Ce dernier, Sofienne Hajji, a toujours affirmé que sa femme avait voulu se suicider en s’aspergeant d’alcool à brûler et en y mettant le feu. Pourtant, c’est elle qui avait appelé les secours alors qu’elle attendait dans la voiture qu’il range le désordre de leur logement.
Enfin, conduite au service des grands brûlés du centre hospitalier de Bellepierre, elle avait été placée dans le coma et avait succombé à ses blessures, une vingtaine de jours plus tard, le 1er mai 2018.
Les circonstances de ces faits, qui s’étaient déroulés sans témoin, étaient néanmoins suffisamment troublantes pour que le Tunisien, âgé de 37 ans aujourd’hui, soit mis en examen par un juge d’instruction dionysien pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner auxquelles sont venues s’ajouter des violences habituelles sur conjointe.
Une autre affaire de violences dans des circonstances troublantes
En septembre 2018, le suspect avait été placé sous contrôle judiciaire strict malgré les réquisitions du parquet de St-Denis qui aurait souhaité son incarcération. L’enquête était alors confiée à la compagnie de gendarmerie de Saint-Paul et, suite à un appel devant la chambre de l’instruction, le contrôle judiciaire avait été assoupli. Sofienne Hajji avait quitté La Réunion pour s’installer à Quimper.
En février 2019, alors qu’il travaillait dans une usine conditionnant des huîtres, il avait rencontré Natacha qui le ramenait souvent chez lui. Ils avaient entamé une relation puis, s’étaient mariés religieusement. « Quelques mois plus tard, les coups ont commencé. Beaucoup », raconte la Bretonne qui finit par porter plainte. Jugé en décembre 2019 devant le tribunal correctionnel de Quimper pour trois épisodes de violences conjugales, Sofienne est condamné à 18 mois de prison dont 6 avec sursis et mise à l’épreuve et écroué.
Car pour la famille de Bergie, son ti-nom gâté, il n’y a pas de doute : elle s’est d’abord fait arnaquer et a ensuite vécu sous emprise. Et la thèse du suicide, les proches n’y croient pas.
Elle le rencontre sur les réseaux puis part en secret en Tunisie
Pour la famille de Bergerette, c’est le choc. « 5 mois après le mariage, Sofienne a obtenu ses papiers et il est arrivé à La Réunion. J’ai tout de suite vu qu’il regardait les autres filles. Ça et la différence d’âge avec ma sœur m’ont inquiétée », se souvient Nanette, une des sœurs de la victime.
Peu à peu, Bergie s’isole et ne voit presque plus sa famille. Cette attitude ne correspond pas à son caractère et personne ne comprend ce qui se passe.
Elle s’isole et porte des lunettes noires
Un soir pourtant, elle accepte de venir à une soirée organisée pour l’anniversaire de sa mère. Ce soir-là, elle porte des lunettes noires derrière lesquelles elle cache des bleus à l’œil. Elle évoque un coup de coude de son mari dans son sommeil. Interrogé à son tour, Sofienne parle d’une caisse à outils qui lui serait tombée sur le visage alors que lui-même se trouvait sur un tabouret en train de bricoler.
Selon les proches, Bergie subissait des violences régulières, notamment au sujet de cet enfant que le couple n’arrivait pas à avoir. En avril, c’est peut-être ce sujet qui a provoqué des brimades, des disputes puis, la tragédie.
Retour à La Réunion aux frais de la justice
En mai dernier, Sofienne Hajji a regagné La Réunion pour comparaitre devant la juge d’instruction en charge de la mort suspecte de Bergerette Baltimor. Placé sous contrôle judiciaire, le trentenaire aurait ensuite erré de centres sociaux en foyer d’hébergement avant de repartir en métropole à Pontarlier, puis à Bordeaux. Fin septembre et début octobre dernier, il n’a pas pointé au commissariat contrairement aux obligations de son contrôle judiciaire. Un mandat d’amener a été délivré à son encontre et il est revenu dans le département aux frais de la justice qui a ordonné son incarcération.
Ce mardi, Sofienne Hajji faisait appel de cette décision devant les magistrats de l’instruction, visiblement très agacés par ses propos notamment ceux concernant son ex-compagne de Quimper. « Je vois la limite de votre réflexion », a fustigé la présidente de l’audience à l’issue de laquelle le placement sous les verrous a été confirmé. Pendant ce temps, l’instruction continue afin que toute la lumière soit faite sur la mort de Bergerette Baltimor avec, notamment, l’intervention de différents experts du feu.