Cette enquête, réalisée du 15 au 25 mars auprès d’un échantillon de 502 entreprises artisanales réparties en quatre catégories d’activités (alimentation, production, bâtiment et services), a permis d’avoir un aperçu global sur les difficultés rencontrées au quotidien par les artisans, entre mesures sanitaires, couvre-feu ou encore les nombreux doutes concernant le devenir de leurs activités.
« Cela fait un an que nous sommes dans cette crise et les entreprises ne retrouveront pas le chiffre d’affaires qu’elles avaient avant 2020 », déplore le président de la chambre.
Santé au travail
60%. C’est la part des entreprises déclarant avoir des difficultés d’application des mesures sanitaires. Parallèlement à cela, la part des dirigeants ayant besoin d’un soutien psychologique pour cause d’épuisement, d’anxiété ou encore d’isolement se chiffre à 14% en moyenne. Un taux qui grimpe à 23% pour les dirigeants d’entreprises de services. Par ailleurs, près de 3% de la population artisanale a contracté la covid-19. Sur la campagne de vaccination à venir, près de 22% des artisans se disent prêts à se faire vacciner, 32% ne souhaitent pas le faire 46% se disent encore indécis.
Le climat des affaires
L’étude nous apprend que la baisse du chiffre d’affaires lors de la période du confinement dans le secteur de l’artisanat est de 30% en moyenne. Une reprise graduelle de l’activité a été constatée durant le second semestre 2020 chez près de 70% des artisans. Pour 50% d’entre eux, le redressement est encore partiel et seuls 20% d’entre eux ont retrouvé un niveau normal d’activité.
Au niveau des signaux positifs, même si le volume de création d’entreprises connaît une baisse de 22%, il reste malgré tout élevé, soit 2155 immatriculations enregistrées. A noter également le niveau « historiquement bas », relève la Chambre de métiers sur les radiations d’entreprises au Répertoire des métiers : 955 radiations en 2020 contre 1506 en 2019, soit une baisse de 34%. Autre satisfecit : les mesures du Plan de Relance dans le domaine de l’apprentissage qui ont permis une hausse des effectifs de 15% en 2020 par rapport à 2019, soit 2037 apprentis.
« Nous avons eu -30% de radiations alors même que nous sommes encore dans une période de crise sanitaire. Tout ne va pas bien c’est sûr, mais les dispositifs mis en place pour accompagner nos entreprises ont quand même fonctionné. Cela montre aussi que nos entreprises artisanales ont une forte capacité de résilience », salue Bernard Picardo.
Néanmoins, ce dernier se fait toujours du souci concernant les impacts du couvre-feu dans le milieu artisanal, qui toucherait 4200 entreprises artisanales soit 20% du secteur des métiers. Selon les données recueillies par la CDMA, près de 3000 entreprises du secteur artisanal baissent leurs rideaux à 19h (boulangeries, pâtisseries, boucherie, charcuterie et certaines activités de services) et 1200 autres le font à 22h (glaciers, snacking et pizzerias).
« Les efforts d’adaptation (ouverture plus tôt ou journée continue, services click and collect ou livraisons) ne compenseront pas en totalité les recettes perdues de fin de journée », argue la Chambre, rappelant au passage que les clients sortant du travail « rentrent chez eux au lieu de fréquenter les boutiques ». De plus, le recours à un service de livraison représente un coût non-négligeable pour ces entreprises, qui doivent rémunérer les plateformes de e-commerces ou les livreurs jusqu’à 30% de la marge effectuée pour une transaction, « et qui vient s’ajouter à la perte de chiffre d’affaires déjà subie ».
Endettement et trésorerie / Aides aux entreprises / Après-crise
Près de 10 000 ressortissants de la Chambre de métiers ont bénéficié des aides mises en place par l’État.
Seulement 20% des entreprises disent pouvoir faire face immédiatement à leurs dettes à court terme, et 43% que partiellement. Malgré les différents dispositifs mis en place suite au confinement, elles sont 37% (dont 41% dans le secteur des services et 27% dans celui de l’alimentation) à ne plus pouvoir honorer leurs échéances à court terme.
Au niveau des craintes exprimées par les artisans concernant l’après-crise, ces derniers redoutent un nouveau confinement « avec son lot de restrictions sur l’activité des entreprises ».
Ils craignent également un relâchement ou un recentrage des aides de l’État restreignant le champ des activités éligibles ainsi qu’une baisse de la consommation des ménages et notamment une désertion de la fréquentation des petites enseignes au profit des grandes surfaces.