Revenir à la rubrique : Blog de Pierrot

Patrick Lebreton quitte le groupe socialiste à l’Assemblée nationale

Patrick Lebreton a envoyé ce soir une Tribune libre à la presse pour annoncer son intention de quitter le groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Le député-maire de Saint-Joseph a très mal vécu l’épisode du recours à l’article 49-3 par Manuel Valls pour faire passer en force son projet de loi sur le Travail. « Un texte, […]

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 11 mai 2016 à 22H04

Patrick Lebreton a envoyé ce soir une Tribune libre à la presse pour annoncer son intention de quitter le groupe socialiste à l’Assemblée nationale.

Le député-maire de Saint-Joseph a très mal vécu l’épisode du recours à l’article 49-3 par Manuel Valls pour faire passer en force son projet de loi sur le Travail. « Un texte, selon Patrick Lebreton, légitimement rejeté par la rue, par de nombreux socialistes, par une grande partie de la gauche ».

Le maire de Saint-Joseph n’en franchira pas le Rubicon pour autant. Pas question pour lui de voter la motion de censure déposée par la Droite et le Centre mais, très clairement, un pas décisif est effectué.

Pour le moment, il ne s’agit que d’un départ du groupe des députés socialistes à l’Assemblée nationale, mais la question de savoir s’il restera ou non au Parti socialiste va probablement se poser très vite.

Tout comme celle du positionnement de Jean-Claude Fruteau, très critique également contre François Hollande et Manuel Valls en privé, et celle de Michel Vergoz, les deux autres parlementaires membres du Progrès.

Ce 49-3 risque de laisser des traces bien plus profondes que celui sur la loi Macron… Et à un an de présidentielles que tout le monde s’accorde à voir perdues pour la Gauche, chacun cherche à reprendre ses billes et à la jouer perso, estimant qu’il ne peut de toutes façons pas perdre plus qu’en restant avec François Hollande.

Pierrot Dupuy

Le texte intégral de la Tribune libre de Patrick Lebreton :

 

Pourquoi je quitte le groupe socialiste à l’Assemblée Nationale

 

« Le 49-3 est une brutalité, le 49-3 est un déni de démocratie, le 49-3 est une manière de freiner ou d’empêcher le débat ».

 

Ces mots, clairs et forts, étaient ceux d’un député socialiste, en 2006, face au passage en force du CPE opéré par le gouvernement Villepin. 
 

C’était il y a 10 ans et ce député s’appelait… François Hollande.

 

Aujourd’hui, le gouvernement tue le débat parlementaire pour imposer un texte légitimement rejeté par la rue, par de nombreux socialistes, par une grande partie de la gauche. 
 

Ajoutant l’insulte à l’offense, le premier ministre a choisi de faire cette annonce le 10 mai,  jour-anniversaire de la plus grande victoire socialiste de la Vème République : celle de François Mitterrand à la présidentielle de 81. Cette annonce  se fait également 80 ans après mai 36 et le Front Populaire.

 

C’est donc l’affront populaire et la trahison des valeurs que l’exécutif nous offre en cadeau, pour célébrer ces deux moments de l’histoire dont je nous croyais tous héritiers.

 

Mon engagement officiel au sein du PS ne date pas d’hier… mais d’il y a 34 ans.

 

J’avais créé, en 1982, la section du Mouvement des Jeunes Socialistes de Saint-Joseph. Je n’ai donc pas besoin de rappeler mon attachement aux valeurs qui avaient jusqu’à présent été portées par le parti socialiste : celles de l’égalité des chances et du progrès social. Ce sont ces valeurs qui ont permis les 39h, puis les 35h, la 5ème semaine des congés payés, la retraite à 60 ans, le RMI ou encore le 20 décembre férié, chômé et payé.

 

Que deviennent ces valeurs, au moment où l’on nous impose brutalement cette loi El Khomri ?  Ce texte destructure le droit et les acquis sociaux, et ce au prétexte d’une modernité qui nous fait davantage reculer qu’avancer. Cette loi El Khomri, évidemment, ne figurait pas dans le programme présidentiel de François Hollande en 2012, celui plébiscité par plus de 75 % d’électeurs à la Réunion.

 

Je n’ai pas fait campagne pour voir reculer le droit des travailleurs et l’emploi des Réunionnais.

 

Je n’ai pas fait campagne pour voter la facilitation des licenciements économiques,

 

Je n’ai pas fait campagne pour faire prévaloir des accords d’entreprise sur les protections prévues par la loi,

 

Je n’ai pas fait campagne pour que le taux de rémunération des heures supplémentaires effectuées par les travailleurs soient minorées,

 

Je n’ai pas fait campagne pour que les conseils des Prud’hommes ne deviennent de simples instances de validation des décisions patronales,

 

Je n’ai pas fait campagne pour que les CDD, qui sont une porte d’entrée sur le marché du travail, soient surtaxés au risque d’asphyxier les petites entreprises et exclure encore davantage les travailleurs du monde de l’emploi,

 

Je n’ai pas fait campagne, enfin, pour brader l’héritage de François Mitterrand, pour renier le Conseil National de la Résistance ou pour trahir Léon Blum et le Front Populaire qui sont les piliers de Notre Idéologie Socialiste.

 

Pour toutes ces raisons,  je ne peux suivre le gouvernement. J’ai été loyal tant que cela était possible. Cela ne l’est plus dès lors que l’exécutif choisit d’être déloyal envers ses électeurs.

 

J’ai choisi de ne pas voter la motion de censure déposée par la droite, qui en appelle à un texte encore plus anti-social qu’il ne l’est.
 

Mais au regard de mes exigences politiques et morales, je ne cautionnerai pas les dérives de ce gouvernement et du Parti Socialiste, qui confondent aujourd’hui l’autorité et l’autoritarisme,  le « modernisme » social et le reniement des valeurs.

 

C’est pourquoi, solennellement, je démissionne du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale.

 

C’est un moment douloureux mais nécessaire.

 

L’esprit de caste, les logiques d’appareil ou la soumission à un parti ne peuvent prendre le pas sur les valeurs et les engagements.

 

Je suis un Réunionnais avant tout et je suis de gauche. Qu’on ne me demande pas de renier ce que je suis. Qu’on ne m’impose pas d’oublier tous ceux que je défends.

 

Au 49-3, j’oppose le 97-4. Debout. Avec et pour les Réunionnais.

 
Patrick LEBRETON

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Pierrot Dupuy : Les ennemis de mes ennemis sont mes amis

La question a tourné en boucle sur toutes les radios et toutes les télévisions durant le week-end : Le Rassemblement national est-t-il devenu un parti fréquentable et a-t-il réellement abandonné les idées racistes de son fondateur Jean-Marie Le Pen?

Pierrot Dupuy répond à Jacques Tillier

J’ai eu les honneurs de l’édito de Jacques Tillier dans le JIR de samedi matin. Ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé…
De quoi est-il question ?

Pierrot Dupuy – Ces salauds de chômeurs

Le patron des Républicains propose rien de moins que de vendre encore plus d’essence et de gasoil. Et cerise sur le gâteau, de le faire payer par ces salauds de chômeurs !

Turbulences à la direction d’Air Austral

Alors que tous les observateurs pensaient qu’Air Austral était sortie d’affaire et que les choses allaient rentrer dans l’ordre avec l’arrivée du groupe Clinifutur aux commandes et le départ de Marie-Joseph Malé de la direction, voilà que la compagnie aérienne régionale est à nouveau secouée par des turbulences.
Le DRH ainsi que deux autres membres de son service ont été mis à pied hier et convoqués à un entretien préalable la semaine prochaine en vue d’une sanction.