« Je l’ai élevé pendant deux ans et demi, et ce soir, il prend l’avion pour vivre à 10.000 kilomètres de moi ». Maria Humblot est en pleurs. Elle se sent impuissante. Mais le juge a rendu sa décision après une enquête sociale. Une décision sans appel: l’enfant doit repartir avec la mère en métropole. Le papa ne le verra qu’une fois par an. Quant à la grand-mère, rien n’est prévu pour elle.
Face à cette décision du juge, Maria est dans l’incompréhension: « Mario n’a aucun lien avec sa maman et maintenant il faut qu’il aille vivre là-bas alors qu’elle a déjà un autre enfant ». Au-delà de cette décision de justice, la mamie regrette surtout que son petit-fils n’ait eu aucune préparation. Tout a été trop rapide: « il a fait sa rentrée ici, il va devoir la refaire là-bas. Pour mon petit-fils, ça va être un véritable déracinement! »
Le cas de cette famille est complexe. Il n’est malheureusement pas isolé. « Le plus souvent, il n’y a pas eu de demande de délégation de l’autorité parentale », précise Maître Anna Ferrere. « La mère laisse l’enfant à un tiers digne de confiance, à un membre de la famille, une tante ou la grand-mère ». Sans cette procédure, le tiers a peu de droit. Les prestations sociales ne peuvent même pas être perçues par la famille d’accueil de l’enfant. Sans délégation de l’autorité parentale, les parents jouissent toujours de leurs droits sur l’enfant.
La grand-mère ne comprend pas non plus pourquoi la garde est confiée à la maman. Et le père dans l’affaire? Pour l’avocate Anna Ferrere, « dans certains cas, il arrive que le père n’ait pas reconnu l’enfant. Si la filiation n’est pas établie, l’enfant est alors automatiquement confié à la mère ». Une situation qui laisse le géniteur impuissant car il n’a aucune existence juridique en tant que père.
Difficile de faire la lumière sur la situation de cette famille. Reste que l’enfant se retrouve au cœur d’une situation complexe, partagé entre sa mère, son père et sa grand-mère, entre La Réunion et la métropole.