Dans la nuit du 15 au 16 avril, Lucas a fait passer un calvaire à sa maman. Extrêmement saoul, il revient chez elle pour récupérer sa carte bleue. Sa mère s’y oppose, ce qui déclenche la fureur du jeune homme. Il entre alors dans une crise de violence qui le pousse à tout casser dans la maison.
« J’en ai marre de ma vie. Je vais me foutre en l’air et je vais tous vous tuer », hurle-t-il à répétition. Sa mère appelle les gendarmes qui arrivent aussitôt, mais cela ne semble pas calmer Lucas. Il va alors menacer à plusieurs reprises de mettre des coups de couteau à sa mère et à l’ami qui l’accompagnait.
Mère et fils arrivent ensemble
Quelques mois plus tard, c’est ensemble que le prévenu et la plaignante arrivent au tribunal. Face au juge, il affirme ne se souvenir de rien avant d’ajouter que « c’est grave de ne rien se souvenir ». Parmi les seules bribes de souvenirs qui lui reviennent, il confirme avoir poussé son ami qui tentait de s’interposer entre lui et sa mère.
« J’ai un problème de sociabilité et j’ai un problème d’alcool. Je bois pour arriver à aller vers les autres », explique-t-il au juge Cédric Landais. Ce dernier lui répondant que « l’alcool est rarement une solution. C’est d’ailleurs pour cela que les médecins n’en prescrivent jamais. »
De son côté, sa mère refuse d’accabler son fils en ne se portant pas partie civile. Elle explique avoir des problèmes avec lui depuis qu’il a l’âge de 10 ans. Elle assure toutefois avoir fait les démarches pour qu’il s’en sorte. Ce à quoi le juge lui répond que c’est à lui d’initier les démarches, sans quoi cela ne sert à rien.
Le retournement de situation
C’est à ce moment-là que la mère explique au juge que c’est justement Lucas qui s’est présenté de lui-même à l’hôpital en septembre pour se faire soigner de ses addictions et troubles psychologiques.
Invité à revenir à la barre, Lucas va expliquer ce changement. « J’étais seul à la plage. Je me suis retrouvé avec moi-même. C’est là que je me suis dit que je n’avais plus envie de vivre comme ça. Je veux être comme tous ceux de mon âge. Avoir mon travail, mon loyer, ma voiture. Je vais reprendre la formation que j’avais arrêtée », indique-t-il au juge.
Une assistante sociale vient confirmer que Lucas s’était bien inscrit à 4 programmes d’aide, notamment concernant l’addiction, et qu’il les suivait scrupuleusement. Elle explique au juge que les démarches professionnelles ont bien été engagées auprès de la mission locale, mais qu’elle préfère attendre la fin de son traitement avant d’aller au bout de ce processus de retour à l’emploi.
Le poids d’un sursis
Si l’ensemble des témoignages semblent avoir convaincu l’audience, la procureure Coralie Sutra fait part d’un problème énorme sur ce dossier. En effet, Lucas a été condamné plus tôt cette année pour avoir agressé un pompier, encore une fois sous l’état d’un empire alcoolique. Il a été condamné pour cela à une peine de prison avec sursis. Un sursis qui doit justement être levé pour des faits de même nature.
La procureure va toutefois considérer que les faits du jour étaient antérieurs à la condamnation précédente, permettant de ne pas avoir à le lever. Pour cette raison, elle requiert une peine de 6 mois de prison avec un sursis probatoire renforcé à 24 mois, une obligation de soins et 80 heures de travaux d’intérêt général (TIG).
Invité à s’exprimer à la barre une dernière fois avant le délibéré, Lucas va simplement dire qu’il « veut changer sa relation avec sa maman ». Le tribunal va suivre les réquisitions, ne lui donnant que 70 heures de TIG. « On veut vous aider à garder le pied sur l’étrier comme vous l’avez initié », conclut le juge.