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Madagascar résistance : Résister, résister encore, résister toujours (suite)

Nous sommes remercions vivement ceux de nos lecteurs qui ont pris la peine de nous exprimer leur approbation et leur soutien pour le n°72 de Madagascar Résistance, ainsi que ceux qui ont répondu à notre appel pour une large diffusion de plusieurs documentaires, dont "Françafrique" de Patrick Benquet. Nous voudrons aujourd’hui consacrer le présent numéro […]

Ecrit par Les Inconditionnels de Madagascar – le jeudi 28 juillet 2011 à 17H41

Nous sommes remercions vivement ceux de nos lecteurs qui ont pris la peine de nous exprimer leur approbation et leur soutien pour le n°72 de Madagascar Résistance, ainsi que ceux qui ont répondu à notre appel pour une large diffusion de plusieurs documentaires, dont "Françafrique" de Patrick Benquet.

Nous voudrons aujourd’hui consacrer le présent numéro a un appel à une véritable mobilisation générale, sous toutes les formes possibles, pour dénoncer et faire échouer les grandes manœuvres en cours, menées conjointement par Paris et Andry Rajoelina, qui visent à mettre les citoyens malgaches ainsi que la communauté internationale devant un fait accompli : des élections organisées à la va vite afin d’ancrer durablement les putschistes aux commandes de la Grande Ile.

Les protestations émises ici et là ne suffisent plus, face au cynisme des futurs bénéficiaires de l’opération, forts du soutien maintenant public et assumé de la France.
A cette alliance françafricaine, il faut opposer un front républicain malgache qui rassemble, non seulement les mouvances politiques opposées à la HAT, mais également les associations civiles, les syndicats, et tous les citoyens et citoyennes soucieux de défendre les acquis démocratiques de Madagascar.
Rappelons que ces acquis ont été les fruits de longues luttes, notamment en 1991 et en 2002.
Qu’ils ont coûté des vies et des souffrances.
Et surtout que des élections libres, transparentes, ouvertes à tous, demeurent l’unique moyen dont disposent les citoyens pour contraindre une classe politique médiocre et largement corrompue à s’améliorer.
Aussi, accepter que l’on puisse aujourd’hui revenir aux pratiques du passé, c’est-à-dire à des élections manipulées, serait renoncer à tout espoir de voir un jour émerger les dirigeants dont Madagascar a besoin.

Les condamnation verbales ne suffisent plus, il faut les traduire en action en lançant rapidement une campagne d’explication sur ce qui va être en jeu : la vie ou la mort de la démocratie à Madagascar, l’exploitation de ses richesses pour le bien de sa population ou pour celui des intérêts étrangers.
Aux différentes formes de "coaching" (sic) entreprises dans toute l’île et à tous les niveaux de l’administration par le gouvernement illégal (coachings qui ressemblent à s’y méprendre à une mise aux ordres de la Commission électorale supposée être indépendante et à une propagande avant l’heure) il faut opposer la diffusion d’argumentaires bien concrets, afin de faire comprendre à la population malgache les enjeux réels qui se jouent autour de ces élections. Et dire pourquoi le régime de fait s’acharne à les organiser unilatéralement, en dépit de la condamnation de cette démarche unilatérale par l’ensemble de la communauté internationale, à l’exception de la France et de ses organisations relais, l’OIF et la COI. Les défis à relever pour réussir cette campagne d’explication sont multiples mais ne sont pas insurmontables.

Le premier défi consiste à mettre en place le front républicain pour le report des élection
Une association, ou un groupe de citoyens, devrait prendre l’initiative de se mettre en position de promoteur et de catalyseur de cette opération, afin de lui garder sa valeur de démarche citoyenne et non de politique politicienne.
L’existence des plateformes d’associations civiles devrait raccourcir les contacts préliminaires pour la constitution de ce front républicain. La difficulté sera de franchir le premier pas, car ce n’est pas dénué de risques, vu la nature du régime en place. Toutefois, les risques diminueront si la mobilisation est rapide et si le nombre d’entités civiles qui acceptent de s’engager est élevé. Il sera en effet embarrassant pour un régime qui va avoir de plus en plus besoin, quoiqu’il en dise, de la levée des sanctions internationales, de s’en prendre à la fois aux leaders des mouvances politiques opposées à la HAT et à des responsables d’associations civiles.

Le deuxième défi consiste à trouver un moyen efficace pour toucher le maximum de population dans un minimum de temps
Les principaux obstacles sont bien évidemment le non accès aux médias nationaux réservés à la propagande officielle, la fermeture des médias privés considérés comme n’étant pas aux ordres, ainsi que la faiblesse du parc d’ordinateurs à Madagascar.
Les messages devront donc être édités essentiellement sur un support écrit. Ils devront être également compréhensibles par toutes les catégories de citoyens. Ils devront enfin être facilement reproduits et dispatchés par un bon réseau de distribution.
Une expérience réussie en 1992 par une association civile, l’Observatoire National de la Démocratie (OND), pourrait être reprise, tout en l’adaptant aux circonstances actuelles: afin d’aider les électeurs à comprendre les enjeux du référendum constitutionnel et des autres élections qui allaient suivre, la nouvelle constitution de la troisième république avait été expliquée dans une brochure dans des termes très simples et présentée sous forme de bande dessinée.
La diffusion de la brochure avait été faite entièrement par des bénévoles bien ciblés: instituteurs, enseignants des collèges et des lycées, sages-femmes, médecins, prêtres, pasteurs, responsables locaux d’associations ou de syndicats, etc. Le succès de la brochure fut tel que le tirage fut insuffisant, mais l’intérêt de cette formule fut justement de permettre à tout lecteur de dupliquer à son tour le document, ce qui créa un véritable effet de boule de neige.

Les raisons de ce succès
La vulgarisation du texte de la constitution afin de permettre sa parution en bande dessinée, sans rien perdre de l’essentiel, fut un exercice difficile. Ce fut possible grâce à la présence, parmi les membres de l’O.N.D. d’un éminent juriste, le regretté Professeur Justin Rakotoniaina.
La recherche du financement nécessaire à l’illustration et à l’édition de la brochure (financement fort modeste facilement accordé par un bailleur de fonds par ailleurs, toute dépense superflue ayant été éliminée pour s’en tenir à l’essentiel), l’identification des personnes relais dans chaque région, et l’acheminement vers celles-ci des exemplaires à distribuer, furent réalisés dans un court laps de temps grâce à la détermination de la petite équipe de l’O.N.D. mais aussi grâce à sa composition qui mérite d’être relevée. Parmi ses membres fondateurs figurèrent en effet des ratsirakiens comme le Professeur Rakotoniaina, ex-Premier Ministre, ou Roland Ramahatra, chef de province d’Antananarivo, et des adversaires résolus de l’Amiral-Président comme Elyett Rasendratsirofo, qui était alors membre de l’équipe rapprochée de son challenger, le Professeur Zafy Albert. Il était remarquable que dans un contexte politique aussi passionné qu’en 1992, des personnalités appartenant aux deux camps opposés aient pu ainsi surmonter leurs divergences pour se rassembler autour d’un projet commun : celui de promouvoir la démocratie à Madagascar. Toutefois, si cette diversité des membres de l’O.N.D. lui permit de disposer de nombreux réseaux pour la diffusion de la brochure, ce fut d’abord la très forte motivation du groupe central et des personnes relais qui fut à la base du succès.

Les atoutes pour réussir aujourd’hui
Réussir une telle mobilisation citoyenne dans un délai relativement court n’est pas un rêve impossible. Et cela pour plusieurs raisons : la première relève de la situation actuelle de la société civile malgache, la seconde de l’existence de citoyens engagés et la troisième des nouvelles technologies de communication.
En comparaison avec 1992 qui vit le début de la liberté d’association à Madagascar, les entités membres de la société civile sont bien plus nombreuses aujourd’hui. En deux décennies, elles ont acquis de l’expérience et amélioré la formation de leurs membres. Elles sont maintenant regroupées dans des plateformes qui leur donne un poids plus grand et une visibilité plus grande, notamment vis-à-vis des chancelleries étrangères et des bailleurs de fonds.
Enfin, le choc du coup d’Etat, la gravité et la longueur de cette crise ont renforcé la volonté de la société civile malgache, jusque là assez attentiste, de s’impliquer dans les grands débats et de refuser d’être reléguée plus longtemps au simple rang de spectatrice des affaires nationales.
Quant aux citoyennes et citoyens engagés, il en existe bel et bien, comme l’ont démontré notamment celles et ceux d’entre eux qui ont été à l’origine du Collectif des Citoyens et des Organisations Citoyennes (CCOC), première entité civile à avoir élaboré et proposé une feuille de route pour la sortie de crise, et à avoir organisé des rencontres entre les représentants des différentes parties prenantes.
S’agissant des nouvelles technologies, la faiblesse du parc d’ordinateurs à Madagascar ne permet pas encore aujourd’hui l’utilisation de l’internet comme outil de communication de masse. Toutefois, la présence des téléphones cellulaires, jusque dans les régions les plus reculées de l’île, devrait faciliter la mise en place et la gestion d’un réseau de personnes relais. Rappelons pour mémoire qu’en 1992, le téléphone fixe fonctionnait très mal à Madagascar, rendant la communication très difficile d’une ville à l’autre, sans parler des zones rurales totalement inaccessibles par téléphone. La motivation palliait le manque de moyens. Ce qui fut possible sans ces nouveaux moyens de communication rapide devrait l’être a fortiori aujourd’hui.

Des membres d’associations et des citoyens individuels répondront-ils à notre appel ?
Formeront-ils au niveau central un groupe prêt à relever ces défis afin de s’opposer à la tenue d’élections scélérates?

Si par ce numéro l’équipe de "Madagascar Résistance" pouvait contribuer, même très modestement, à cette mobilisation générale que nous appelons de tous nos vœux contre la tenue de ces élections liberticides projetées par la France et son protégé, nous aurons été fidèles à notre credo : défendre tout à la fois les intérêts vitaux de Madagascar et les valeurs universelles des droits de l’homme et du citoyen.

Les Inconditionnels de Madagascar,
À l’Ile de la Réunion

 

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