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Assises : Poussé à bout, le violeur en série traite le bâtonnier de « PD, enculé »

L'homme jugé pour multiples viols sur de fillettes et femmes dans le sud de l'île est jugé en appel devant la cour d'Assises. Sa culpabilité n'est pas remise en cause mais sa peine pourrait être modifiée.

Ecrit par SH – le mardi 13 avril 2021 à 08H05

Lahadji Mouridi est coupable de viols, agressions sexuelles et photographies de parties intimes sur une quinzaine de victimes, même des enfants. En 10 ans, ce prédateur passait la majorité de son temps à chercher, suivre, photographier, toucher et dans le pire des cas, violer, des filles et femmes dans le sud de l’île. Ce footballeur connu dans plusieurs clubs dédiait ses journées et nuits au repérage, avant de passer à l’acte. Il s’agissait parfois des filles de ses compagnes, de leurs cousines, voisines, ou encore de parfaites inconnues qu’il croisait dans le club de rugby de Saint-Pierre, en soirée ou dans la rue. Lorsque les circonstances le permettaient, ça finissait la culotte baissée suivie d’attouchements ou de viols. Tout était filmé ou photographié et scrupuleusement enregistré sur un disque dur externe. Plus de 54.000 fichiers de sexes féminins, corps nus, et actes sexuels. Parfois ses mains figuraient, parfois son visage. En tout, la police a compté 65 infractions et 25 victimes ; certaines n’ayant pas pu être identifiées. 
 
Condamné à 17 ans de réclusion criminelle en 2019 par la cour d’Assises, Lahadji Mouridi se trouve à nouveau dans la même salle d’audience, le Parquet ayant fait appel de la peine. Chose bien plus rare que les appels d’accusés. 
 
Il la suivait et l’observait depuis de longs moins
 
Rebelote pour les victimes. Un moment difficile à passer alors qu’elles tentent de se reconstruire. Le récit particulièrement terrifiant d’une des victimes a dû à nouveau être entendu. Il s’agit de celui de la femme violée en 2016 chez elle à Terre-Sainte, dont la plainte a permis, enfin, de mettre fin aux actes de cet odieux personnage. C’est elle qui, une nuit, a vu un homme entrer dans son domicile, armé d’un couteau. Forcée de se mettre nue, dans les positions qu’il souhaitait et de « gémir » alors qu’il prenait des photos. Un premier viol dans le salon puis un deuxième dans la salle de bain. La femme raconte le moindre détail, la voix tremblante, devant les magistrats, les membres du jury et l’avocat général. Des scènes sorties d’un film d’horreur. Tout cela en la menaçant : « Il faisait des allers-retours entre le salon et la porte d’entrée et faisait semblant de parler à quelqu’un. Il disait que ses copains attendaient dehors et que si je n’obéissais pas, ce serait au tour de ses amis. J’avais supplié qu’il ne laisse entrer personne ». Elle poursuit : « Et il me disait qu’il connaissait tout de ma vie. Que mes parents étaient venus en vacances me voir, mes grands-parents, une amie et son enfant… Il a même rendu mon portefeuille, qu’il avait volé, à mon père qui lui a donné 50 euros en récompense ». Le plus difficile, dit-elle, est le sentiment de culpabilité : « Parfois mes habits disparaissaient par exemple, pourquoi je n’ai rien remarqué ? ». 
 
Aujourd’hui, elle tente de s’en remettre. « Le procès a permis d’enlever un certain poids même si 17 ans, c’est pas cher payé pour ce qu’il a fait, avoue-t-elle. Mais c’est toujours là, je vis dans la peur. C’est bête mais par exemple, je ne porte pas d’écouteurs dans la rue pour pouvoir entendre ce qu’il se passe derrière moi ». Selon le psychologue, elle se serait même laissée grossir, afin de se protéger des regards des hommes. « On a toujours peur de recroiser un fou ». 
 
Lahadji Mouridi, quant à lui, ne reconnaît « que la moitié des faits », mais ne précise pas lesquels. « J’assume ce que j’ai fait mais pas ce que j’ai pas fait. Si elle dit que c’était un viol, ben c ‘était un viol ». Difficile de ne pas lui souhaiter, au moins, la peine maximale (20 ans). Mais le bâtonnier Georges-André Hoarau, avocat d’une des victimes, a dû soulager certaines frustrations dans la salle à sa façon bien particulière, le président d’audience n’ayant pas eu le temps d’empêcher sa question :
« Et si mon téléphone contenait une photo du vagin de (prénom et nom d’une femme) ? Ça vous ferait quoi ? 
– Mettez pas ma mère là-dedans, elle est morte. 
– Et votre sœur ? »,
parvient à ajouter le bâtonnier avant que le président ne tente de calmer le jeu
– « PD, enculé ! » 

Remonté, l’accusé perd son calme. Face au président qui lui demande de réitérer ses propos, il n’ose pas. « Pour quelqu’un qui assume, vous faites vite marche arrière ». 
 
Qu’il assume ou non, là n’est pas la question. Ce procès ne sert en effet pas à mettre en doute sa culpabilité mais à remettre une peine qui pourrait différer de la première. Une période de sûreté (peine durant laquelle le condamné ne peut bénéficier d’aucun aménagement de peine) n’ayant pas été ordonnée, c’est peut-être sur ce point là que ça va se jouer. 

 

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