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Notre Glaucon national, notre ministre Belkacem

Grande victoire de Socrate : il a réussi à détourner le jeune Glaucon de la politique ! Dans ses Mémorables, Xénophon nous le raconte sans détour ! Et s’il pouvait avoir le même succès auprès de notre jeunette Belkacem, notre Glaucon national, tout sourire ? Qu’en pense notre député, Jean-Claude Fruteau, notre Cincinnatus péi ? […]

Ecrit par Gérard Jeanneau – le jeudi 13 août 2015 à 09H51

Grande victoire de Socrate : il a réussi à détourner le jeune Glaucon de la politique ! Dans ses Mémorables, Xénophon nous le raconte sans détour !
Et s’il pouvait avoir le même succès auprès de notre jeunette Belkacem, notre Glaucon national, tout sourire ? Qu’en pense notre député, Jean-Claude Fruteau, notre Cincinnatus péi ?

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Xénophon, Mémorables, Livre III, CHAPITRE VI.
« Glaucon, fils d’Ariston, aspirait à devenir orateur populaire, avec la prétention d’arriver au gouvernement de l’État, quoiqu’il n’eût pas encore vingt ans : ses parents et ses amis ne pouvaient le faire revenir, bien qu’on l’arrachât de la tribune et qu’on le couvrît de huées. Socrate, qui lui voulait du bien, par amitié pour Charmide, fils de Glaucon, et pour Platon, parvint seul à le rendre sage.

Le rencontrant un jour et voulant tout d’abord se faire écouter, il engagea ainsi la conversation avec lui : « Glaucon, dit-il, tu t’es donc mis dans la tête de gouverner notre cité? – Mais oui, Socrate. – Par Jupiter, c’est le plus beau des projets qu’un homme puisse former : car il est clair que, si tu parviens à ton but, tu seras en passe d’obtenir tout ce que tu désireras, de servir tes amis, d’élever la maison de tes pères, d’agrandir ta patrie. Tu commenceras par te faire un nom dans ton pays, puis dans toute la Grèce, et peut-être même, comme Thémistocle, jusque chez les barbares ; enfin, partout où tu iras, tu fixeras sur toi tous les yeux. » En entendant ces mots, Glaucon se redressait avec fierté et demeurait avec plaisir. Socrate continua en ces termes : « N’est-il pas évident que, si tu veux être honoré, tu dois rendre service à la république? – Sans doute. – Au nom des dieux, ne me cache rien, dis-moi quel est le premier service que tu veux lui rendre. » Glaucon gardait le silence, cherchant en lui-même par où il commencerait. « Voudrais-tu d’abord, lui dit Socrate, de la même manière que s’il s’agissait d’enrichir la maison d’un ami, t’efforcer d’enrichir la république? – Je le voudrais. – Le moyen de la rendre plus riche, n’est-ce pas de lui procurer de plus grands revenus?- C’est tout naturel. – Dis-nous donc d’où se tirent aujourd’hui les revenus de l’État et quel en est le chiffre. Il est évident que tu en as fait une étude, afin de pouvoir suppléer aux produits qui se trouveraient trop faibles et remplacer ceux qui viendraient à manquer. – Mais, par Jupiter, reprit Glaucon, je n’y ai jamais songé. – Puisque tu n’as pas songé à ce point, dis-nous au moins quelles sont les dépenses de la ville : car il est certain que tu as l’intention de diminuer celles qui sont superflues. – Ma foi, je ne m’en suis pas non plus occupé. – Eh bien, remettons à un autre temps le projet d’enrichir l’État; comment, en effet, y songer avant de connaître les dépenses et les revenus? – Mais Socrate, dit Glaucon, on peut encore enrichir la république de la dépouille des ennemis. – Oui, sans doute, si l’on est plus fort qu’eux; car si l’on était plus faible, on perdrait même ce que l’on a. – Tu dis vrai.- Celui qui veut, à l’occasion, pouvoir faire une guerre, doit donc connaître la force de sa nation et celle des ennemis, afin que, si sa patrie est la plus forte, il lui conseille de commencer les hostilités, et si elle est la plus faible, il lui persuade de se tenir sur la défensive. – Tu as raison. – Dis-nous donc d’abord quelles sont les forces de notre cité sur terre et sur mer, puis quelles sont celles des ennemis. – Ma foi, je ne puis te répondre ainsi sans préparation. – Mais si tu as écrit quelque chose là-dessus, je l’entendrai avec le plus grand plaisir. – Non, par Jupiter, je n’ai absolument rien écrit. -Eh bien, alors, nous ajournerons aussi notre première délibération au sujet de la guerre; peut-être, vu l’importance de l’objet et ton début dans les affaires, n’as-tu pas pu l’étudier encore? Mais je vois que tu t’es occupé déjà de la défense du pays; tu sais quelles garnisons sont nécessaires et quelles autres ne le sont pas, sur quels points les gardes sont trop nombreuses ou bien insuffisantes; tu conseilleras d’augmenter celles qui ne sont pas assez fortes, de retirer celles qui ne sont pas nécessaires. – Par Jupiter, reprit Glaucon, je suis d’avis de les retirer toutes; car elles gardent le pays de manière à ce qu’on y vole tout. – Mais si l’on retire les garnisons, ne sens-tu pas qu’il sera possible alors à qui voudra d’enlever même de vive force? D’ailleurs, as-tu visité toi-même les garnisons? Comment sais-tu qu’elles font mal leur service? – Je le suppose. – Eh bien, quand nous aurons quelque chose de plus que des suppositions, alors nous délibérerons aussi sur cet objet. – Peut-être cela vaudra-t-il mieux. – Je sais, ajouta Socrate, que tu n’as pas été voir les mines d’argent, de sorte que tu ne peux pas dire pourquoi elles produisent moins qu’autrefois – En effet, je n’y ai pas encore été. – On dit, ma foi, que l’air y est malsain; et conséquemment, si l’on vient à en délibérer, tu auras là une excuse suffisante. – Tu te moques de moi reprit Glaucon. – Mais je suis sûr du moins que tu as soigneusement examiné combien de temps le blé récolté dans le pays peut nourrir la ville, et combien on en consomme de plus chaque année, afin que, si l’État venait à éprouver une disette, tu ne fusses pas pris au dépourvu, mais en mesure, grâce à tes prévisions, de pourvoir aux besoins de la ville et de la sauver. – Tu me parles là, dit Glaucon, d’une grosse affaire, s’il faut veiller à tous ces détails. – Cependant, reprit Socrate, on n’est pas même capable de bien gouverner sa maison, si l’on n’en connaît pas tous les besoins, si l’on ne sait pas les satisfaire; mais puisque la ville contient plus de dix mille maisons et qu’il n’est pas facile de s’occuper de tant de familles à la fois, pourquoi n’as-tu pas essayé d’abord d’en relever une, celle de ton oncle? Elle en a besoin. Après en être venu à bout, tu aurais passé à un plus grand nombre; mais si tu ne peux pas rendre service à un seul individu, comment pourras-tu être utile à tout un peuple? C’est comme si un homme n’avait pas la force de soulever le poids d’un talent; n’est-il pas clair qu’il ne devrait pas essayer d’en soulever davantage? – Ah! certes, dit Glaucon, je serais bien utile à la famille de mon oncle, s’il voulait m’écouter! – Ainsi, reprit Socrate, tu n’as pas pu persuader ton oncle, et tu voudrais te faire écouter de tous les Athéniens et de ton oncle avec eux? Prends garde, Glaucon, en désirant la gloire, d’arriver à tout le contraire. Ne vois-tu pas comme il est dangereux de dire ou de faire ce qu’on ne sait pas? Regarde parmi tous ceux de ta connaissance qui parlent et agissent sans savoir, s’ils te paraissent, pour cette raison, obtenir des éloges ou des reproches. Sont-ils admirés ou méprisés? Regarde, au contraire, les hommes qui savent ce qu’ils disent, ce qu’ils font, et tu verras, je crois, que, dans toutes les circonstances, ceux qui ravissent les suffrages et l’admiration sont précisément ceux qui savent, tandis que l’opprobre et le dédain sont le partage des ignorants. Aussi, puisque tu aimes la gloire et que tu veux te faire admirer de la patrie, travaille à bien savoir ce que tu veux mettre en pratique : car, si tu parviens à l’emporter en cela sur les autres, et qu’alors tu prennes en main les affaires de l’État, je ne serai pas étonné que tu obtiennes très facilement ce que tu désires. »

Transmis par Gérard Jeanneau (Gières)

 

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