Après un an d’enquête et 96 heures de garde à vue, Giovanni B., Mohamed O., Marc F. et Alfredo R. étaient mis en examen en août 2020 pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Pour éviter tous risques de concertation et de réitération, les Bénédictins avaient été placés en détention provisoire.
Les faits qui leur sont reprochés sont dignes d’un scénario de série B puisqu’ils projetaient de détruire la maison d’un particulier à la Plaine-des-Palmistes en la faisant exploser. Sauf que pendant les investigations, les enquêteurs avaient découvert que le TNT (explosif) que les malfaiteurs comptaient employer était… factice.
Tout avait commencé lorsque Mohamed O. (dit Boucané), incarcéré à Domenjod pour une histoire de violences au sabre avait, de sa cellule, contacté les trois autres pour mettre en place leur « projet ». Une lettre aurait également été découverte détaillant une commande d’explosifs.
Qui était visé et pourquoi?
Giovanni B., 41 ans, inquiété pour avoir agressé une auxiliaire de justice à Mayotte en 2016, aurait reçu de l’argent d’un certain Narayanin afin d’exécuter le projet.
Alfredo R., 40 ans, aurait accepté de garder chez lui un objet gênant pensant qu’il s’agissait d’un pistolet. Mais se rendant compte qu’il s’agissait d’explosifs factices, il avait renoncé à les couler dans du béton, son projet initial.
Marc F. aurait payé le billet d’avion de Boucané pour qu’il vienne à la Réunion avant d’être incarcéré contre du tabac chimique. Le trentenaire serait également impliqué dans l’agression de l’avocate sur l’île aux parfums.
« C’est bien parce que les protagonistes de cette affaire d’agression se connaissent que mon client a été mis en examen et placé en détention. Alors que là, il n’est absolument pas impliqué », a argumenté Me Marius Rakotonirina, plaidant ce matin pour la remise en liberté de son client et un placement sous contrôle judiciaire.
L’instruction du dossier étant en cours et les versions des mis en cause plutôt divergentes, l’avocate générale s’est opposée à cette demande. Les magistrats de la chambre de l’instruction ont suivi son avis.
Marc F. reste en détention provisoire pour la suite de l’information judiciaire. Reste à démêler les liens entre les quatre protagonistes et comprendre qui ils visaient et pourquoi.