Giovanny A., 35 ans, et sa compagne ont passé ensemble 14 ans de leur vie. Aujourd’hui, elle ne veut plus de cette relation, mais il ne veut pas l’accepter. Le 8 avril dernier, alors qu’elle est partie chez sa mère, il se présente devant la maison et lui demande de revenir. Elle lui dit explicitement qu’elle ne veut plus de cette relation, et face à ses menaces, elle finit par lui jeter un verre d’eau au visage. Il s’énerve et la prend d’une main par le cou. Fort heureusement, son frère est présent et intervient. « Je vais revenir avec un fusil » dit Giovanny A. en s’enfuyant. « J’ai déjà vu beaucoup de blessures sur ma soeur », affirme-t-il aux enquêteurs. La veille, il avait déjà jeté des cailloux sur la maison.
Loin de laisser tomber, le prévenu envoie la bagatelle de 1135 messages et appels à son ex-compagne entre le 7 et le 14 avril. N’en pouvant plus, elle prévient les gendarmes. Le procureur ordonnera la mise à disposition d’un téléphone « grave danger » pour qu’elle puisse alerter les forces de l’ordre en cas de problème. Le 18 avril, elle aperçoit Giovanny A. et se sert immédiatement du téléphone. Les gendarmes interviennent aussitôt et prennent en chasse le suspect à scooter qui tente de fuir. Poursuivi, Giovanny A. passe en revue toutes les infractions au Code de la route : dépassement dangereux, prise d’un rond-point en sens inverse, circulation en sens interdit et traversée à fond de cale sur le parking d’un supermarché où les gens attendent pour faire leurs courses. « Ma la fuit, ma l’avait peur », se justifie-t-il.
À chaque question du tribunal sur ses agissements, il a une explication rationnelle. « C’est madame qui a mes codes bancaires et mes affaires. Elle ne veut pas me les rendre », dit-il pour justifier sa présence devant la maison. Il a un flot de paroles ininterrompu qui empêche toute discussion constructive avec la présidente. « Mi demande que la justice aide à moin », conclut-il. La justice le connaît bien, même très bien. Il totalise 25 mentions sur son casier, dont 23 pour des violences. Il a été incarcéré pour la première fois à l’âge de 15 ans.
« Il a toujours réponse à tout, toujours des excuses. Il se retrouve en prison uniquement parce qu’il commet des infractions. Je vous demande qu’il ne puisse plus « jamais » entrer en contact avec elle » exhorte la partie civile. « Il est fatigant, il s’écoute en permanence. Il parle sans jamais écouter personne et ce n’est jamais de sa faute. C’est toujours lui qui vient au contact, il ne veut pas accepter la séparation. Il se jette sur elle par un « geste réflexe », c’est la première fois que j’entends ça ! Il sort de prison en juillet 2019 et il est déjà là. Je demande 30 mois de prison, dont 15 mois de sursis probatoire, des interdictions de contact et de paraître au domicile de madame ainsi que le maintien en détention » requiert la procureur.
« Comme le disait Charles Aznavour « sa vie, c’est ses emmerdes ». Ça fait des années que je le suis, et même si ça peut paraître fou, elle détient ses papiers, les comptes et les chéquiers. Ça fait des années que ça dure, mais elle n’a jamais porté plainte. Cette audience est une libération pour lui, car grâce à cette affaire, il a pu récupérer ses affaires. Il faut l’interdire de voir cette femme. Elle savait ce qui allait se passer – en lançant le verre d’eau – s’il réagissait vu son casier » plaide la défense de Giovanny A.
Le tribunal condamne le prévenu à 30 mois de prison dont 12 mois de sursis probatoire, des interdictions de contact et de paraître au domicile de madame, confisque le cyclomoteur et prononce le maintien en détention.