Il ne faut pas longtemps pour trouver qui est à l’origine du problème : sa belle-sœur Josiane*. Son compagnon et elle ont la tutelle de Louis depuis 2017, lorsque Louis a été retrouvé divaguant dans le lit de la rivière Saint-Étienne. Pendant près de trois ans, ils vont gérer ses finances tout en renflouant les leurs.
Cependant, le mari de Josiane est incarcéré depuis le mois de février 2020 pour violences conjugales. Il décède trois mois plus tard. Sa veuve garde la carte bancaire de Louis et va même retirer 1500 euros, lorsqu’elle apprend qu’elle doit déménager. Entre-temps, Louis est délaissé et n’est nourri qu’une fois par jour. L’entreprise chargée du portage de ses repas n’est pas payée.
À la barre du tribunal, Josiane avoue à demi-mot s’être servi de l’argent de son beau-frère. Elle explique qu’il s’agissait d’une idée de son défunt compagnon.
Le bâtonnier Eric Bodo, mandaté par l’Union départementale des associations familiales pour défendre la victime, va dénoncer le manque d’empathie de la prévenue. « Elle a abandonné un vieux monsieur à son sort. Elle se fichait de lui du moment qu’elle profitait de sa carte bancaire. Ce n’est pas qu’une question d’argent, car il y avait une personne en danger », souligne-t-il avant de demander 15.000 euros au nom du préjudice matériel et 1000 euros au nom du préjudice moral.
Un avis partagé par la procureure. « Le seul débat ici se porte sur les chiffres, pas sur l’abus de faiblesse. C’est le rôle de la société de protéger les personnes vulnérables des abus. Le pire, c’est de savoir que durant le confinement, alors qu’il ne pouvait pas sortir demander de l’aide, il était affamé chez lui », dénonce-t-elle avant de requérir 12 mois de prison avec sursis et le remboursement des sommes.
Me Ghislain Chung To Sang va rappeler à tous que sa cliente est jugée pour abus de faiblesse et non pour maltraitance. De plus, il souligne que seule sa cliente va devoir assumer l’initiative de son ex-compagnon. Il met en lumière également que les sommes retirées n’ont pas nécessairement été détournées, puisque la victime a malgré tout bénéficié d’aide. Enfin, il assure que sa cliente est prête à rembourser.
Le tribunal va la reconnaître coupable et la condamner à 6 mois de prison avec sursis. Elle doit rembourser la somme de 10.000 euros au titre du préjudice matériel et doit payer 1000 euros supplémentaires pour le préjudice moral.
*Prénoms d’emprunt