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Les premiers requins marqués aujourd’hui

Les autorités veulent aller vite. Sans attendre un projet "CHARC" (pour Connaissances de l'écologie et de l'habitat de deux espèces de requins côtiers sur la côte Ouest de la Réunion) dont la synthèse ne devrait être connue que dans trente mois, les premiers marquages de requins dans l'Ouest de l'île commencent aujourd'hui.

Ecrit par zinfos974 – le mardi 18 octobre 2011 à 07H34

Le « prélèvement », terme bien choisi il y a quelques semaines, laisse la place au « marquage ». C’est aujourd’hui que débute une expérience inédite au large de la côte Ouest de l’île. Reste à savoir si les hommes engagés dans cette chasse pacifique ne reviendront pas bredouille de leurs multiples expéditions. Le comportement des squales n’a en effet pas manqué de déjouer les scientifiques en cette année 2011. Dernière preuve en date : l’attaque d’un kayakiste.
 
Dans les faits, des marques acoustiques (sorte de capsules) seront implantées sous la peau de l’animal et détectées par un réseau de stations d’écoute fixes disposées au large. « Les stations d’écoute seront d’abord accrochées aux balises de la Réserve marine » affirme Marc Soria de l’Institut de Recherche pour le Développement. L’idée, dans quelques mois, est de densifier ce réseau d’écoute sur tout le littoral. Les trois premières stations déjà à disposition des scientifiques seront disposées au large des Roches Noires et de Boucan.
 
En plus de cette capsule fixée sous la peau de l’animal, un marquage dit « rototag » sera accroché sur le premier aileron dorsal du requin. Techniquement, le requin devrait être appâté et capturé grâce à un système d’hameçon circulaire. Même si l’arrêté préfectoral laisse ouverte la possibilité de la pêche à la traîne, la technique palangrière devrait être privilégiée.
 
Deux bateaux complètent le dispositif. Le premier étant utilisé pour la capture, le second pour la phase chirurgicale. Justement, les gestes devront être précis, « les risques de perte de vie de l’animal » n’étant pas exclu selon Pascal Bach de l’IRD. Les « marques », sorte de capsule d’à peine 5 cm seront implantées par chirurgie dans la cavité abdominale des animaux placés en phase de catalepsie, sur le dos. « Une station d’écoute captera toutes les marques qui passeront dans un rayon de 300 à 500m d’elle » continuent les techniciens de l’institut.
 
L’idée générale est de juger les déplacements de chaque animal marqué et les temps de résidence mesurés permettront d’estimer les périodes et les aires de forte  fréquentation. Mais qu’on se le dise, le marquage qui commence aujourd’hui est destiné à un relevé des mesures que sur de longues périodes. Exit donc une traçabilité à la minute près façon GPS devenu familier sur la terre ferme. Non pas que le dispositif ne soit pas disponible sur le marché, mais son coût freine son utilisation.
 
Seulement deux espèces seront capturées

 
« L’utilisation d’une balise Argos ou d’émetteurs radio, c’est 4 fois le prix de la balise que nous allons utiliser, soit 8.000 euros si l’aide du satellite était sollicitée, sans compter les frais de transmission satellite ! Ici, avec l’opération qui débute, ce sont des relevés attendus tous les trois mois environ. Concrètement, une embarcation se chargera d’aller relever les données de la balise selon une fréquence qui sera déterminée par la suite », poursuit Marc Soria. Dommage pour ceux qui s’attendaient peut-être à voir un système de suivi en temps réel qui pourrait alerter baigneurs et surfeurs de la menace. « L’objectif n’est pas de connaître à chaque moment où ils sont, mais de connaître leur comportement mis en parrallèle avec d’autres facteurs ». Ainsi, la présence de squales à tel endroit sera recoupée avec les facteurs du milieu : turbidité, courants, réserve marine, DCP, pollution seront ainsi comparés avec le passage des requins marqués. Seules deux espèces sont dans le viseur, le bouledoque et le tigre. Dans le meilleur des cas, 40 de chaque espèce seront marqués. Les autres espèces seront systématiquement relêchées. 
 
Les derniers paramètres qui pourraient faire capoter le succès de cette opération inédite : les aléas climatiques. « Nous sommes partis sur une base de deux sorties par semaine, une le lundi et l’autre le jeudi » annonce le sous-préfet de Saint-Paul Thomas Campeaux, « en fonction de la météorologie » ajoute-t-il prudemment. Le deuxième facteur : que le seigneur des mers morde à l’hameçon. On connaît le succès qu’ont connu les prélèvements qui devaient ôter la vie à dix prédateurs. « Nous partirons très tôt, dans la nuit, pour nous donner le maximum de chance d’en capturer », ajoutent les spécialistes.

La chasse est ouverte pour quatre mois.

 

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