Le trafic de stupéfiants s’affiche sans complexe sur la toile. Le groupe Zamal 974 était en effet une plateforme de mise en relation entre consommateurs et vendeurs très active avant sa fermeture. Une dizaine de groupes dédiés au trafic subsistent pour autant.
Sous un faux profil, le fournisseur, Jean, père de 2 enfants, fraîchement sans emploi au moment des faits, y trouve acheteurs et revendeurs. Chez lui à Saint-Louis, en indoor, il fait pousser du zamal et de la skunk. Lors de la perquisition, tout le matériel pour la culture du cannabis, des plants, de l’herbe séchée, mais aussi les fruits de sa production à savoir 7500 euros en espèces, un ordinateur, un vélo électrique et deux véhicules sont saisis. De janvier 2020 à septembre 2021, son activité lucrative lui rapporte 4500 euros par mois. « J’ai vu l’appât du gain » , se justifie-t-il à la barre du tribunal correctionnel.
Un commanditaire non-identifié
En remontant le fil, les enquêteurs arrivent par la suite jusqu’à Sébastien. 23 pieds de skunk, des graines, plus d’un kilo d’herbe séchée et 1660 euros sont retrouvés à son domicile. Père d’une fillette mais également gros consommateur de zamal, il produit pour sa consommation personnelle mais vend également à Jean pour 3000 euros de stupéfiants. En conflit avec ses voisins, l’argent de la vente lui « a permis de déménager vite ». « Chez moi rien n’a été saisi, je vis simplement », avance-t-il cependant.
Autre prévenu dans cette affaire, Laurent, qui assure n’avoir servi que d’intermédiaire. Le jeune homme a acheté d’importantes quantités auprès de Jean pour le compte d’un commanditaire qui n’a pas été identifié. Entre 36.000 et 58.000 euros ont transité par son biais. En deux ans, il déclare avoir perçu 3000 euros « pour arrondir ses fins de mois et payer les factures », puisque ce père de famille ne travaillait pas.
« On a l’impression que c’est local, bio, bon pour la santé »
Au terme de cette enquête de 8 mois, 17 personnes ont été entendues. Certaines se sont vues notifier un rappel à la loi, d’autres ont été jugées en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité selon leur niveau d’implication.
Après un renvoi prononcé le 15 décembre dernier, « les quatre plus influents » ont été jugés ce vendredi en comparution immédiate, contextualise le parquet. Pour la représentante de la société, la vente de zamal sur les réseaux sociaux banalise encore davantage le trafic . « On a l’impression que c’est local, bio, bon pour la santé », ironise-t-elle alors que les peines encourues sont de 10 ans de prison, rappelle-t-elle. 18 mois de sursis probatoire et 3000 euros d’amende ont été requis à l’encontre de Jean, le principal fournisseur. 12 mois de sursis probatoire et 1500 euros d’amende ont été demandés pour les trois autres prévenus. Tous ont un casier judiciaire jusque-là.
L’enjeu pour trois avocats de la défense, Me Eric Ah Kwan, Me Julien K’Bidy et Me Farid Issé, est de ramener les peines requises « à de plus justes proportions » d’autant qu’« il suffit d’un clic pour débuter un trafic ». « C’est d’une facilité déconcertante et ces groupes sont connus du parquet », plaide ce dernier.
Les robes noires ont été entendues. Jean a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et 5000 euros d’amende. Sébastien et Laurent écopent de 8 mois de sursis simple et 2000 euros d’amende. Enzo, le jeune étudiant, a été condamné à 4 mois de sursis et 1000 euros d’amende. La confiscation des scellés a également été prononcée.