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Courrier des lecteurs

Toussaint Louverture, l’initiateur de la première République noire


Par Reynolds Michel - Publié le Vendredi 7 Avril 2023 à 09:00

Cavalier émérite, bon général, grand administrateur et homme politique habile, Toussaint Louverture (1743-1803) a su s’élever à la hauteur d’un grand homme en opérant la réunion de tout le territoire de Saint Domingue sous l’autorité de la France (V. Schoelcher, 1879).

Ancien esclave affranchi, stratège hors pair, chef révolutionnaire admiré, initiateur de la première République noir, « cet homme fut une nation », disait Lamartine en son temps. Arrêté par traîtrise le 7 juin 1802, puis embarqué et transporté en France, et de là, séparé de sa famille (sa femme et ses deux fils), Toussaint est conduit au fort de Joux dans le Doubs où il est enfermé sans procès dans un cachot humide et froid.  Humilié, privé de soin, soumis à des raffinements de cruauté, son gardien entrant dans sa chambre le matin du 7 avril 1803, le trouva sans vie, victime d’épuisement et de froid. Hideux assassinat, s’exclame Victor Schoelcher lors d’une conférence sur Toussaint Louverture à Paris en 1879.

Ce leader noir, figure d’émancipation, que Napoléon a laissé mourir à petit feu par le froid et la misère (Schoelcher) se révèle toutefois être une figure plutôt complexe, bien difficile à saisir, à l’instar des incertitudes sur ses traits véritables à travers ses portraits officiels : figure héroïsée par des grands écrivains et hommes célèbres, nombre d’historiens se demandent encore : qui était vraiment Toussaint Louverture ?
 
Peu de choses de son enfance, sa jeunesse et sa formation
 
Toussaint est né esclave sur l’habitation (plantation) Breda du Haut-du-Cap de Saint- Domingue (l’actuelle Haïti) vers 1743. Il est affranchi en 1776, à l’âge de 33 ans, par le gérant des plantations du comte de Noé, Bayon de Libertat, où il fut garçon d’écurie, puis cocher et proche de son maître. C’est un « nègre à talent » qui a une connaissance des chevaux et des plantes médicinales… Il a la réputation d’être un bon cavalier. Il a appris à lire et à écrire. On sait également qu’il a trois frères et quatre sœurs. Au début des années 1788, il épouse, en secondes noces, Suzanne Simon Baptiste, une lointaine parente. Isaac et Saint-Jean sont les deux enfants du couple mentionnés par tous les biographes et un fils légitimé Placide. De son premier mariage avec une certaine Cécile, de condition libre, en 1761, on signale trois enfants : Toussaint, Gabriel et Marie-Marthe. Entretemps, peu après son affranchissement, Toussaint Breda avait loué une habitation et 13 esclaves à un certain Janvier Dessalines, son propre genre : le mari de sa fille Marie-Marthe avec Cécile.  C’est de ce personnage que l’un des treize esclaves de la plantation tire son nom et qui deviendra le futur général Jean-Jacques Dessalines. (Cf. Jacques de Cuna, 2012).

De Toussaint Breda à Toussaint Louverture

Dans la nuit du 22 au 23 août 1791 – quelques jours après le grand rassemblement au Bois Caïman sur la convocation de l’esclave marron, Boukman, prêtre du vaudou – plusieurs milliers d’esclaves et d’affranchis sur des dizaines de plantations les esclaves se soulèvent contre leurs maîtres dans le Nord, région la plus riche et qui fait la fierté de la partie française de l’île, reconnue officiellement au traité de Ryswick en 1647. Des centaines de colons sont assassinés et plusieurs dizaines de plantations incendiées. Deux hommes ont pris la tête de la révolte, Jean-François Papillon qui s’est proclamé général et son second Georges Biassou, promu lieutenant-général. D’autres noms circulent, mais pas encore celui de Toussaint Breda, encore inconnu mais pas pour longtemps. A-t-il participé dans l’ombre à cette révolte et à sa préparation ? Les avis divergent. (PLUCHON Pierre, Toussaint Louverture…,1980).

On sait par contre qu’à la mi-novembre 1791, Toussaint Breda se trouve déjà parmi les insurgés où il officie comme secrétaire ou l’aide de camp de Biassou. Et que la zone que les affranchis contrôlent s’étend désormais vers les régions montagneuses à l’est, non loin de la frontière avec la colonie espagnole, où arrivent vivres et munitions, que les insurgés échangent contre les produits du pillage des Habitations. Les Espagnoles qui occupent la partie orientale de l’ile (traité de Ryswick en 1647), Santo Domingo (future république dominicaine), aident les insurgés qui se qualifient Gens du Roi (royalistes).

Entre novembre 1791 et novembre 1792, la défense et l’administration de ces territoires autonomes s’organisent sous l’autorité des insurgés. C’est durant cette phase de consolidation que Toussaint Breda, qui figure comme médecin des troupes, affirme de plus en plus son autorité et sa différence. Il exerce un ascendant certain sur ses compagnons de lutte, et est considéré comme un guerrier habile et un homme modéré, partisan de la négociation. De fait, des négociations s’ouvrent avec les autorités coloniales, par la médiation de plusieurs prêtres catholiques, dont l’abbé Delahaye, curé de la paroisse du Dondon, que les insurgés désignent comme leur intermédiaire. Après la proclamation de la République le 21 septembre 1792, puis l’exécution de Louis XVI, en janvier 1793, les meneurs de l’insurrection de 1791, Jean-François Papillon et Georges Biassou, passent du côté des Espagnols avec 3 000 à 4 000 soldats. Toussaint a également accepté la proposition des Espagnoles où il est nommé colonel.

En quelques mois, à partir de juin 1793, les insurgés du Nord deviennent la principale force militaire au service de l’Espagne, en guerre contre la République depuis le 1er mars 1793, après l’Angleterre le 1er février. Toussaint Breda qui se révèle un fin stratège remporte plusieurs succès militaires en 1793. Il est nommé général des armées du roi d’Espagne. Il a définitivement pris l’ascendant sur Jean-François et Biassou. Le 29 août 1793, dans une célèbre déclaration, Toussaint Breda devenu Toussaint Louverture – par sa capacité, dit-on, à ouvrir des brèches dans le camp ennemi – se présente comme le leader de la révolution : « Je suis Toussaint Louverture. Mon nom s’est peut-être fait connaître jusqu’vous. J’ai entrepris la vengeance de ma race. Je veux que la liberté et l’égalité règnent à Saint-Domingue. Unissez-vous, frères, et combattez avec moi pour la même cause. Déracinez avec moi l’arbre de l’esclavage » (cf. Sudhir Hazareesingh, Toussaint Louverture, Flammarion, 2020).

Attaqués de toutes parts en cette fin du mois d’août 1793, les commissaires civiles Étienne Polvérel et Léger-Félicité de Sonthonax – envoyés dans l’île en septembre 1972, pour faire appliquer l’égalité civile et mater l’insurrection des esclaves – proclament de leur propre chef l’abolition immédiate de l’esclavage dans la colonie. : le 27 août 1793 par Polvérel pour l’ouest et le sud et le 29 août 1793 par Sonthonax pour le Nord. C’est une décision révolutionnaire qui bouleverse l’ordre colonial, tout en étant un appel aux meneurs de l’insurrection à rallier le drapeau de la République. Quelques mois plus tard, le 4 février 1794, la décision est entérinée par la Convention nationale, qui décide de la généraliser à l’ensemble des colonies (cf. R. Cornevin, Haïti, PUF,1982).

Toussaint Louverture, maître de Saint Domingue

Le 15 mai 1794, sans doute le moment le plus favorable pour lui, Toussaint accompagné de ses principaux lieutenants, dont Dessalines, son ancien esclave, annonce son ralliement à la république. Il rentre à Saint-Domingue à la tête d’une troupe de 4 000 hommes. Il est nommé colonel par le gouverneur général Étienne Laveaux, puis promu général de division par la Convention et ensuite adjoint au gouvernement général de Saint-Domingue. Toussaint Louverture est désormais le deuxième personnage officiel de la colonie. En 1797, en fin politique, il réussit habilement de se débarrasser de Lavaux et de Sonthonax. Après avoir réussi à repousser les Espagnoles jusqu’à Santo Domingo en 1794, il obtient la capitulation des Anglais en 1798. Et ensuite, celle du général mulâtre André Rigaux, qui contrôlait tout le sud, après une terrible guerre civile entre septembre 1799 et juillet 1800. Le 26 janvier 1801, Toussaint décide de procéder à l’unification du territoire et d’instaurer la paix civile dans l’île en encourageant les planteurs à revenir et ses frères à travailler de nouveau dans les plantations. « Il n’est pas un coin de l’île où ne flotte triomphant et respecté le drapeau tricolore », déclare Victor Schölcher, lors de sa conférence sur Toussaint Louverture.

Le 2 juillet 1801, Toussaint au faîte de sa puissance fait adopter par l’Assemblée de Saint-Domingue une Constitution autonomiste qui le nomme gouverneur général à vie avec le droit de nommer son successeur (promulguée le 8 juillet 1801). Ce pas vers l’indépendance n’est pas du goût du Premier Consul Bonaparte. Considérant désormais Toussaint Louverture « comme rebelle », Napoléon Bonaparte décide immédiatement d’envoyer un corps expéditionnaire de 20 000 hommes sous les ordres du général Leclerc – qui débarque le 4 février 1802 – avec mission de mater toute forme de rébellion.  Malgré une résistance acharnée, au bout de quatre, le 6 mai 1802, Toussaint est obligée de capituler. Il se soumet et obtient de se retirer sur une de ses plantations, à Ennery près de Gonaïves.  Piégé et capturé le 7 juin, Toussaint Louverture est déporté en métropole, puis transféré au fort de Joux. Nous connaissons la suite (voir ci-dessus). Entretemps, en apprenant en août 1802 la nouvelle du rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe, les Noirs de Saint-Domingue se soulèvent une nouvelle fois, cette fois sous la conduite de Dessalines et de Christophe. Après une sanglante guerre civile, la colonie déclare son indépendance le 1er janvier 1804 et prend le nom Haïti (de l’arawak Ayiti), de République d’Haïti, premier Etat nation noir fondé par d’anciens esclaves. Victoire posthume de Toussaint Louverture qui disait en quittant le sol haïtien :  « En me renversant, on n’a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté des Noirs ; il repoussera par les racines, car elles sont profondes et nombreuses. »                     




1.Posté par chikun le 07/04/2023 17:50

Allo wikipedia ?
Quelle utilité de nous donner la leçon ?
eh oui , Napoléon a détruit saint domingue
il a donné la louisianne
il a commencé à détruire la france .
Ses descendants continuent en 2023.
Vive la france .

2.Posté par A mon avis le 08/04/2023 13:00

@ 1.Posté par chikun
Vous manifestez une idéalisation très spéciale de la France !

La République de Haïti a été ruinée par les redevances et autres filouteries financières décrétées par la France, pour lui faire payer son "indépendance".
Haïti en paie encore les conséquences !

Remarque :
Napoléon n'a pas donné la Louisiane : il l'a vendue 60 millions de francs, pour financer ses campagnes militaires.

Louisiane qui auparavant a été volée aux peuples autochtones, par les colonisateurs français.

3.Posté par le raciste le 10/04/2023 11:46

Que saluer le héros Toussaint !Cet esclave à peine affranchi par son maitre achète 12 esclaves pour entrtenir la plantation qu'il a reçu.Plus tard il sera la cause de plusieurs morts.Il était aussi impitoyable avec les Blancs qu'avec les Métis

4.Posté par le raciste le 10/04/2023 11:54

A mon avis @--ces francais tous voleurs de terres! Comme vous avez raison
Qu'is retournent dans leur tanière et rendent les terres volées aux pauvres gens de couleur

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