Thomas F. a 19 ans, il n’a pas de permis, pas de voiture et pour autant, il a pour petit plaisir d’emprunter des véhicules à l’insu de leurs propriétaires. Pas de vol par effraction mais par ruse quand l’occasion se présente.
Ce fut le cas le 19 août à Saint-André. Un homme descend de son véhicule pour parler brièvement à son épouse. Il laisse le moteur tourner et la porte de son véhicule ouverte. Pas de chance pour lui, Thomas F. passe par là et profite de l’occasion qui lui est offerte pour s’enfuir avec la voiture. Le propriétaire dépose plainte et la voiture est repérée un peu plus tard par les policiers avec trois personnes à bord.
Ils se signalent au conducteur qui s’enfuit à vive allure. Ils engagent une course-poursuite afin de le stopper car il prend des risques inconsidérés sur la voie publique. Après être passé à fond sur un dos d’âne, il dépasse un véhicule à une vitesse excessive.
Une autre voiture arrive en face et sans hésiter, Thomas F. se rabat sur le véhicule dépassé, le percute et l’envoie sur le côté pour se faire de la place. Dans sa manoeuvre, le fuyard heurte aussi l’automobile d’en face à l’avant gauche. Le conducteur dangereux se retrouve finalement bloqué par une voiture de la BAC et une voiture de police. Il est interpellé avec ses compères dont un mineur et un jeune majeur. C’est le premier acte.
Il utilise le véhicule pendant plusieurs jours et tente d’utiliser une carte bancaire
Avant ces faits, le prévenu avait sévi sur Sainte-Suzanne en mai dernier alors qu’il était à une soirée. Prétextant se sentir mal, il demande à une copine de lui prêter les clés de sa voiture pour aller se reposer. Vu son état, elle accepte. En plus de se faire abuser et déposséder de son bien, il lui prend les affaires qu’elle avait laissées à l’intérieur dont sa carte bancaire.
Il va utiliser le véhicule pendant plusieurs jours et tenter d’utiliser sa carte bancaire pour mettre de l’essence. Comme le dit le proverbe, où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir ! C’est finalement la mère de Thomas qui entrera en contact avec la victime pour lui rendre sa voiture fortement endommagée – encore un dos d’âne à 80 km/h – et sans ses affaires !
« Elle a porté plainte, donc j’ai pris la voiture et je me suis barré ! », explique t-il avec détermination à la présidente. « C’est un abus de confiance, même quand ce sont vos amis, ça ne vous arrête pas ! », rétorque la magistrate.
Jeune majeur, Thomas F. a deux mentions à son casier prononcées par le tribunal pour enfants et par deux fois il a été incarcéré. Il est donc en récidive. Refusant de parler en début d’audience, il finit par expliquer qu’il est adepte de la chimique – qu’il prend avec de l’ecstasy – et du zamal. Il a arrêté le rhum car ça le rend méchant. « La chimique ça me calme mais l’ecsta ça m’excite », explique-t-il au tribunal. Il reconnaît au final se servir des véhicules uniquement pour aller acheter sa drogue.
« Il n’y a aucune prise de conscience »
Pour financer ses addictions, il aime la mécanique et répare les motos de ses dalons pour se faire une petite monnaie. Maltraité par son beau-père, il a été placé en foyer dès l’âge de 11 ans. Aujourd’hui, il a pour ambition de reprendre l’exploitation de son père qui est agriculteur. « Il n’y a aucune prise de conscience », s’exclame la procureure, « il est totalement irresponsable et met les autres en danger. Il n’a pas de permis mais il circule quand même avec les voitures des autres en plus ! Il conduit sous stupéfiants, sans permis dans des voitures volées. Il ne s’arrête que contraint et forcé. Il a besoin de beaucoup réfléchir », commente le parquet qui demande une peine de 18 mois de prison dont 9 mois avec sursis probatoire, des obligations de soins, de travail et d’indemniser les victimes ainsi que le maintien en détention.
« Il est empreint de colère, c’est vrai. Pas vis-à-vis du tribunal mais de la vie qu’il a », répond la défense. « Il est installé dans un quotidien délictuel, la prison n’est pas la véritable solution pour ces jeunes, sinon cela se saurait ! Et après ? C’est ça la vraie question ! Il faut une peine d’utilité car nous faisons partie de la même société que lui. Il a une passion pour l’agriculture, nous pouvons espérer quelque chose de lui, c’est un défi à relever », plaide l’avocat.
Le tribunal suivra finalement les réquisitions du parquet et prononce le maintien en détention de Thomas F.