Dans le cadre des réunions du comité pilotage sur la lutte contre l’alcool au volant, les acteurs de la sécurité (gendarmerie, police, justice…) se retrouvent ce jeudi en préfecture pour une réunion en interne. Une nouvelle fois, la question de la vente d’alcool dans les stations-service va être évoquée et on sait que le sujet est particulièrement sensible entre les autorités et les gérants.
Demain, il ne sera pas question de décider ou non de l’application immédiate de l’interdiction de vente des boissons alcoolisées dans les stations-service. Le sujet sera « évoqué« , nous a-t-on expliqué à la Préfecture, bien qu’un arrêté de réglementation serait dans les tuyaux. Mais pas de décision hâtive prise sur ce dossier, où il est question de faire appliquer pleinement la loi Bachelot sur la réglementation de la vente d’alcool dans les stations à la Réunion. Une loi qui n’est pas appliquée pour le moment. Mais cette « spécificité » péi pourrait bien tomber prochainement. L’alcool est dans la ligne de mire des acteurs de la sécurité car trop présent dans les accidents de la route. La Préfecture a décidé de prendre le taureau par les cornes.
Que dit en substance la loi Bachelot ? Elle interdit la vente d’alcool dans les stations-service sur une plage horaire qui s’étale de 18 à 8 heures du matin. Pis, pour les boissons alcooliques réfrigérées, dont la consommation se veut immédiate, la vente est carrément interdite. Mais dans les faits, il est toujours possible à la Réunion d’acheter une bière fraîche dans une station-service.
« Une loi stupide »
On a voulu interroger, Loïc Obled, le directeur de cabinet de la préfecture à ce sujet. Mais il n’a pas souhaité répondre « pour le moment » à nos questions. C’est que cette question de l’interdiction de la vente d’alcool dans les stations-service fâche les gérants de stations. A commencer par le président du syndicat de la profession, Gérard Lebon, qui qualifie cette loi de « stupide« .
« On a toujours fait position commune. On fait de la résistance par rapport à une loi qui est stupide. On déplore le problème mais on ne résout rien dans le fond. On essai de nous renvoyer une mauvaise image mais ce n’est pas parce que l’on vend de l’alcool que nous sommes responsables des morts sur les routes« , lâche Gérard Lebon, président du syndicat des gérants de stations-service. Ce dernier regrette qu’une nouvelle fois, les stations soient prises pour cibles alors qu’à côté de leurs commerces, les grandes surfaces, camions-bars ou autres snacks peuvent vendre sans problème de l’alcool.
S’il reconnait avoir été invité « au début » pour discuter du problème, il a moyennement apprécié que certains participants s’épanchent dans la presse avant même que des décisions soient étudiées.
La question de la vente de l’alcool dans les stations réunionnaises est tellement délicate que même le sénateur-maire de Saint-Pierre, Michel Fontaine, avait interrogé, dans une question écrite, le gouvernement à ce sujet en juillet 2012. Il avait rappelé la nécessité pour ces commerçants de « diversifier » leurs activités afin d’assurer « leur rentabilité« . La réponse est arrivée quatre mois plus tard et s’est voulue sans équivoque. Au même titre que les autres départements français, la Réunion ne peut échapper à l’application de la loi Bachelot, l’Etat rappelant que 33,8% des personnes tuées sur la route en 2011 avaient consommé de l’alcool.
Les autorités locales pourraient siffler très prochainement la fin de la partie pour les stations-service…