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Un policier du Port jugé devant la cour criminelle pour avoir éborgné Steeve, 16 ans

Ce jeudi et pendant trois jours, Philippe P. ancien de la BAC du Port, est jugé pour des faits criminels pour lesquels il encourt 15 ans de réclusion. Lors des émeutes de 2014, il lui est reproché d'avoir tiré un coup de Flash Ball sur un lycéen qui a définitivement perdu son œil.

Ecrit par Isabelle Serre – le mercredi 20 avril 2022 à 15H07

C’est une première. Ce jeudi et jusqu’à lundi 25, un policier de la brigade anti-criminalité comparaitra devant la cour criminelle pour des violences volontaires ayant entrainé une infirmité permanente. Les faits qui lui sont reprochés datent de février 2014. A cette époque, des mouvements de protestation secouaient l’île de La Réunion à la suite d’une augmentation du prix des carburants.
Au Port, les échauffourées s’enchainaient et les forces de l’ordre, comme la population, étaient sur les dents.

C’est dans ce contexte tendu que dans la nuit du 1er au 2 février, un groupe de jeunes était poursuivi par un équipage de la Bac. À bord, quatre policiers. Selon les premiers éléments, le groupe s’était dispersé et Steeve, un lycéen de 16 ans, avait emprunté une ruelle, la voiture sur ses talons. Le mineur inconnu de la justice avait reçu un tir de lanceur de balles de défense (LBD) en plein visage et avait perdu un œil malgré une opération chirurgicale.

Deux versions s’opposent

Deux versions s’étaient immédiatement opposées. Les policiers avaient unanimement déclaré avoir répliqué suite à des jets de galets. Mais des témoins avaient raconté que les quatre policiers étaient descendus de voiture, l’un d’eux visant Steeve, maintenu au sol sans défense. Les agents l’avaient laissé sur place avant de quitter les lieux, concluant à une blessure sans gravité. Le procureur de la République de l’époque avait indiqué que le tireur avait utilisé son arme « à mauvais escient ».

Une marque indélébile

Après leurs auditions par l’IGPN dépêchée sur place, les quatre protagonistes avaient été mis en examen dont un pour avoir modifié la scène en revenant sur les lieux après les faits supposés pour récupérer des éléments qui se trouvaient au sol et un autre pour non-assistance à personne en danger. 

Après avoir tenté de faire annuler sa mise en accusation par la Cour de cassation, Philippe P. qui comparait libre est finalement jugé. De nombreux témoins sont attendus à la barre de la cour afin de permettre aux cinq magistrats professionnels de comprendre ce qui s’est exactement passé ce soir-là. L’accusé va vraisemblablement axer sa défense en essayant de prouver que le tir était parti tout seul. 

Cependant, pour les parties civiles, dont Steeve qui a déménagé en métropole pour devenir surveillant pénitentiaire, l’enjeu est de démontrer l’aspect intentionnel des faits qui ont laissé au jeune homme une marque indélébile.

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