Le propos était simple, acheter un zébu malgache, à distance, avec certificat de propriété à l’appui et la possibilité, à chaque instant, d’aller rendre visite à son bèf. La bestiole était élevée avec tout le soin désiré et, à l’âge d’être sacrifiée, le bénéfice était partagé entre propriétaire et l’éleveur. J’aimerais savoir ce qu’il est advenu de cette action, humaniste s’il en fût.
Le sujet de ce roman, qui s’appuie sur une documentation des plus complètes, est simple : comment peut-on disparaître dans une si petite île ?
Des cas récents sont pourtant là pour dissuader les sceptiques. Il y a eu cette dame métropolitaine, il y a peu de temps ; et encore Mathieu Caizergues ; ou les parachutistes jamais retrouvés malgré l’intensité des recherches. Plus loin dans le temps, on se souvient du cas Sophie Grondin, jeune institutrice habitant seule au bas du chemin de Plaine-des-Grègues. Le dimanche suivant, elle devait servir d’assesseur aux municipales ; elle disparut le samedi juste avant, sans laisser la moindre trace. Plus avant encore, il y eut le cas de cet homme de La Rivière, René Plumety, vendeur de poulets, dont on n’a jamais su où il avait pu passer. Même parmi les 500 premiers habitants de Bourbon on eut déjà à déplorer des disparitions mystérieuses.
Il fallait bien l’esprit curieux de l’ami Gérard pour soulever de tels lièvres !
On ne va pas déflorer le sujet : vous méritez largement de parcourir ces pages palpitantes. Le seul reproche qu’on peut (peut-être) faire, est que ce roman n’est pas volumineux ; c’est un parti pris qui en vaut bien d’autres et se lit d’une traite. Et avec quels délices, les enfants !!!!!
Il y va très fort, le Perrier : des gens disparaissent dans Mafate, évanouis, évaporés, pschitt ! souvent des personnes connaissant les lieux mieux que quiconque. Un jeune journaliste zoreil trouve la chose palpitante et s’en va-t-en chasse. Ce qu’il va découvrir est tellement énorme que même après la clé du mystère, il ose à peine y croire : c’est impossible, impensable.
Perrier investit les arcanes de notre Histoire avec une Culture brossée au papier de verre et ça nous plaît. Et…
Et je en vous en dirai pas plus. Moi, j’ai dévoré ce bouquin en trois heures. Et vous ?
J.B.
« L’ombre des Invisibles »
Gérard Perrier, éditions Maïa
En librairie