Que penser de ce reportage qui va paraître dans les colonnes de la prochaine édition de Paris Match? Qui des reporters ou du magazine à sensation sont le plus à blâmer?
Petit retour en arrière.
La presse de ces derniers jours nous informe de l’existence d’un reportage photo réalisé par des reporters en Afghanistan mettant en scène des insurgés talibans brandissant des trophées de guerre recueillis sur les soldats français. On les voit en « superstar » munis de Famas français expliquant le déroulement des faits avant de jurer la mort de tous les autres français s’ils restaient en Afghanistan. Les photos sont parlantes, l’une d’elles représente même la montre que portait au poignet l’un des tués. Un des reporters explique d’ailleurs devant les caméras des chaînes nationales les conditions de la réalisation du reportage : le contact avec les ravisseurs, le déroulement de l’interview, …
On se croit vraiment dans un mauvais film.
Je me mets à la place des familles des victimes qui vivent déjà le pire des cauchemars, celui de perdre un enfant dans des conditions atroces et vivent par voie de presse interposée l’inquiétude de reconnaître des effets personnels de leur enfant, apercevoir les yeux de ceux qui les ont tués…
La liberté de la presse est un des principes fondamentaux de notre démocratie. Mais le journaliste ne doit pas oublier, au nom d’une déontologie minimale, qu’il est des portes qu’il se doit de refuser d’ouvrir. Cette porte que viennent de franchir ces reporters et que le magazine Paris Match s’est empressé de maintenir ouverte au seul nom du sensationnalisme, c’est celle du respect de la douleur d’une dizaine de familles endeuillées, mais aussi celle d’un voyeurisme malsain que je veux au travers de ce courrier condamner vivement.
Ce qui me navre peut être encore plus c’est de penser que de nombreux lecteurs vont se jeter sur cette édition qui du coup aura reçu un sacré coup de pub des autres confrères tous média confondus.
La presse est libre … de tout vendre!