Les discussions sont toujours au point mort entre la Cinor et l’Université de La Réunion concernant le tracé du [téléphérique de la liaison Chaudron-Moufia-Bois de Nèfles]urlblank:https://www.zinfos974.com/VIDEO-Decouvrez-les-images-du-premier-telepherique-urbain-de-la-Cinor_a121718.html . Le président de l’UR, Frédéric Miranville, regrette le « passage en force » de l’intercommunalité, qui n’a pas attendu la délivrance de la déclaration d’utilité publique (DUP) pour installer le chantier. En représailles, l’Université a décidé d’interdire l’accès des entreprises qui travailleront sur le chantier à proximité de ses bâtiments. La Cinor, sereine, est toujours dans l’attente d’un « compromis » avec l’institution…
Dès les premiers tracés connus de cette liaison de 2,7 km, qui reliera le Chaudron à Bois-de-Nèfles en moins de 15 minutes, l’Université de La Réunion était montée au créneau, [comme le lycée Georges-Brassens auparavant]urlblank:https://www.zinfos974.com/VIDEO-Le-lycee-Georges-Brassens-vent-debout-contre-le-telepherique_a126609.html .
Le tracé retenu par la Cinor « prend appui sur la principale lacune identifiée par l’audit de sécurité », lance Frédéric Miranville, puisque les cabines survoleront deux amphithéâtres ainsi que le gymnase Max-Raffini. « Sachant que nous avons des bâtiments et des constructions qui sont pour certains bioclimatiques et donc ouverts, les questions liées à la sécurité, mais aussi aux nuisances sonores et visuelles autour de ces installations peuvent être posées », explique-t-il.
Le campus du Moufia craint par ailleurs que le survol du gymnase et de deux amphithéâtres entraîne des perturbations pour la tenue des cours, mais aussi pour son futur développement. Selon Frédéric Miranville, les câbles situés de part et d’autre de ces bâtiments empêcheront tout développement futur de cette partie de l’université. « La position de l’université sur ce projet de téléphérique est constante depuis trois années », tient à rappeler l’universitaire. « À l’époque, nous avions rencontré le président Maillot qui nous avait proposé deux trajets sur ce projet. D’emblée, nous avions indiqué que nous étions favorables à ce projet et avions exprimé une préférence pour le premier tracé, qui longeait le campus, a contrario de celui de la Cinor, qui traversait notre enceinte de part et d’autre », explique Frédéric Miranville.
« Une aberration complète »
Il ajoute: « le campus du Moufia est désormais complètement contraint. L’idée du développement à venir c’est plutôt d’aller en hauteur. Cette dernière remarque concerne notamment le gymnase et dans notre stratégie de développement, il est prévu une construction neuve en lieu et place de ce gymnase, mais le tracé retenu nous pénalise dans notre développement », assure Frédéric Miranville.
Poussés par le préfet de l’époque à trouver un terrain d’entente, Gérald Maillot et Frédéric Miranville s’étaient rencontrés en juin dernier pour tenter de désamorcer la situation. L’Université avait alors proposé à la Cinor non pas de revenir sur son tracé préférentiel, mais de décaler le tracé retenu par l’intercommunalité d’une trentaine de mètres pour que les téléphériques ne passent plus au-dessus des amphithéâtres, mais plutôt sur les parkings qui jouxtent le gymnase.
« Certes, il y a eu une écoute du président de la Cinor, mais il est resté sur une position un peu légère qui consistait à dire que si on n’arrivait pas à trouver un terrain d’entente, on arrêterait à ce moment-là les travaux devant les portes de l’Université, ce que je trouve quelque peu irrespectueux de l’intelligence collective », déplore Frédéric Miranville. Depuis, plus aucune discussion n’a eu lieu entre les deux parties.
« L’impression que l’on a, c’est que la Cinor méprise les étudiants et le personnel de ce campus parce qu’à chaque fois que l’on fait des propositions, il n’y a rien en face. On les appelle au dialogue avec un point de départ: celui de revoir ce tracé, qui est pour moi une aberration complète », insiste-t-il.
Le message est clair du côté de l’Université: elle n’autorisera pas les travaux sur le campus « tant qu’une solution ne sera pas trouvée ».
Le président de la Cinor, Gérald Maillot, reste lui confiant quant au déblocage de la situation, même si la menace « est réelle ». « Personne ne peut donner d’ordre au président Miranville concernant la gestion de l’université, même si le foncier et les bâtiments appartiennent à l’État », glisse-t-il à son homologue.
« Je comprends bien que certaines personnes soient contre ce projet, mais aucun projet lancé ne reçoit une adhésion unanime, il faut toujours composer avec les intérêts de chacun. On voit les résultats de génération en génération, peu de projets sont sortis. On peut faire allusion à la problématique du traitement des déchets, ça fait 25 ans qu’on attend une solution viable autre que l’enfouissement », explique-t-il.
« Nous poserons la première pierre le 20 septembre »
Pour lui, « l’attitude de certains » fait penser « à un comportement de personnes qui défendent leurs biens personnels ». « Le président de l’université propose de déplacer le tracé, mais nous avons passé un marché avec un groupement. Aujourd’hui, tout changement de cette envergure pourrait entraîner un recours d’un candidat malheureux, mais aussi un surcoût financier pour notre collectivité », se justifie Gérald Maillot. « Tout le monde peut donner son scénario, je le comprends parfaitement, mais il faut arriver à un compromis et qu’on accepte de faire quelques sacrifices », martèle le président de l’EPCI, qui assure que les téléphériques ne seront « pas plus perturbants que ça ». « Il n’y aura pas de bruit et il faudra lever la tête pour les apercevoir. Les étudiants auront plutôt leurs têtes rivées sur leur clavier ou leurs bouquins que dans les nuages en train de regarder les téléphériques passer », poursuit-il.
Recherche d’un compromis avec l’université oui, mais « pas arrêt du chantier » insiste le président de la Cinor: la première pierre de ce chantier sera bien posée le 20 septembre prochain à Bancoul. « Nous démarrerons les travaux sur les cinq stations en espérant toujours qu’une solution soit trouvée d’ici là pour tous les gens qui attendent ce projet innovant de la mobilité à La Réunion », espère-t-il. « Les étudiants, qui seront toujours là eux, auront également leur mot à dire concernant ce projet », ajoute-t-il.
Et quant à la délivrance de la déclaration d’utilité publique (DUP) du projet, Gérald Maillot reste « serein », certain que le représentant de l’État « prendra ses responsabilités ».