Il est 23h40 le 17 octobre dernier lorsque la police intervient sur le parking d’une résidence de la cité portoise. Une femme appelle les secours car elle vient d’être frappée par son conjoint. Lorsqu’ils arrivent, son t-shirt est déchiré et elle porte des traces de griffures au visage. Elle se dit victime de coups et de strangulation. Ils n’ont qu’à tourner la tête pour trouver son agresseur qui est caché derrière un buisson. Contre toute attente, il porte aussi des traces de griffures au visage et se dit victime de coups. Son t-shirt est aussi déchiré. Ils sont tous deux alcoolisés.
Le couple est conduit au commissariat puis placé en garde à vue. Elle est contrôlée à 2 g/l d’alcool dans le sang et lui à 1,38 g/l. Chacun se dit victime de l’autre mais madame finit par reconnaitre qu’elle a commencé à porter des coups. « C’est à cause des insultes« , indique-t-elle à la barre. Pas moins de dix interventions de la police sont à dénombrer chez eux en deux ans. Chaque fois, c’est la même chose, témoigne la famille : « Ils se battent puis le lendemain, ils sont main dans la main« . Si le casier de madame fait état de 3 mentions pour des délits routiers en lien avec l’alcool, celui de monsieur comporte 6 mentions dont 5 pour violences. Il est sorti de prison en février 2023.
« Ils se tirent vers le bas et vers le plus bas encore »
« Les faits sont reconnus. Ce sont des gens qui ne sont pas capables de réagir autrement que par la violence. Ils se tirent vers le bas et vers le plus bas encore. Malgré le nombre de mains qui leur ont été tendues, ils choisissent de vivre dans la misère sociale« , poursuit la magistrate qui requiert 2 ans de prison dont 1 an de sursis à l’encontre de madame, et 3 ans de prison dont 1 an de sursis à l’encontre de monsieur. Le parquet requiert leur maintien en détention et des interdictions de contact réciproques.
« Les demandes du ministère public sont disproportionnées« , répond la défense de la femme. « Ce sont des compagnons de beuverie mais ils n’arrivent pas à se séparer. Elle a besoin de soins, sa place n’est pas en prison« , plaide la robe noire. « Les violences sont reconnues mais interviennent après l’agression de mon client par madame. C’est un contexte d’alcoolisation dans un couple toxique. Sans violences de madame, il n’y aurait pas eu de violences de monsieur« , plaide la robe noire.
Les deux prévenus sont reconnus coupables par le tribunal. La femme est condamnée à 15 mois de prison dont 12 mois de sursis probatoire renforcé, elle n’est pas maintenue en détention. Monsieur écope de 2 ans de prison dont 9 mois de sursis probatoire renforcé avec maintien en détention. Il leur est fait interdiction d’entrer en contact.