C’était sans compter la saisie du juge judiciaire en référé par une vingtaine d’habitants et la décision du tribunal de Mamoudzou qui a suspendu les opérations la veille de ce qui devait être la première étape de Wuambushu. Les conditions d’expulsion étaient irrégulières et mettaient en péril la sécurité des occupants a estimé le tribunal. Le préfet de Mayotte a immédiatement fait savoir qu’il interjetait appel de cette décision. L’audience devrait se tenir dans les prochains jours devant la chambre d’appel de Mamoudzou (la date n’est pas encore connue).
Lors de l’audience qui s’est tenue ce jeudi matin rue Félix Guyon, les robes noires se sont exprimées en visioconférence depuis Mamoudzou au motif que les droits fondamentaux de leurs clients, dont celui au logement, avaient été violés. « À aucun moment il n’a été prévu de dispositif pour mettre à l’abri les effets personnels des délogés » a fustigé une des avocates mentionnant que le contrat du contractant en charge d’entreposer les meubles adossés à l’arrêté préfectoral de fin 2022 était vide. Des exemples de situations familiales plus que problématiques ont été exposés au président du tribunal administratif, dont celle d’un couple aux cinq enfants dont trois handicapés et deux alités dans l’incapacité de se déplacer. « Ils vont se retrouver à la rue. C’est de l’atteinte à la dignité, aux droits de l’enfant », a résumé le conseil listant les manquements de la préfecture de Mayotte dans son arrêté.
Au nom de cette dernière, Mes Rapady et Tamil ont dénoncé « une hystérisation judiciaire collective, une multiplication des procédures tous azimuts ». Pour les conseils, aucun intérêt à saisir la justice administrative dans la mesure où une décision a déjà été prise par une autre juridiction. « La situation concernant le décasage de Talus 2 est gelée » ont rappelé les robes noires.
Ce jeudi, une opération de décasage s’est déroulée à Longoni. Selon la préfecture, le terrain mis à nu devrait permettre la poursuite du chantier du futur lycée des métiers du bâtiment.
Ce vendredi, le tribunal administratif a rejeté la demande du collectif d’avocats représentant un certain nombre d’habitants du quartier de Koungou. Il faudra attendre l’audience d’appel pour savoir si l’arrêté préfectoral de décembre dernier est définitivement suspendu ou si les magistrats, se posant en second juges, valident l’évacuation et la destruction d’une partie des cases en tôle de Talus 2.