C’est facile de pleurnicher à la barre : « Mwin lavé boir… Mwin té pété… Mwin té bourré… Mi d’mande azot pardon… » C’est quand même pas le goulot d’une bouteille de charrette qui a tenté de sodomiser l’une d’elles !
Il y a un os !
J’ai vraiment du mal à écrire ce compte-rendu tant cette histoire sombre dans le sordide le plus abject. Je vais donc aller au plus court en vous épargnant les détails qui ne dépareraient pas un polar de De Villiers.
Ce que je vais dire en préambule ne va pas faire plaisir aux forces de justice : on se demande bien pourquoi ces faits, qui se sont produits en 2003/2004, dont l’instruction a débuté en 2014 (oups !), n’apparaît devant les juges qu’en 2021. Il y a un os là, quelque part. Ce qui peut se comprendre (un peu), depuis le temps que nos présidents successifs écrèment les forces de police, de justice, de gendarmerie et les tribunaux de proximité. Pauvre France.
Bref… Le J.-E. B., de Sainte-Marie, s’est fait larguer par la mère de leurs deux filles car son addiction à dame charrette faisait de lui quelqu’un d’épouvantable lorsqu’il était rond comme une queue-de-pelle. C’est-à-dire chaque jour que Bacchus fait. Il s’en prenait alors à l’épouse et ses deux gamines.
Mais comme il disait aimer ses filles (comme le chat aime la souris ?) et que ces deux aimaient leur père, elles avaient le droit de venir le voir assez souvent.
C’est là que le bât blesse.
Car lors de ces visites d’amour, vite devenues des visites d’épouvante, si elles désiraient rester dormir chez leur papa, chez celui « censé » les protéger, elles subissaient des attouchements et autres gestes que je me refuse à détailler ici. Il vous suffit de savoir que c’était tout simplement innommable.
« Je voulais lui montrer ce que faisait maman »
Dans cette affaire, celui qui a eu le plus de chance, c’est bien lui : depuis 2014, il n’est que sous contrôle judiciaire !
Si le viol n’a pas été retenu, c’est parce que, dit-il, « quand mi boir, mi bande pas ». Mais c’est pas faute d’avoir essayé.
Les deux soeurs, dont l’une s’est enfuie en métropole depuis, ont toutes deux confirmé les faits.
Il a bien tenté de minimiser sa faute, par exemple en voulant laisser croire que c’étaient ses filles qui l’avaient provoqué. Une gamine de dix ans, provoquer un adulte… Dante n’est pas loin. Il va jusqu’à même prétendre que l’une de ses filles voulait lui montrer « ça que maman i fé avec son amant » !
Selon des témoignages croisés, il est un adepte du sexe. Il regardait souvent des films pornos… en se masturbant devant sa famille.
Les stress post-traumatiques sont prouvés par la Faculté et ne risquent guère de s’effacer de si tôt. D’autant qu’il aurait menacé la plus jeune de la tuer si elle osait dire ce qui s’était passé. L’alcool, apparemment, n’efface pas tout.
Mis d’abord en examen pour viol, il a vu un de ses frères tenter de le dédouaner. Ce qui lui vaut aujourd’hui une comparution pour attouchements sexuels sous la menace et par ascendant.
« Défendre l’indéfendable »
A la barre des accusés, bonhomme ne verse pas une larme. Il demande pardon du bout des lèvres.
« Mes filles me manquent beaucoup… Je buvais beaucoup tout le temps… C’est l’alcool qui m’a détruit… Pardon à Z… Pardon à A… Je ne bois plus du tout… »
« Depuis combien de temps », s’enquiert la présidente Rossignol. « Deux ans ».
Il nie toute pénétration. Puis : « Somanqué… Mi conné pu… Mi dors pu le soir… »
« C’est aussi l’alcool qui vous a poussé à mentir aux policiers ? » – « Oui ! » Et prétend avoir été sodomisé par un cousin quand il avait huit ans. Un motif qui n’est qu’un prétexte.
L’une de ses deux filles, présente à l’audience, a fait deux tentatives de suicide en 2016. Pour les deux victimes, Me Cataye a été d’une sévérité de bon aloi. Quant à la procureure Prud’homme, avec son calme habituel, elle te l’a cassé, écrasé, émietté, éparpillé façon puzzle. Pour ne solliciter, en fin de compte, que quatre ans avec sursis.
Ce qui a bien fait les affaires de l’avocate de la défense, Me Boyer, qui a dit qu’en 2014, « M. B. était mon premier client et je me suis demandé comment défendre l’indéfendable ! »
La défenderesse a insisté sur le fait que l’accusé est fruste, qu’il ne sait pas s’exprimer et qu’il aime profondément ses enfants. Qui l’aiment aussi. Brillante, cette jeune avocate qui avait du mal à dissimuler son trouble, mais…
… là, pendant le délibéré, je suis allé demander à la jeune victime si elle aimait toujours son père.
« Non ! »
Clair, net, franc, massif.
Total, cinq ans dont quatre avec sursis, plus soins pour son addiction, plus obligation d’indemniser les jeunes victimes (5.000 euros chacune), plus inscription au fichier des délinquants sexuels.
On lui souhaite juste que je JAP (juge d’application des peines) ne lui inflige pas une année en cabane. Parce qu’au gnouf, les « pointeurs » ont souvent mal au cul.
P.S. : Veuillez me pardonner d’avoir utilisé la dérision dans le compte-rendu de cette misérable histoire. C’était ça ou ne rien écrire du tout !