Le combat des anti mariage des homosexuels à la Réunion nous avait laissé gravées en mémoire les images de ces centaines de manifestants défilant pour protester contre le mariage pour tous, avec des slogans parfois à la limite de l’homophobie.
Tout naturellement, je m’attendais donc à quelques manifestations de ces « anti« , cet après-midi, à l’occasion du premier mariage homosexuel à la Réunion. Probablement pas à des violences, mais au moins à quelques sifflets.
Ma crainte s’est trouvée confortée en arrivant à 15h sur le parvis de l’hôtel de ville de Saint-Paul, en découvrant 300 ou 400 personnes attendant les mariées.
En me mêlant à la population, je me suis retrouvé entouré de Réunionnaises et de Réunionnais, et je lisais bien sur leurs visages qu’ils et elles n’étaient pas venus pour protester, pour chahuter. Non, l’atmosphère était bon enfant. Et les hurlements de joie et les applaudissements me l’ont bien prouvé quelques minutes plus tard, quand la Rolls Royce transportant les deux jeunes mariées est apparue.
La liesse a été à son comble quand Leïla est apparue avec un léger retard, comme les stars, histoire de recueillir pour elle seule un tonnerre d’applaudissements. Peut-être même encore plus fort que pour les mariées. Au point que je me suis dit en mon for intérieur : « Pouvu que Leïla ne se présente pas à une élection, elle serait bien capable de faire un tabac« …
La foule présente devant les marches de la mairie ressemblait à s’y méprendre à celle que l’on peut voir le dimanche matin, à la sortie de la messe. Des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux… Certains étaient sans doute là par curiosité, d’autres pour pouvoir dire : »j’y étais ». Mais la joie sur leurs visages n’était pas feinte, et c’est là qu’il faut retenir.
Et si je ne devais garder en mémoire que quelques images de cette cérémonie, la première serait celle du bonheur rayonnant qui illuminait le visage de Corinne et Laurence. Je retiendrai aussi le « oui » timide de Corinne, au point que Huguette Bello a été l’une des seules à l’entendre, et le « oui, je le veux » tonitruant de Laurence, lancé comme un défi au monde entier, une envie d’assumer pleinement son amour pour Corinne.
Très clairement cet après-midi, on a assisté à l’union de deux personnes qui s’aimaient profondément. Et n’était-ce pas là la seule chose importante?