Après une journée passée sur un chantier, Fabrice, un entrepreneur de 50 ans, et son collègue décident de casser la croute dans un restaurant de Cilaos. Au moment de quitter les lieux, ils croisent la route d’un groupe de jeunes à l’extérieur, passablement éméché.
Ils poursuivent leur chemin, empruntent une ruelle non éclairée puis entendent des bruits de pas derrière eux. Un homme surgit de nulle part et les roue de coups pour une raison qu’ils ignorent totalement.
« lls ont insulté ma mère en créole« , explique leur agresseur, ce mardi, devant le tribunal correctionnel. Et de poursuivre : « On n’insulte pas ma mère qui a failli mourir. Sur le coup de la colère, j’ai pas pu me contrôler« .
« Qui a insulté votre mère ? », questionne l’avocat de la partie civile. « Le plus jeune », rétorque le mis en cause. L’homme pointé du doigt affirme ne pas parler un seul mot de créole ni le comprendre.
Fabrice, blessé dans sa chair et dans son cœur, se dit profondément « attristé par la situation ». « Je suis un enfant de Cilaos. J’aime les gens de Cilaos et les gens de Cilaos m’aiment. Je ne savais qu’on pouvait se faire taper dessus pour rien« , livre-t-il au tribunal, la voix étranglée par l’émotion.
Pour Me Navarro, avocat de la partie civile, l’audience a un goût « d’inachevé ». « Nous avons des profils différents : des merdeux qui picolent entre eux près des toilettes publiques et des bosseurs de 50 et 40 ans qui rentrent se coucher. Il entend une insulte et pense qu’elle vient de ces deux là. C’est n’importe quoi », fustige-t-il.
La procureure enfonce le clou dans ses réquisitions : « C’est un comportement de sauvage. Ce sont des actes gratuits. Le prévenu n’a pas compris la gravité de ses actes et leurs conséquences. Je requiers 18 mois de prison dont 8 avec sursis probatoire« .
Après réflexion, le tribunal a condamné le Cilaosien à 12 mois de prison dont 6 avec sursis probatoire. Il a également l’obligation d’indemniser ses victimes à hauteur de 4600 euros.