Le mois dernier, au plus fort du débat sur le déplacement de la statue, Laproptaz nout péi avait déjà évoqué son souhait de poursuivre son action de « conscientisation » au-delà du succès que représentait le déboulonnage de la statue.
En août 2021, le collectif avait entrepris de sensibiliser les 24 maires sur l’intérêt de donner plus de place aux figures ignorées, ou du moins peu mises en valeur, de la période de l’esclavage. Vu que de nombreux maires sont restés silencieux après le courrier qui a été adressé à chacun d’eux, le collectif compte de nouveau marquer les esprits « dans les villes où les mairies ne nous ont pas répondu », nous explique Mathieu Laude, membre du collectif.
Ainsi, plusieurs noms de rue vont subir un « laproptaz », un terme qu’il traduit comme une « réappropriation de l’espace public » plutôt que par le mot « nettoyage ». Pour en comprendre le sens, le terme était utilisé par les anciens comme le fait de passer le balai devant sa porte. « Laproptaz c’est reconquérir, se réapproprier et mettre en lumière l’histoire globale, nos espaces et lieux de mémoire« , précise-t-il sa pensée.
Ainsi, les « rue Colbert », « rue de la Compagnie des Indes », « rue Jacob Blanquet de la Haye » et bien d’autres devraient être revisitées dans les semaines à venir, à la manière du panneau Labourdonnais toujours en place en centre-ville plus d’un an après son installation.
« De l’habillage, pas de la dégradation »
Les militants du collectif avaient remplacé le panneau de l’ancien gouverneur général des Mascareignes, de l’île de France et de Bourbon par l’inscription « Somin Elie » (chemin Elie) du nom de cet esclave révolté qui avait mené la fronde des esclaves en novembre 1811 à Saint-Leu. « On avait fait un panneau aux couleurs de Laproptaz et avions mis un petit texte de présentation de la personne pour expliquer qui elle était », précise le membre de Laproptaz nout péi. « C’est de l’habillage, pas de la dégradation car nos panneaux s’enlèvent facilement », conclut-il.
En rebaptisant ainsi les noms de certaines rues, le collectif poursuit son idée de donner de la visibilité à ceux qui ont marqué la période de l’esclavage par leur lutte notamment.
Ces actions vont dans le sens du courrier que le collectif avait adressé à chacun des maires en août 2021 et où il présentait la nécessité de réserver, dans l’espace public, plus de place aux « esclavisés ».
Pour l’anecdote, plusieurs autres villes ont une rue dénommée François Mahé de Labourdonnais à La Réunion. Citons Bras Panon, Saint-Benoît, Le Port ou encore Saint-Philippe. Et il y en a tout autant à l’île Maurice, à commencer par la capitale Port Louis mais aussi à Mahébourg, à Mapou ou dans la ville de Quatre Bornes.