« Fut un temps, c’étaient les blancs qui mettaient des chaines aux noirs », raille Dany alors qu’un gendarme lui met les menottes. « C’est le monde à l’envers », pour le quadragénaire complètement ivre. L’homme a bu un certain nombre de verres de Bourbognac ce soir-là pour atteindre les 1,43mg/litre et être persuadé de la finesse de ces remarques.
Arrivé à la gendarmerie, Dany insiste et franchit clairement le pas des propos racistes, insultant toujours ce même gendarme de « sale black », de « nègre ». « C’est les blancs qui commandent », provoque-t-il encore devant un représentant des forces de l’ordre toujours impassible.
« J’étais saoul, j’ai dit de la connerie »
« Je voulais faire de l’ironie », tente-t-il d’expliquer. « Nègre ne fait pas partie de mon vocabulaire. En créole on dit kaf », se décharge-t-il de sa responsabilité. « J’ai des membres de ma famille noirs. J’étais saoul, j’ai dit de la connerie », avance Dany pour prouver qu’il n’est pas raciste.
Des propos qui ne passent pas « pour la société, d’autant plus qu’à La Réunion, il y a cette diversité de gens et de couleurs », tance le ministère public représenté par la procureure de la République Caroline Calbo.
Pour sa défense, Me Stefan Wandrey explique que son client a simplement voulu rappeler que l’esclavage a existé à La Réunion. De « façon certes désobligeante, déplacée », mais sans pour autant constituer un outrage. L’officier de police judiciaire présent lors de l’interpellation a seulement entendu « il y a un temps c’était l’inverse », pointe-t-il encore.
Dany a été condamné pour les faits d’outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique commis en raison de la race et les faits de violences. Il écope de 6 mois de sursis, de l’obligation de soins pour son alcoolisme, d’un stage de responsabilisation pour la prévention aux violences sexistes mais aussi à un stage de citoyenneté à ses frais. L’homme sans profession devra également verser 400 euros de dommages et intérêts au gendarme. Sa voisine, présente à l’audience, refuse de se constituer partie civile.