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Madagascar Résistance : Des élections manipulées : phase ultime du processus classique des coups d’Etat

Madagascar Résistance Lettre numéro 74 – août 2011 Des élections manipulées : phase ultime du processus classique des coups d’Etat Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire du monde, on constate que les coups d’Etat se sont déroulés, partout et de tout temps, selon un processus quasi identique: diabolisation du dirigeant à éliminer du pouvoir, […]

Ecrit par Les Inconditionnels de Madagascar – le jeudi 04 août 2011 à 09H23

Madagascar Résistance
Lettre numéro 74 – août 2011

Des élections manipulées : phase ultime du processus classique
des coups d’Etat
Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire du monde, on constate que les coups d’Etat se sont déroulés, partout et de tout temps, selon un processus quasi identique: diabolisation du dirigeant à éliminer du pouvoir, achat de la complicité de certains magistrats quand l’organisation des institutions étatiques du pays rend leur aide nécessaire, achat de la complicité d’une partie de l’armée, mise en place d’une milice armée pour semer la terreur, prise du pouvoir par la force. Et puis vient la dernière phase du processus : la recherche de la pérennisation du régime de fait, notamment par la reconnaissance internationale. C’est l’étape où se trouvent les putschistes malgaches actuellement.

Donner à un régime issu d’un coup d’Etat une apparence de réspectabilité

Tous les dictateurs sont contraints, à un moment ou à un autre, de se livrer à cet exercice dont ils se passeraient bien, mais auquel ils ne peuvent se soustraire.
Pour les dictateurs des pays pauvres, c’est le prix à payer pour mettre fin à des sanctions économiques et financières et faire revenir les bailleurs de fonds. Pour ceux des pays disposant de ressources financières suffisantes, c’est le prix à payer pour rompre un isolement diplomatique dommageable aux affaires et aux achats d’armement indispensables au maintien au pouvoir.
Là encore, la méthode pour « blanchir » le régime (comme on blanchirait de l’argent sale) est la même depuis toujours : on se fabrique une fausse légalité et une fausse légitimité par la tenue d’élections manipulées.
Et alors, attention ! Ces mêmes putschistes qui piétinèrent allègrement la loi fondamentale et de nombreuses autres lois (qui peut le plus peut le moins) se transformeront, à l’issue de ces caricatures d’élections, en défenseurs zélés et farouches de cette fausse légalité et de cette fausse légitimité qu’ils ne manqueront pas de qualifier « d’expression du peuple ».
Le procédé est tellement grossier qu’il n’a jamais trompé personne.
Mais il se trouvera toujours parmi les puissances qui gendarment le monde, un pays qui s’accommodera d’une telle mascarade, et qui délivrera sans sourciller un satisfecit au dictateur afin de le rendre fréquentable par le reste du monde. Ce pays étant d’ailleurs, par une curieuse coïncidence, bénéficiaire du coup d’Etat, le moins qu’il puisse faire est de se montrer accommodant.

Si ce  blanchiment, dernière étape du processus du coup d’Etat se réalise, la restauration de la démocratie à madagascar sera plus longue et plus difficile, comme cela a été le cas ailleurs

Au niveau international, l’argument de la tenue d’élections sera martelé par la puissance protectrice d’Andry Rajoelina et par ses relais comme L’OIF, la COI, ou certains missionnaires catholiques. Et peu importe si l’organisation de ces élections leur enlève toute crédibilité, ce point sera passé sous silence par les médias français. Il ne faut pas négliger la capacité de nuisance de cette arme médiatique, car le passé nous montre malheureusement de nombreux exemples où le matraquage médiatique a pu donner à un mensonge l’apparence de la vérité, notamment lorsqu’il s’agit de décrire des évènements s’étant déroulés dans les anciennes colonies françaises, ou donner une vision manichéenne des faits dans un but intéressé, comme ce fut le cas par exemple en Côte d’Ivoire.
L’article de l’hebdomadaire « Marianne » (n°744 du 23 au 29 juillet 2011) présenté ci-dessous en encadré est une bonne illustration du second cas.
« Côte d’Ivoire. Echange de « bons » procédés.
Les plus cyniques parleront d’un retour sur investissement, mais pour l’emploi de son armée, qui a scellé le sort de Laurent Gbagbo le 11 avril, la France ne méritait-elle pas compensation ? François Fillon l’a rapportée de ses deux jours de visite à Abidjan, les 14 et 15 juillet, sous forme d’un partenariat économique si renforcé que certains y ont vu une fois de plus le spectre un peu usé de la Françafrique. Mais les premiers demandeurs sont les Ivoiriens eux-mêmes, à commencer par le Premier ministre, Guillaume Soro, qui a réclamé de son invité « une prise de risque en faveur de l’économie ivoirienne ». Celle-ci se fera donc sous différentes formes : d’abord une réduction de la dette à hauteur de 1 milliard d’euros, puis 2 milliards d’euros en contrats de « désendettement-développement » qui seront affectés à des projets prioritaires d’équipements et d’infrastructures. Plus que jamais, les grands groupes français et les PME restés sur place devraient largement en bénéficier. Bouygues va ainsi démarrer un nouveau chantier : la construction d’un troisième pont à Abidjan. »
Au niveau national, le blanchiment du coup d’Etat par la tenue d’élections manipulées exposera Madagascar à de multiples dangers. Tout d’abord, il renforcera l’ancrage des putschistes à la tête de l’Etat. Et inévitablement, la tentation de recourir à la même recette pour s’y maintenir, entraînera ces derniers à recourir systématiquement aux fraudes lors des élections qui se tiendront dans le futur. Enfin, la tentation pour les opposants de recourir également à la force pour accéder au pouvoir exposera le pays au risque de putschs à répétition.
Ce dernier scénario est le plus noir, mais c’est un scénario plausible comme nous le rappellent ces deux articles de « Marianne » (n°744 du 23 au 29 juillet 2011) portant sur la Guinée et le Honduras, deux pays ayant vécu des coups d’Etat contemporains du putsch malgache.

"Guinée. Qui veut la peau d’Alpha Condé ?
L’illusion démocratique aura duré presque sept mois. Elle a subi un premier assaut et sérieux accroc dans la nuit du 18 juillet dernier, avec l’attaque du domicile d’Alpha Condé, premier président élu à la régulière dans un pays soumis à deux interminables dictatures depuis son indépendance. Au moment où Marianne bouclait cette édition, l’identité des assaillants n’était pas encore connue. Mais ils pourraient venir de certains rangs de l’armée, hostiles aux réformes que Condé entend y engager pour mettre un terme à sa vieille tradition « putschiste ». C’est ainsi qu’il a fait arrêter, au début du mois, le colonel Moussa Keita, l’ancien bras droit de Moussa Dadis Camara – successeur autoproclamé de Lansana Condé en 2009, avant d’être à son tour renversé un an plus tard -. Seule note d’espoir dans le regain de tension : Cellou Dalein Diallo, le principal opposant à Condé, battu en décembre dernier, a condamné l’attaque et prôné l’unité nationale."
Alain Léauthier

"Honduras. L’arroseur arrosé.
Le président Porfirio « Pepe » Lobo vient de recevoir des menaces de mort qu’il impute à des « secteurs conservateurs » menaçant le pays d’un coup d’Etat. Menaces qu’il prend d’autant plus au sérieux que lui-même a participé au coup d’Etat ayant destitué l’ancien président, Manuel Zelaya, il y a deux ans."
P.N.

Pour toutes ces raisons, nous renouvelons notre appel à une mobilisation totale pour obtenir le report de toute élection à Madagascar, tant qu’une transition véritablement neutre et représentative n’aura pas été instaurée.

N’attendons pas que l’initiative vienne des autres.

Demandons-nous ce que nous pouvons déjà faire. Et faisons-le.

Maintenant.

Dans notre famille.

Dans notre quartier ou notre village.

Là où nous travaillons.

Là où nous nous réunissons.

Partout où il nous est donné de rencontrer des gens.

Où que nous nous trouvions.

A Madagascar ou à l’extérieur.

Les Inconditionnels de Madagascar,
À l’Ile de la Réunion

 

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