L’emploi est-il accessible aux personnes handicapées ? En 2010, en dépit de l’obligation légale, plus de la moitié des employeurs réunionnais n’employaient toujours pas de salariés en situation de handicap.
Le moment de remettre le sujet sur la table est tout trouvé : Cette semaine se trouve être celle de « La semaine de l’Emploi des Personnes Handicapées ».
Les chiffres dressent un constat sans concession. Les réticences restent grandes. A la Réunion, le taux moyen de recrutement de personnes en situation de handicap atteint les 3,18% dans le secteur public. En métropole, ce taux d’emploi des personnes handicapées frôle les 4% (3,99% exactement dans la fonction publique). « Dans le privé, il est d’un peu plus de 2% » localement, ajoute Marie Fauré, du FIPHFP (Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées dans la fonction publique).
Une amende (ou « contribution ») pour ceux qui ne respectent pas la règle
Le taux légal obligatoire est pourtant de 6% de la totalité des employés de l’entreprise. Une obligation faite uniquement aux structures de plus de 20 personnes.
Ce matin, dans les locaux de l’ancienne gare ferroviaire du front de mer de Saint-Paul, la DIECCTE et le FIPHFP ont effectué une piqûre de rappel à un public très concerné. Il faut dire que si la règle n’est pas respectée, à la manière du taux obligatoire de logements sociaux pour une commune, il faut dès lors payer une sorte d’amende.
On parle de « contribution », signale Marie Fauré. « Au FIPHFP, nous sommes en charge de la collecte de la contribution des employeurs publics ne respectant pas l’embauche de cette catégorie de personnes », précise-t-elle. A la Réunion, environ 60 employeurs sont visés. Ils proviennent des trois fonctions publiques : territoriale, hospitalière et d’Etat.
Le chômage touche deux fois plus les handicapés
« Les fonds récoltés sont redistribués aux employeurs pour les aider à aménager des espaces de travail adaptés à ces personnes », ajoute Marie Fauré. Pour « éviter » de recruter, soit par choix ou tout simplement parce qu’ils ne peuvent le faire, les employeurs peuvent également opter pour de la sous-traitance, voire à un reclassement statutaire. Par exemple, un employé devenu handicapé au fil des années et ayant exercé dans une activité sollicitant durement son corps se verra « recasé » dans un poste plus administratif. Contrairement au préjugé qui veut que le handicap soit acquis à la naissance, la spécialiste parle d’un taux « beaucoup plus élevé de personnes handicapées qui le deviennent… ».
En France, 2,5 millions de personnes sont bénéficiaires de l’obligation d’emploi de personnes handicapées, soit 6% de la population totale des 15-64 ans en 2009. L’écart reste flagrant : le taux d’activité des handicapés reste inférieur. 46% contre 71% pour l’ensemble des 15-64 ans. Leur taux de chômage est le double de celui la population active normale (22% contre 10%).