Selon le témoignage des policiers, la course folle se termine quand Aboubacar donne un coup de pied dans la moto d’un des policiers, déséquilibrant le scooter qui finit à terre. Le jeune Saint-Louisien se relève le premier, tente de prendre la fuite mais fait face au policier. Il avoue tout juste une prise de judo ramenant « le policier au sol » mais pas un seul coup de pied ou de poing. Pourtant, le policier a reçu 6 jours d’ITT, souffrant d’un point de suture au menton et de multiples douleurs. « Moi je n’ai aucun problème avec l’autorité publique, mais faut bien faire son travail », ose-t-il vilipender, accusant les policiers de mentir sur le déroulé des faits. 20 mentions, presque toutes liées à des violences envers les forces de l’ordre, figurent à son casier. Aboubacar se justifie : « Jeune, j’ai souvent subi des violences de la part des policiers ».
« Violences gratuites contre un policier »
Bien que moins virulent, Adrien dénonce également des violences dont il aurait fait l’objet à son interpellation. Deux coups de poings lui auraient été assénés. « Je sais que ça ne sert à rien mais je le dis quand même parce qu’on essaye de me faire passer pour le rebelle ». Le jeune Tamponnais est poursuivi pour des faits de rébellion au moment de son interpellation. Adrien a refusé qu’on lui mette les menottes. « Je lui ai fait comprendre de me mettre dans une autre position pour me menotter », assure Adrien qui avait la peau des poignets à vif à cause de la chute du scooter sur plusieurs mètres. Le jeune de 29 ans a lui 14 mentions à son casier judiciaire dont des condamnations pour le même type de faits. À la barre, il justifie son refus d’obtempérer et sa rébellion par la peur mais aussi par « une période anxieuse » qu’il traverse. Adrien invoque alors comme ligne de défense la crise sanitaire, le confinement, les couvre-feux qui l’ont fait se sentir encore plus seul.
« Des faits inacceptables et des défenses qui le sont tout autant », tance Me Normane Omarjee, partie civile pour les deux policiers. Face à lui, « la révolte » et « la résignation », qualifie-t-il le comportement des deux prévenus. « Il y a eu des violences gratuites envers un policer, ce qui est terrible, et on est venu l’assumer ».
Les forces de l’ordre détiennent la violence légitime, tient à rappeler la procureure, Caroline Calbo, excédée par le comportement irrespectueux d’Aboubacar dans le prétoire. Ainsi, « c’était le rôle des policiers d’arrêter ces chauffards de la route ».
Pour la défense d’Adrien, Me Alain Lebras plaide une « arrestation à la limite de la légalité », tandis que Me Lucie Kerachni en conseil d’Aboubacar évoque « une peur de la police parce qu’à chaque fois qu’il a affaire à la police, ça se passe mal ».
Pour les faits de refus d’obtempérer et de rébellion en récidive, Adrien a été condamné à 18 mois de prison dont 8 avec sursis probatoire. Son deux-roues a été confisqué, son permis annulé avec interdiction de le passer durant 2 ans. 500 euros de préjudice physique ont été accordés au policier qui l’a interpellé.
Le comportement d’Aboubacar, agressif, demandant « une enquête de la police des polices », a joué en sa défaveur. Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet. Il part pour 15 mois à la prison de Domenjod et devra verser 1500 euros de préjudice physique et moral au policier qu’il a agressé.