Au Port, les échauffourées s’enchainaient et les forces de l’ordre, comme la population, étaient sur les dents.
C’est dans ce contexte tendu que dans la nuit du 1er au 2 février, un groupe de jeunes était poursuivi par un équipage de la Bac. À bord, quatre policiers. Selon les premiers éléments, le groupe s’était dispersé et Steeve, un lycéen de 16 ans, avait emprunté une ruelle, la voiture sur ses talons. Le mineur inconnu de la justice avait reçu un tir de lanceur de balles de défense (LBD) en plein visage et avait perdu un œil malgré une opération chirurgicale.
Deux versions s’opposent
Deux versions s’étaient immédiatement opposées. Les policiers avaient unanimement déclaré avoir répliqué suite à des jets de galets. Mais des témoins avaient raconté que les quatre policiers étaient descendus de voiture, l’un d’eux visant Steeve, maintenu au sol sans défense. Les agents l’avaient laissé sur place avant de quitter les lieux, concluant à une blessure sans gravité. Le procureur de la République de l’époque avait indiqué que le tireur avait utilisé son arme « à mauvais escient ».
Une marque indélébile
Après leurs auditions par l’IGPN dépêchée sur place, les quatre protagonistes avaient été mis en examen dont un pour avoir modifié la scène en revenant sur les lieux après les faits supposés pour récupérer des éléments qui se trouvaient au sol et un autre pour non-assistance à personne en danger.
Après avoir tenté de faire annuler sa mise en accusation par la Cour de cassation, Philippe P. qui comparait libre est finalement jugé. De nombreux témoins sont attendus à la barre de la cour afin de permettre aux cinq magistrats professionnels de comprendre ce qui s’est exactement passé ce soir-là. L’accusé va vraisemblablement axer sa défense en essayant de prouver que le tir était parti tout seul.
Cependant, pour les parties civiles, dont Steeve qui a déménagé en métropole pour devenir surveillant pénitentiaire, l’enjeu est de démontrer l’aspect intentionnel des faits qui ont laissé au jeune homme une marque indélébile.