Lors de son point presse effectué dès sa descente d’avion et son arrivée sur le sol réunionnais, Sébastien Lecornu a effectué un large tour d’horizon de la situation consécutive au naufrage du Wakashio à Maurice.
Il a répété à plusieurs reprises que, même s’il n’y a aucune certitude pour le moment, il est du domaine du possible que des boulettes d’hydrocarbure atteignent les côtes de La Réunion, compte tenu de la proximité des deux îles, des courants et surtout du mauvais état de la mer.
Par ailleurs, il a relevé par deux fois que « ce naufrage est curieux à bien des égards« . Concernant « l’enquête sur le volet judiciaire, au moment ou je vous parle, le parquet n’est pas saisi. Il faut dire qu’on est dans les eaux territoriales et sur les côtes mauriciennes et donc on est en dehors de l’emprise de l’état souverain de la république française« . En revanche, a-t-il poursuivi, les experts et militaires français sont bien évidemment à la disposition de la justice mauriciennes pour apporter tous les éléments qu’ils auraient pu constater sur place. On participera à tous les actes d’enquête jusqu’à ce que la justice puisse dire la vérité de ce qui s’est passé car il est vrai que cet échouage est bien curieux à bien des égards« .
Il est évident que de nombreuses interrogations subsistent sur les conditions réelles dans lesquelles ce navire a pu venir s’encastrer dans le récif de la pointe d’Esny.
Les marins, lors de leurs interrogatoires par la police mauricienne, ont sorti une excuse abracadabrantesque selon laquelle ils se seraient rapprochés des côtes mauriciennes pour capter de la wifi, alors qu’ils participaient à une fête à l’occasion de l’anniversaire d’un des marins du bord.
Une excuse qui ne tient pas la route quand on sait que la wifi a une portée d’une vingtaine de mètres maximum. Dans un maison, la simple présence de murs peut la rendre impossible à capter.
Il y a donc forcément une autre raison.
Dans un précédent article, nous avions évoqué la piste, que les habitants du secteur privilégient, d’une tentative de débarquement dans le but de livrer de la drogue qui aurait mal tourné.
Une hypothèse renforcée par le témoignage d’une médecin qui a affirmé avoir trouvé sur la plage des débris d’une embarcation de sauvetage d’un gros navire, dix heures avant le naufrage du Wakashio. Elle avait prévenu les gardes-côtes mauriciens qui avaient effectué une patrouille mais sans plus de résultats. Et bizarrement, les débris avaient disparu peu après…
Comme l’a expliqué Sébastien Lecornu, il reviendra à l’enquête menée par les autorités mauriciennes de trouver la vraie raison du naufrage.
Par ailleurs, en termes très diplomatiques, le ministre des Outremer dit avoir échangé avec les autorités de l’île soeur sur « le système de contrôle mauricien des navires qui n’a pas fonctionné » comme il aurait dû, et en tout cas pas comme il l’aurait fait à La Réunion et d’une manière plus générale en France. Il évoquait le fait que les autorités mauriciennes ont affirmé avoir découvert la présence du bateau une fois qu’il se serait déjà échoué.
Interrogé sur les critiques qui fusent à Maurice contre l’inaction du gouvernement pendant les 15 premiers jours qui ont suivi le naufrage, le ministre français a expliqué qu’il ne pouvait répondre à cette question car cela reviendrait à s’ingérer dans une affaire de politique intérieure mauricienne.