Lui assure qu’ils partageaient une relation intime, elle nie et assure que les liens n’étaient qu’amicaux. Armand* a connu Josette* il y a deux ans alors qu’il a perdu sa femme 6 mois auparavant. Josette est aide-ménagère chez la soeur de l’homme de 71 ans au moment des faits. Josette vient régulièrement chez Armand à Saint-Pierre dans le quartier de Basse Terre pour y laisser des affaires ou encore de la nourriture dans le congélateur, n’ayant pas encore son propre logement.
Le 3 septembre 2019, elle vient prendre le café vers 6 heures du matin mais Armand se montre jaloux, la questionnant sur ses activités du week-end et sur ce qui la lie à un autre de ses amis. Josette part donc et revient en fin de matinée pour récupérer un sachet de bichiques qu’elle a laissé dans le congélateur.
Alors qu’elle ouvre la porte du congélateur, Josette fait tomber l’homme de 71 ans, ancien peintre dans le bâtiment. Davantage blessé dans son orgueil, Armand va laisser éclater sa colère et s’emparer d’un bidon d’essence posé sur le buffet.
Alors qu’elle tente de fuir dans le jardin, Josette est aspergée d’essence et en a même ingurgité. Cachée derrière un bananier, bloquée dans la cour, elle n’a d’autre choix que de feindre un malaise pour à nouveau fuir. Armand essaye, lui, de craquer une allumette.
« En face d’une vision de la mort »
En repassant dans la cuisine, elle glisse dans l’essence, tombe mais réussi à gagner la rue. Armand, toujours à ses trousses, n’abandonne pas son funeste dessein, la poursuit quand elle fait plusieurs fois le tour d’une voiture mais aussi quand elle court vers un restaurant chercher de l’aide.
Un client viendra à son secours en empêchant Armand de craquer une nouvelle allumette. C’est seulement en voyant ses filles, alertées par un coup de fil inquiétant de leur père plus tôt, que le septuagénaire décide de rentrer chez lui. Mais l’homme n’est pas calmé pour autant, il ressort pour mettre le feu à la voiture de Josette et pour tenter de se suicider en avalant du liquide ménager.
Ce jour-là, la victime a été mise « en face d’une vision de la mort », souligne la bâtonnière Séverine Ferrante, avocate de la victime. Une « scène improbable parce qu’on est chez un ami ». 15 jours d’ITT ont été délivrés à la victime mais les plaies du traumatisme sont encore vives d’autant que les remords n’ont pas été exprimés à la barre du tribunal correctionnel ce jeudi, souligne également la procureur Caroline Calbo. « A force de s’apitoyer sur son sort, il est incapable de se repentir », tance la partie civile.
Pour la défense, une « situation ambiguë »
Jouant la carte de « l’ultraféminisation de l’audience » face à son client à l’entame de sa plaidoirie, Me Georges André Hoarau poursuit en réfutant l’intention de craquer cette allumette qui aurait pu renvoyer Armand devant les Assises. « S’il voulait la flamber, il avait moult occasions », a fini par piquer la robe noire déterminée à faire valoir une « situation ambiguë » que le prévenu « a mal interprété ».
Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du procureur en condamnant Armand à 4 ans de prison dont 2 ans avec sursis probatoire. La partie ferme pourra être aménagée sous bracelet électronique, le septuagénaire ayant également déjà purgé 7 mois en prison.
La peine a également été assortie d’une interdiction de paraitre au domicile de la victime et d’entrer en contact avec elle. Dans l’obligation de réparer les dommages causés, Armand devra aussi verser une provision de 5000 euros à son ancienne amie en attendant l’audience sur intérêts civils.
*prénoms d’emprunt