« Tous les secteurs ont été impactés par la crise sanitaire, mais on ne parle pas assez des transports », indique Fabienne Couapel-Sauret en préambule de la conférence de presse. Celle qui assure la présidence par intérim de la SMTR compte interpeller le ministre des Outre-mer à ce sujet.
Durant toute la période de confinement et lors des différentes phases du déconfinement, les sociétés de transports ont assuré les services même si la fréquentation était dramatiquement basse. Les réglementations importantes et les mesures obligatoires ont été imposées aux professionnels du transport public qui ont dû s’adapter malgré les coûts d’exploitation que cela représentait.
Entre 23 et 25 millions de pertes
Le SMTR a donc collecté les données pour mesurer l’impact financier dans un rapport qu’il rend public. La fourchette des pertes représente entre 23 et 25 millions pour les 1 368 entreprises du secteur. « L’État apporte un soutien important aux secteurs aériens et de l’automobile, mais peine à aider les transports publics » regrette la présidente de la SMTR.
Quelques chiffres permettent de mesurer l’ampleur des dégâts sur le secteur. Durant les mois de mars et avril, la fréquentation des transports publics est descendue à 8% par rapport à l’année précédente. Une fréquentation remontée à 40% en juillet alors que l’offre de transport est remontée à 100%. Seul Car Jaune à réussi à remonté 90% de sa fréquentation habituelle. Le retour à la normale n’est pas prévu avant 2022.
De nombreuses entreprises ne survivront pas et les autres devront soit licencier, soit réduire l’offre de transport. « Il est hors de question que les usagers payent », prévient Fabienne Couapel-Sauret. C’est pour cette raison que la SMTR compte se tourner vers l’État lors de la visite ministérielle de la semaine prochaine.
Augmenter la sécurité
Un autre sujet abordé concerne la sécurité dans les transports publics. Tout le monde a encore en mémoire l’agression qui avait coûté la vie à un chauffeur de bus à Bayonne. À La Réunion, il y a de plus en plus de violences sur le réseau. Si les atteintes à la personne ont baissé en 2019, les atteintes sexuelles ont explosé, passant de 19 signalements en 2018 à 57 en 2019. Mais selon les dirigeants de la SMTR, ce chiffre tient plus de la libération de la parole que d’une réelle augmentation. Selon eux, les campagnes de sensibilisation de la SMTR ont permis de récolter de nombreux témoignages.
L’idée d’une brigade des transports publics gérée par les collectivités ainsi que l’équipement en vidéosurveillance est envisagé par le gouvernement. « Mais qui va payer » se demande la présidente la présidente de la SMTR. Un avis partagé par Omar Issop, le directeur de la SMTR pour qui le développement des transports publics « doit être attractif et sécuriser. Tout le monde est prêt à augmenter les offres au niveau des services, mais on doit être soutenu ».
Vers « une gouvernance apaisée et partagée »
Le dernier sujet concerne l’avenir du SMTR. Les dernières années ont été délicates avec l’ancien président Alix Galbois. Le syndicat était alors gangrené par les conflits internes. Celle qui assure la présidence par intérim pour la troisième fois espère donc revenir à « une gouvernance apaisée et partagée ». Elle se satisfait que la CIREST revienne dans le jeu en nommant deux représentants et espère que la CIVIS fasse de même.
Le syndicat a demandé à être placé sous la tutelle de la Chambre Régionale des Comptes à la demande de Fabienne Couapel-Sauret. Avec les différents conflits internes de ces dernières années, le budget 2020 n’avait pas été voté. « La SMTR n’est pas en difficulté financière, mais le sera si le budget 2021 n’est pas voté » avertit la vice-présidente du Conseil Régional. Mais celle-ci se veut rassurante pour la suite et espère que « l’on pourra travailler en bonne intelligence ».