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Les hommages se multiplient après le décès de Marguerite Jauzelon

Figure de la résistance, Marguerite Jauzelon s'est éteinte ce vendredi à l'âge de 105 ans. Enseignante durant de nombreuses années, la Saint-Andréenne de naissance avait notamment rejoint les troupes de la France libre avec une cinquantaine d'autres Réunionnaises. Pour ses actes de bravoure mais aussi d'engagement, elle recevra en 2002 le titre de Chevalier de la Légion d'honneur. La trace qu'elle a laissée auprès des Réunionnais a été saluée par de nombreux élus, dont les hommages sont publiés ci-dessous :

Ecrit par La-rédaction – le vendredi 10 février 2023 à 11H55

La résistance réunionnaise Marguerite Jauzelon s’est éteinte à l’âge de 105 ans

Huguette Bello, présidente de la Région Réunion :

Au nom du Conseil régional et en mon nom propre, j’adresse mes condoléances attristées, ma sympathie et mon soutien affectueux à toute la famille de Marguerite Jauzelon, à sa fille Jeanine Deleflie, à ses petits-enfants et tous ses proches.

Marguerite Jauzelon qui vient de nous quitter dans sa 106ème année est une grande Réunionnaise au parcours exceptionnel dont La Réunion s’enorgueillit !

Ce parcours l’a menée de Saint-André et plus précisément du quartier de Ravine Creuse où elle est née le 25/07/1917, vers des contrées les plus lointaines de son île de naissance.  Il faut le dire la petite Marguerite qui a été scolarisée chez les religieuses de Saint-Joseph de Cluny était d’une trempe exceptionnelle, d’une détermination certainement sans pareil au vu de l’itinéraire de vie qu’elle a eu.

Très chère regrettée Marguerite, Très chère sœur aînée des Réunionnaises et Réunionnais, vous avez poursuivi votre scolarité à l’école Joinville puis à l’école normale et vous êtes devenue institutrice alors que vous rêviez d’être aviatrice ou militaire, vous avez enseigné à la Chaloupe Saint-Leu, à Sainte-Rose et puis enfin à Saint-André, et contribué de façon exemplaire à la formation intellectuelle et la droiture morale de vos élèves !

Quel sens aigu du devoir vous a conduite à rejoindre l’armée française de libération basée en Afrique du Nord avec 51 femmes volontaires de notre île !

« De l’audace, en toute occasion de l’audace ». Cette citation colle comme un gant à votre vie ! Quelle audace il a fallu pour se lancer dans une pareille aventure, d’abord à Madagascar où vous êtes affectée comme secrétaire alors que vous voulez absolument aller sur le front comme ambulancière et vous prouvez alors à votre capitaine que vous savez conduire, d’ailleurs on me dit que vous avez appris à conduire alors que vous n’aviez que 14 ans et cela à l’insu de vos parents, vous étiez donc non seulement audacieuse mais aussi intrépide et ne m’en voulez pas si je dis « un peu désobéissante ».

Et tenace et endurante ! vous l’êtes car vous avez effectué la formation extrêmement difficile d’ambulancière. Vous avez pris des cours de conduite de poids lourds de dépannage, de topographie, de maniement des armes, de marche forcée mais aussi de secourisme. Vous avez fait des stages en hôpital pour enfin prendre le départ vers Alger que vous atteignez  après 52 jours de voyage et de longues escales à Diego Suarez puis Djibouti… votre bateau a même croisé un bateau japonais ennemi.

Votre vie est un roman d’aventures, de prouesses héroïques ! parsemé d’évènements historiques :
Vous avez ainsi défilé avec fierté devant le général de Gaulle un 14 juillet 1944.

C’est à Oran que vous êtes affectée au 431ème bataillon médical colonial dans la 3ème compagnie de ramassage et vous y êtes avec 24 ambulancières réunionnaises et malgaches et c’est là qu’on remet entre vos mains un nouveau paquetage américain et on vous attribue une ambulance de marque Dodge et vous devenez chef de voiture et votre équipière est une Malgache, Fauchette Duchesne. Votre véhicule vous le baptisez du nom d’hirondelle et l’aventure reprend le 29/7/1944. Vous partez pour Ajaccio à bord du Sidi Brahim.

À ce moment-là, a lieu le débarquement de Provence. Il s’agit de créer un nouveau front afin de détruire l’armée allemande dans le sud-est de la France. Vous débarquez le 21 août à Cavalaire puis vous prenez la direction de Toulon où ont lieu des combats pour la libération de la ville et votre première mission sur le front est d’évacuer les blessés allemands du fort Sainte-Marguerite.

La jeune femme que vous êtes entreprend alors un périple long et dangereux avec la remontée de la vallée du Rhône, la bataille d’Autun, la bataille des Vosges, la bataille de Colmar et au moment de la capitulation, c’est-à-dire en mai 1945, vous voilà près de Tübingen en Allemagne et votre démobilisation n’aura lieu qu’en novembre 1945.

Vous revenez en 1946 à La Réunion et vous redevenez institutrice à Saint-André…héroïne anonyme dans votre pays…soldate inconnue dans votre propre île que vous avez sauvée du joug nazi !
Mais vous le savez, les lendemains de guerre oublient les femmes… c’est ainsi qu’à la fin de la guerre, en France, 6 femmes seulement ont reçu la croix de la Libération sur 1059 attributions.

Vous avez participé avec vaillance à la lutte contre l’impérialisme du régime nazi. Vous avez fait partie de ces nombreuses volontaires Réunionnaises qui se sont engagées et ont constitué cette « armée en jupon », dans l’administration, l’intendance, la communication, le transport, la défense anti-aérienne… Cette « armée de petites mains, de doigts de fées », s’est révélée d’une grande utilité comme infirmières, sténodactylos, couturières-raccommodeuses, radiotélégraphistes, assistantes sociales…
Pourtant, il a fallu attendre 56 ans pour que votre passé héroïque soit enfin reconnu. En effet, c’est seulement en 2002 que vous recevez le titre de Chevalier de la Légion d’honneur et c’est un ami à vous, un camarade, un résistant réunionnais Jean Joly qui vous remet ce titre.

La Réunionnaise que vous êtes n’a cessé de témoigner auprès des élèves et des jeunes Réunionnais dans les établissements scolaires à titre de mémoire et vous avez toujours insisté sur les valeurs de courage, d’humanité et de fraternité. Lorsque vous devenez centenaire on vous rend un hommage officiel en 2017.
En ce triste jour de deuil, je tiens à vous dire toute la reconnaissance, l’admiration, le respect que La Réunion vous porte.

Soyez assurée de ma plus haute estime et si vous le permettez de mon affection pour la femme remarquable et l’exemple que vous êtes pour La Réunion. La Région Réunion donnera votre nom à un lycée de La Réunion.

 

Jean-Hugues Ratenon, député de la 5e circonscription :

C’est avec tristesse que j’apprends la mort de Madame Marguerite Jauzelon à l’âge de 106 ans. Née à Ravine Creuse, elle grandit à Saint-André et fera des études pour devenir institutrice.

En 1943 : habitée par un patriotisme exemplaire, elle s’engage dans l’armée française de libération lors de la seconde guerre mondiale. Elle deviendra ambulancière avec 24 autres femmes réunionnaises et malgaches et se rendront sur différents fronts pour évacuer des blessés.

Elle rentrera à la Réunion en 1946 où elle reprend son travail d’institutrice. Ce n’est qu’en 2002 que son héroïsme est reconnu : elle est reçoit le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur.

Malgré les conditions de vie difficiles à la Réunion, malgré la société patriarcale, voila 24 femmes qui décident de prendre le chemin de la résistance.

J’ai eu l’occasion de connaitre son histoire grâce aux anciens combattants qui avaient organisé une exposition sur le champ de foire de Bras Panon lors de la venue dans notre ile de la flamme du soldat inconnu.

Je m’incline avec grand respect devant cette résistante qui doit être un exemple pour nous tous.

Voila un exemple du patriotisme Réunionnais pour le drapeau français trop souvent oublié par l’Etat Français.

Mes sincères condoléances à la famille et à ses proches.
 

Cyrille Melchior, président du conseil départemental :

C’est avec une profonde tristesse que j’apprends la disparition de Marguerite Jauzelon, ancienne institutrice et ambulancière volontaire pendant la Seconde Guerre Mondiale, à l’âge de 106 ans.

 

Marguerite Jauzelon fait partie de ces Réunionnaises qui se sont engagées très tôt pour combattre le nazisme qui frappait avec horreur l’Europe et dont les tentacules s’étendaient sur le monde entier.

 

Avec bravoure et détermination, elle aura suivi son cœur meurtri par tant de haine, pour se former au métier d’ambulancier et apporter sa contribution audacieuse à l’effort de guerre. Partout où elle fut mobilisée, Marguerite Jauzelon a fait preuve d’une force et d’un courage exemplaires.

 

Après la guerre, Marguerite Jauzelon a repris sa carrière d’institutrice à La Réunion, tout en s’attachant à rappeler inlassablement son engagement et son combat contre la haine et l’intolérance.

 

Je veux saluer la mémoire d’une Réunionnaise qui, dès les premiers tirs d’artilleries, s’est levée pour défendre ses valeurs, sa Nation, et son île. Marguerite Jauzelon fut une inlassable militante de la paix, de l’amour et de la tolérance. Ses paroles sont un patrimoine vivant et vivace, entré aujourd’hui dans l’éternité, nous rappelant les horreurs et les erreurs de notre passé que nous ne devons pas reproduire.

 

A sa famille et à ses proches, j’adresse en mon nom personnel et au nom de l’ensemble des Conseillers départementaux, nos plus sincères condoléances.

Philippe Naillet,  député de La Réunion :

Une grande Réunionnaise a tiré sa révérence. La résistante Marguerite Jauzelon s’est éteinte à l’âge de 105 ans.  Engagée pour rejoindre la France libre à la fin 1943, elle y a été ambulancière tout en étant formée au maniement des armes, à la conduite de gros engins et à leur dépannage.  De retour dans son île en 1946 où elle a longtemps enseigné à Saint-André, elle aura été décorée de la légion d’honneur en 2002. Elle aura également sensibilisé des élèves dans les divers établissements de l’île aux affres de la guerre et à l’importance de se battre pour la liberté et la fraternité. C’est un modèle de courage qui nous a quitté.
J’adresse mes sincères condoléances à ses proches, son idéal continuera à nous inspirer.

Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis :

Née en 1917, Marguerite Jauzelon était une personnalité réunionnaise emblématique de la résistance lors de la Seconde guerre mondiale. En novembre 1943, elle rejoint une cinquantaine de jeunes Réunionnaises destinées à l’Armée de Libération. Avec vous, c’est un bout de notre histoire qui s’en va, votre combativité et votre détermination font de nous des femmes inspirées par votre parcours d’exception. Cette année, il n’y a pas si longtemps, le 24 janvier 2023, nous avons acté que le lycée  de Bellepierre porterait ton nom : Le Lycée Marguerite Jauzelon, en hommage à cette grande dame. 105 ans,  l’âge est à l’image de ton opiniâtreté, à l’image d’une femme d’exception.

Jérôme Filippini, préfet de La Réunion :

Le préfet salue la mémoire de Marguerite Jauzelon

Officier de l’ordre national de la Légion d’honneur, Marguerite Jauzelon, institutrice et haute figure de la résistance, est décédée hier à l’âge de 105 ans.

Jérôme Filippini, préfet de La Réunion, adresse ses plus sincères condoléances à la famille, aux proches et amis de Marguerite Jauzelon.

Engagée en tant qu’ambulancière dès 1943, elle partit de La Réunion pour participer activement aux opérations de débarquement et de libération de la France.

Son quotidien, de jour comme de nuit est alors de charger des blessés, amis ou ennemis, les soigner, les réconforter, effectuer d’incessants allers-retours jusqu’aux hôpitaux des régions traversées, souvent dans des conditions très difficiles.

De retour sur l’île en 1947, Marguerite Jauzelon a contribué à la promotion du devoir de mémoire auprès de ses élèves et en témoignant dans de nombreux établissements scolaires. Elle a participé également à la rédaction d’un ouvrage publié en 2009, De La Réunion à l’Allemagne : le périple d’une ambulancière et d’un résistant.

Le préfet de La Réunion a eu l’honneur d’accueillir Marguerite Jauzelon à l’occasion de ses 100 ans, cérémonie durant laquelle elle a délivré un message de paix et d’espoir, qui doit encore résonner au sein de notre société.

Joé Bédier, maire de Saint-André :

J’ai appris ce vendredi 10 février le décès de Mme Marguerite Jauzelon à l’âge de 105 ans, figure réunionnaise emblématique de la résistance lors de la Seconde Guerre Mondiale. Mes premières pensées vont bien sûr à sa famille et à tous ses proches.

Mme Marguerite Jauzelon est une Saint-Andréenne née dans le quartier de Ravine-Creuse et elle a exercé en tant qu’Institutrice pour les enfants de notre territoire. Son parcours est exemplaire et synonyme de respect et d’admiration. En 1943, elle fait partie des femmes qui intègrent l’Armée de la Libération et elle participera donc à l’effort de guerre en tant qu’ambulancière. Ce n’est qu’en 1946 qu’elle rejoindra à nouveau La Réunion en ayant toujours cette volonté ferme d’aider et d’accompagner les autres.

Sa combativité et sa vie personnelle sont exceptionnelles. En 2022, son engagement et sa bravoure sont reconnus et elle reçoit le titre de Chevalier de la Légion d’honneur de la part de Jean Joly, résistant d’origine réunionnaise.

Je tiens en tant que Maire et au nom du Conseil Municipal de Saint-André, à adresser mes sincères condoléances à la famille de cette femme Saint- Andréenne emblématique. Il est de notre devoir de rendre hommage aux personnes qui ont œuvré pour notre territoire et qui sont des symboles de combat pour la liberté.

La commémoration des personnes engagées et originaires de notre territoire est obligatoire. Je ne manquerai pas de lui rendre hommage à travers une dénomination afin que son nom et son histoire soient ancrés et connus de tous.

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