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Des éleveurs demandent des comptes à la Sicalait

La grogne monte à Bourg Murat, haut lieu de la production laitière. Les éleveurs ont décidé de sortir de leur silence pour réclamer « de la transparence » à la Sicalait, coopérative laitière historique du département. « En 2003, nous étions 180 éleveurs. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 75 à La Réunion », fait remarquer une ancienne agricultrice. […]

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 07 mai 2014 à 16H10

La grogne monte à Bourg Murat, haut lieu de la production laitière. Les éleveurs ont décidé de sortir de leur silence pour réclamer « de la transparence » à la Sicalait, coopérative laitière historique du département.

« En 2003, nous étions 180 éleveurs. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 75 à La Réunion », fait remarquer une ancienne agricultrice. « Je fais moi-même partie de ces éleveurs qui ont arrêté », déplore-t-elle.

Si le silence a souvent été d’or dans ce village paisible de la Plaine des Cafres, il est aujourd’hui rompu à cause d’une accumulation de faits attribués à la coopérative Sicalait.

Le premier grief à l’endroit de la Sica tient de la mauvaise posture financière des exploitations agricoles. « A la Sicalait, les chiffres restent bons alors que dans le même temps vous avez des agriculteurs qui font des marges d’à peine 230 euros par mois après avoir produit par exemple 11.000 litres de lait. Ousa les bénéfices i passe ? », demande cet autre éleveur.

Dans leur démarche, les éleveurs reçoivent le soutien de Jean-Yves Minatchy. La coopérative Sicalait aurait reçu 5,2 millions d’euros de subventions mais les éleveurs n’en voient pas la couleur. 30.000 euros auraient dû revenir à chacun d’entre eux au titre de l’aide de l’ODEADOM (l’Office au service du développement de l’économie agricole ultramarine).

« Toutes les subventions sont distribuées après justification »

Face à ces interrogations, le président de la Sicalait nous répond. Sur les subventions revenant aux exploitants, Patrick Hoarau fait savoir aux éleveurs que chaque retour de subvention est soumis à un contrôle dont la complexité échappe au plus grand nombre. « Toutes les subventions sont distribuées après justification. Les éleveurs sont payés au litre de lait et au centime près », assure-t-il. Dans l’affaire, la Sicalait n’est qu’un intermédiaire.

Les justificatifs sont remontés aux services du ministère de l’agriculture qui eux-mêmes sollicitent Bruxelles. Avec ce système de contrôle à tous les étages, les subventions arrivent au fil des mois. « Pour leur production de 2013, les éleveurs sont payés en 2014 », concède-t-il. En l’état des cours mondiaux des matières premières, un éleveur réunionnais – subventions comprises – doit toucher 623 euros par 1.000 litres de lait produit. En 2013, une exploitation moyenne ayant produit 200.000 litres de lait devrait recevoir environ 33.000 euros. Pour le président de la Sicalait, les administrations française et européenne exigent tant de contrôles que le délai joue forcément contre le professionnel.

La Sica se dit ouverte à la discussion

Outre le différend financier, un agriculteur reproche également à la Sica de lui avoir vendu une vache pour une génisse. C’est le cas du désormais célèbre Jean-Paul Bègue, l’éleveur qui a vu son troupeau décimé par la foudre en début d’année.

Au lieu de recevoir de la Sicalait une génisse âgée au grand maximum de 2 ans, il a reçu une vache de 6 ans pour le prix d’une génisse forcément plus rentable.

Sur ce volet, là encore Patrick Hoarau veut rétablir le contexte de cette commande de vache. Effectivement, Jean-Paul Bègue a reçu une vache plus âgée et donc moins productive mais la transaction mérite d’être détaillée, selon le dirigeant de la Sica.

Après la foudre qui a détruit son troupeau, le Conseil général et la Sicalait sont intervenus pour moitié à hauteur de 27.000 euros chacun pour la reconstitution de son troupeau. Par solidarité, un tour des élevages a été réalisé pour fournir à Jean-Paul Bègue de quoi repartir. Il se trouve que dans le même temps, un autre agriculteur a décidé d’arrêter son exploitation. Dans celle-ci, la Sicalait a décidé de libérer de son droit de préemption en récupérant une vache effectivement plus âgée mais qui était encore assez productive, selon le président. L’autre issue était de l’amener à l’abattoir. « On a remis cette vache en production mais on l’a fait payer au prix d’une vache et non d’une génisse. D’ailleurs, ce n’est pas M. Bègue qui a payé mais bien le Conseil général et la Sica pour moitié », explique Patrick Hoarau qui rappelle aussi que « la part du Département fait l’objet d’une avance de… la Sica. »

Enfin, face aux demandes de transparence émises cette fois par Jean-Yves Minatchy, Patrick Hoarau se dit ouvert à la discussion. « Les 5 millions d’euros dont il parle n’appartiennent pas à la Sicalait mais aux éleveurs », rectifie Patrick Hoarau.

 

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