Un pavé dans la mare dans l’ambiance habituellement feutrée du TO, voilà comment on pourrait qualifier l’effet qu’a fait le rapport publié début février par la Chambre régionale des Comptes. Des véhicules de service et de fonction en grand nombre, des rémunérations de cadres inexplicables ou encore de nombreuses tensions entre la direction et les représentants du personnel, les magistrats n’y vont pas de main morte.
La gestion de la régie durant la période 2020/2023 est ainsi fortement épinglé, au point que le président du TO, Emmanuel Séraphin, n’a pas hésité à parler de “faits très graves”. La Chambre régionale des Comptes évoque “ des dépenses excessives relatives au personnel, sans compter les importants dysfonctionnements internes, notamment sur les procédures de recettes et de dépenses, et un climat social très dégradé depuis longtemps”. Ainsi, la collectivité annonce sa volonté de porter plainte pour concussion, entrave et favoritisme. “Nous suivons ce dossier depuis 2020, et en lien avec la Créole, des poursuites seront engagées par le TO”, assure le président Séraphin, pour tenter d’éteindre l’incendie. Les mesures proposées par la Chambre régionale des Comptes seront très bientôt mises en place, promet la collectivité, la main sur le cœur.
Un autre rapport sur la Saphir a également été présenté aux élus. Là encore, les magistrats sont assez mitigés devant la gestion de la société d’économie mixte. La Chambre régionale des Comptes souligne une gouvernance “à améliorer”, avec une “masse salariale en hausse”. Là encore, les rémunérations de la direction générale sont jugées “très importante”. Cependant, le bilan est quand même plus positif que pour La Créole. Ainsi, la trésorière est en hausse sur la période, même si la Saphir serait un “opérateur en retrait”.
La “bonne santé financière” du TO
Avec un budget de fonctionnement estimé à 158,3 millions d’euros, le TO a vu ces charges augmenter de près de 6,6% en 2023. Les investissements devraient atteindre les 40 millions d’euros pour 2024. Un fonds de concours de 10 millions d’euros sera mis en place pour aider les communes dans leurs investissements “pour relancer la commande publique”, insiste Emmanuel Séraphin. L’eau et le réseau d’assainissement reste une priorité pour la collectivité “avec 45 millions d’euros déjà investis et 95 millions débloqués pour la période 2024/2027”, poursuit le président du TO.
Ces lourds investissements ne mettent pour autant pas les comptes dans le rouge, assurent les élus. Grâce à “des recettes dynamiques, les indicateurs sont au vert. La revalorisation de la base locative cadastrale, comme prévu dans la nouvelle loi de finance, nous assure près de 330 millions d’euros d’investissements jusqu’en 2027”, indique Emmanuel Séraphin. Le président du TO fait ainsi référence au récent PPI (plan pluriannuel d’investissement) qui permet à l’intercommunalité de dégager près de 71 millions d’euros rien que pour 2024.
Une motion pour “la mobilisation de tous les acteurs pour résoudre la crise du logement”
Devant la demande croissante de logement dans l’île, les élus du TO ont souhaité interpeller l’État et les autres acteurs du secteur afin d’appeler à “la mobilisation pour résoudre cette crise”. C’est Huguette Bello qui s’est chargée de remettre les pendules à l’heure. La présidente de Région, et première vice-présidente du TO en charge du logement, n’a pas pu s’empêcher d’attaquer la décision de l’État de baisser la Ligne Budgétaire Unique (LBU) de 11 à 5 millions d’euros. “Je n’ai jamais vu cela. Les gens nous interpellent pour avoir un toit. Ce matin, une dame m’a expliqué qu’elle vivait avec huit personnes dans un T3”, s’agace Huguette Bello. “Le Territoire de l’Ouest demande à l’État et au Conseil Régional de La Réunion une mobilisation du Fonds Régional d’Aménagement Foncier et Urbain (FRAFU) pour favoriser l’émergence d’opérations destinées à aménager les terrains et leurs réseaux en vue de la construction de logements, en lien avec une politique foncière repensée”, demande l’élue.
En parallèle de cette interpellation des services de l’État, le TO s’engage à construire un centre d’hébergement d’une quarantaine de places pour tenter de répondre à des demandes de mise à l’abri via le 115.