Des récifs artificiels couplés à des bouées DCP (dispositif de concentration de poissons) en baie de Saint-Paul : c’est le programme que perfectionne actuellement le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) de La Réunion.
L’objectif de ces « engins agrégatifs pour les pêcheurs à la senne » sera de recréer de la vie sous-marine autour de ces structures, affirme Ludovic Courtois, le secrétaire général du Comité des pêches.
Le chargé de mission « Pôle scientifique » du Comité, David Guyomard, y voit la possibilité d’attirer « des petits pélagiques comme les pêches cavale, barracudas ou sardines ». C’est un procédé utilisé depuis des décennies par les pêcheurs eux-mêmes, de manière informelle.
Des dispositifs de récifs artificiels existent ainsi déjà depuis longtemps en baie de Saint-Paul. Le comité des pêches préfère parler d’amélioration du procédé, couplé à des bouées DCP, pour quelles soient plus visibles depuis la surface pour la sécurité de la navigation, plus durables et loin des pratiques sportives des usagers.
Il faut dire que la nouvelle pourrait alimenter l’anxiété ambiante dans une baie de Saint-Paul sous le feu de l’actualité. « Ca n’a rien de nouveau », s’empresse d’ajouter l’équipe du CRPMEM. Il s’agit plus d’une « amélioration des récifs artificiels existants que de nouvelles installations ». Le CRPM en tient pour preuve l’installation de stations d’écoute sur les bouées rattachées aux corps morts. Elles devront enregistrer le passage des carangues dont une dizaine a déjà été taggée dans le cadre du programme DIPPLO (Dynamique des Interactions entre la Petite pêche et les Prédateurs côtiers le long du Littoral Ouest) mené par le CRPMEM. D’autres le seront en novembre. « L’idée est de participer à la compréhension globale du déplacement des requins et plus généralement de leurs interactions au sein de l’écosystème côtier », précise le CRPMEM.
Derrière ce projet pour tracer ces pélagiques, le comité espère pouvoir coupler ses résultats à ceux de CHARC et des déplacements des requins, friands de… carangues. Une manière de profiter du dispositif au-delà de sa mission première : « favoriser la diversité des populations de poissons, car des espèces diversifiées, c’est le signe d’un milieu sain », ajoute David Guyomard.
« Même si l’effet DCP est recherché pour les petits pélagiques, cela ne veut pas dire que les requins suivront », explique-t-il. A terme, la baie devrait être truffée de stations d’écoute entre celles déjà fixées sur les cages aquacoles et celles des bouées de la réserve.
Des bouées fixées à environ 200m du rivage
Pour David Guyomard, « des récifs artificiels étaient déjà présents avant la ferme aquacole. Et avant les récifs artificiels, il y avait déjà des requins en baie de Saint-Paul. S’il fallait réellement trouver un début d’explication quant à leur présence ici, il faudrait que nous nous interrogions davantage sur la proximité de l’embouchure de l’étang Saint-Paul ». Le rapport intermédiaire des marquages de CHARC ont en effet listé trois points à forts passages : la baie de Saint-Paul, le Port de Saint-Gilles et la zone proche du littoral de l’Etang du Gol, qui comme par hasard se situe « non loin d’une embouchure », complète Ludovic Courtois.
Les bouées seront visibles du front de mer puisqu’elles devraient être fixées à environ 200m du rivage et par 15m de fond. « Pas trop près mais aussi pas trop loin » pour les pêcheurs, tel est le compromis qui a été validé. Le projet en est à un stade avancé. « L’autorisation d’occupation temporaire du domaine maritime a été accordée, la notice d’impact est bouclée. Des repérages in situ pour l’immersion et le montage final des structures ont été effectués. Le feu vert des financeurs publics (Europe, Région) avait également été obtenu dès fin 2012″, explique Ludovic Courtois.
Les pêcheurs pourront bénéficier de ces récifs+DCP perfectionnés avant la fin de l’année 2013.