. Après l’identité et le voyage, cette année les élèves s’intéressent à l’émancipation”, explique Jean-Pierre Lignon, à l’origine du projet.
Avec son épouse, Jacky Lignon, elle aussi professeur d’EPS au collège, ils ont décidé de proposer ce projet aux élèves. “On souhaite leur offrir un enseignement dans tous les arts, donc nous avons un collègue d’Histoire-Géographie qui propose de l’histoire de l’art. Par exemple, ils ont recréé des tableaux historiques célèbres comme le sacre de Napoléon ou le Radeau de la Méduse. Le documentaliste offre des ateliers théâtres ou encore notre collègue d’arts plastiques fait des installations avec les élèves. On veut vraiment qu’ils touchent à tout”, poursuit Jean-Pierre Lignon.
Un projet que soutient Philippe Battist, le principal du collège. “Comme pour tout projet pédagogique, le nerf de la guerre reste le financement. Nous étions d’abord un peu inquiets, mais nous avons réussi à pérenniser cet enseignement, notamment avec le Pacte Enseignant. Faire vivre un projet aussi fort, c’est vraiment rare, et il faut saluer le gros travail des intervenants. Quand on les voit danser au Louvre, on se dit que ça vaut vraiment la peine de se décarcasser”, souligne le chef d’établissement avec un sourire.
Daniel Waro, Vincent Box ou Shenaz Patel en guest-star
Régulièrement, des intervenants extérieurs viennent à la rencontre des élèves de la Klass’art. Ainsi, se sont déjà succédé le musicien Daniel Waro, l’autrice mauricienne Shenaz Patel ou le calligraphe péi Vincent Box. En ce moment, c’est le danseur Chris Hoarau, de la compagnie Autre Ligne, qui anime le vendredi après-midi. “Je propose un stage en rapport avec mon dernier spectacle “Derviche Roulèr”. Donc, j’ai commencé par une première séance où nous sommes revenus sur les origine des derviches et du soufisme dans l’Islam. C’est vraiment un plaisir de travailler avec eux, ils sont volontaires et engagés. Surtout, on voit qu’après trois ans en Klass’Art, ils ont une vraie ouverture sur le monde que j’avais rarement vue chez des jeunes de leur âge”, témoigne le danseur.
“On ne savait pas trop à quoi ça allait ressembler quand on nous a présenté la Klass’Art. Donc on ne savait vraiment pas à quoi s’attendre. Je ne savais pas danser avant, et après trois ans, j’ai vraiment pris plaisir lors des performances à Paris. D’ailleurs, je pense que je vais continuer dans cette filière, car j’ai pu découvrir beaucoup de métiers que je ne soupçonnais pas, notamment dans la production”, explique Emma, l’une des élèves de la Klass’Art.
Même son de cloche chez Lara, qui n’en revient toujours pas des progrès qu’elle a faits en quelques années. “Je ne me voyais pas du tout danser en public. Mais ici, on voit que tout le monde a un niveau différent, et on peut s’entraîner sans avoir peur d’être jugé. L’une des activités que j’ai préférée a été de recréer les tableaux historiques. On a pu faire des petits dialogues et faire parler des personnages célèbres”, raconte la jeune élève.
De son côté, Clément confirme que désormais “l’art fait partie de ma vie, je ne vais pas l’ignorer, même si je pense pas en faire mon métier. J’ai rejoint la Klass’Art car je m’ennuyais et je voulais découvrir d’autres choses. Je ne regrette pas. En plus, j’ai pu prendre l’avion et visiter Paris pour la première fois de ma vie”.
Désormais, les élèves se concentrent sur leur prochain rendez-vous. En février prochain, ils vont participer à la pièce “Mon Nombre”, en accueillant le public lors de la représentation du février prochain au musée Stella Matutina.