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Les Chroniques de Tonton Jules – #115

"Selon que vous serez puissant ou misérable…". La vieille maxime est plus que jamais d’actualité, on va voir ça tout-de-suite avec la Yéménia Airways. Pour le reste, ce n’est guère plus brillant ; le foutage de gueule reste présent à tous les étages et faut faire avec vu qu’on ne peut enrayer le cours des événements.

Ecrit par 1735024 – le jeudi 15 septembre 2022 à 13H27

Un petit million d’euros pour 200 morts ?

L’affaire traîne désespérément depuis 2009, depuis que l’avion pourri de la Yéménia Airways s’est abîmé en mer au large de Moroni. Des centaines de morts ; une seule survivante qui aurait pu ne pas l’être, cette gamine de l’époque ayant passé un temps fou à barboter à la recherche de sa maman. Depuis toutes ces années, la compagnie aérienne, qui est loin d’être pauvre, a fait traîner les choses grâce à son staff d’avocats. Ces derniers ont provoqué des dizaines de reports devant les tribunaux afin que la compagnie aérienne du Golfe ne paye pas les dédommagements pourtant naturels, dûs aux familles des victimes et à la survivante.

Le tribunal civil de Moroni vient de condamner la Yéménia à payer un tout petit million d’euros à des centaines de familles et la Yéménia, qui s’en tire à trop bon compte (c’en est même indécent !) prétend encore faire appel de ce jugement. Ça, c’est un coup tordu de ses avocats, lesquels estiment sans doute qu’ils n’ont pas suffisamment palpé sur le dos de ces pauvres gens.

Devant un tribunal américain, la Yéménia aurait été condamnée à des centaines de millions de dollars. En Russie, les dirigeants auraient été passés par les armes. Ou pendus par les roubignoles, ce qui est plus douloureux. Au Brésil, on les aurait tous étendus sur le parcours des marabountas.

Les Comoriens, modestement, n’ont réclamé qu’un petit million d’euros, ce qui est très peu pour les ultra-riches du Golfe qui trouvent que c’est encore trop, sans doute ? Ils ne sont pas prêts d’en voir la couleur. Dans cent ans peut-être ?

Pas violent, le m’ringué ?

Le m’ringué est la version comorienne/mahoraise de notre moringue ou de la capoéira brésilienne. Il s’en organise des dizaines chaque mois aux quatre coins de notre île comme cela est toujours de tradition dans l’Île aux Parfums et la gendarmerie aimerait y mettre bon ordre. C’est mission impossible, les Mahorais étant comme les Créoles, tout joyeux à l’idée de péter la gueule des copains.
Un Mahorais, dans les journaux, a expliqué « que ce n’est qu’un jeu, qu’on ne frappe pas avec méchanceté ». Tu parles, mon colon ! Pas méchant ?

Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est le m’ringué, voici de quoi il est question. J’ai eu l’occasion d’assister à un combat lors de mon premier séjour à Mayotte en 1977. J’y étais allé parce que l’ami mahorais chez qui j’habitais alors, mon frère Ahamada « Mogoni » Boinali (Mogoni parce que son père était cultivateur de manioc) m’avait invité. Je déteste les combats, de boxe, de kick boxing, de coqs, autant que je déteste la corrida. Mais difficile de passer outre.

C’était aux abords du village de Dembéni, ce dernier ayant été défié par des jeunes de Coconi. En dansant, un combattant va provoquer un jeune du village adverse, lequel ne peut et ne veut pas refuser, c’est trop amusant. Les adversaires s’entourent les mains de bandelettes et à un signal connu d’eux seuls, se précipitent l’un vers l’autre en visant la figure, si possible les yeux.

Et ça cogne sec, à coups redoublés, jusqu’à ce que l’un des deux s’écroule dans la poussière le visage en sang. Il y a parfois des morts.
Ce soir-là, j’ai nettement vu un combattant enserrer un grand clou entre les bandelettes de sa main droite : pas méchant ?
J’ai averti l’ancien faisant office d’arbitre, qui a immédiatement stoppé les hostilités et exclu le tricheur du cercle. Ben figurez-vous que l’arbitre a été hué par les spectateurs. Moi, j’ai dû foutre le camp sous peine de me faire écharper. Pas méchant, le m’ringué ?

La gourmandise n’est plus ce qu’elle était

Nems, bouchons, bonbons piment, samoussas, cuisses de poulet à la chinoise, piments farcis, boulettes ahkao… Je suis effaré de voir qu’il s’en consomme de plus en plus alors que ces friandises bien de chez nous sont de plus en plus épouvantables !

C’est de la nostalgie ? Je le confesse humblement. Les bouchons, tenez… Depuis qu’ils sont massacrés industriellement, la chair est passée à la moulinette et vaguement assaisonnée. Na pi d’goût in merde ! Avant, nos Chinois hachaient la viande avec une plate, un sabre aiguisé comme un rasoir et assaisonnaient avec un soin méticuleux. Les plus prisés étaient ceux de Ti-Couloir, de chez Casquette. Dans une vieille boutique de Trois-Bassins, ah ! la ! la calib’ : té gros comm’ bouchons dame-jeanne. Les boulettes ahkao de maintenant contiennent une minuscule crevette anémique ; avant, c’était farci avec une pâte de crevettes dont je ne vous dis que ça.

Les premiers samoussas que j’ai goûtés étaient vendus par un petit bistrotier de la place de l’ORTF. Pâte fine, croustillante à souhait, farce cabri ou cochon. De nos jours, il y a plus de pâte que de farce mais, pour aguicher le chaland, on en trouve à toutes les sauces, même des samoussas au canard à la vanille ou à la confiture papaye. L’horreur absolue.

Les bonbons piment ne contiennent plus de piment… pour ne pas effrayer les touristes, lesquels ont droit à toutes les attentions. Et nous alors ? Les piments farcis idem : lé pu fort du tout mais na trois kilos la pâte po remplacer.

Quant aux cuisses de poulet, comme aurait dit le légionnaire germain d’Astérix : « Chez nous, on en a empalé pour moins que ça ! ».
Je n’évoquerai que pour mémoire ces saletés de choses, comestibles sans doute mais pas mangeables, qu’on ose encore appeler pâtés créoles. Excellents po court cabinet…

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