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« Une occasion de tordre le cou au problème de l’illettrisme »

Toute cette journée, se sont déroulées les assises régionales de lutte contre l'illettrisme, à Saint-Denis. A la Réunion, près de 100.000 personnes sont concernées par ce problème or l'année 2013 a été décrétée grande cause nationale contre l'illettrisme par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. La Réunion est la première région à ouvrir le bal de ces assises qui seront organisées sur tout le territoire français. L'occasion d'interroger Hervé Fernandez, président de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme, organisme en charge de la prévention et la lutte contre l'illettrisme en France.

Ecrit par – le lundi 27 mai 2013 à 16H45

Zinfos974 : Quel est le but de ces assises régionales de lutte contre l’illettrisme ?

Hervé Fernandez: Les assises de la lutte contre l’illettrisme en région débutent par la Réunion et s’inscrivent dans une dynamique nationale. Il faut savoir que le Premier ministre (Jean-Marc Ayrault ndlr) a décrété cette année l’illettrisme comme grande cause nationale. Un collectif de 65 grandes organisations nationales s’est réuni en fin d’année dernière pour présenter une candidature commune au Premier ministre. C’est une grande occasion de disposer d’un espace dans les médias pour parler de ce problème qui est partout mais reste invisible. A la Réunion vous avez 100.000 personnes en situation d’illettrisme, des personnes qui sont allées à l’école et qui ne savent pas écrire ou calculer. On souhaite mettre un coup de projecteur sur la situation de ces personnes pour dédramatiser leur situation, car elles ont en commun de cacher leur illettrisme, alors qu’elles ne sont pas condamnées à être dans cette situation toute leur vie.

Qu’est-ce que vous appelez « candidature commune » ?

Concrètement, chaque année le Premier ministre choisi une grande cause nationale, l’an dernier c’était l’autisme. La candidature commune est un dossier unique qui a été présenté au nom de ce collectif par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (…). C’est la première fois de l’histoire que l’illettrisme est reconnu grande cause nationale.

Est-ce que l’illettrisme reste encore un sujet tabou dans notre société ?

Oui il l’est. Les assises en région sont l’occasion de tordre le cou au problème de l’illettrisme. Les personnes confrontées à l’illettrisme ont en moyenne plus de 45 ans, ont un travail et vivent dans les zones rurales. Tout le contraire de ce que l’on peut imaginer, à savoir des jeunes dans un quartier ou encore des gens à la marge en situation d’exclusion. C’est un phénomène présent partout et on peut proposer des solutions à ces personnes. C’est pour cette raison que nous avons pris l’initiative de proposer à tous les partenaires de la société civile d’organiser des assises en région.

Comparativement à la métropole, est-ce qu’à la Réunion le taux d’illettrisme est plus important ?

Le taux à la Réunion est de 21% contre 7% en métropole. Un phénomène plus important en moyenne que sur le territoire mais si on le compare aux taux de certaines régions comme le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie, on n’est pas très loin. Comparativement aux autres départements d’Outremer, la Réunion a le taux le plus faible. Mais cela ne reste pas satisfaisant car il y a toujours 100.000 personnes concernées.

Que va-t-il ressortir concrètement de cette journée d’assises régionales ?

Aujourd’hui, il faut arrêter de se poser des questions sur ce qu’est l’illettrisme. On l’a déjà défini. L’objectif est de rapprocher des solutions à la hauteur des besoins. Mettre en face des personnes les moyens adaptés à leur situation. On avait besoin de cette campagne de sensibilisation et d’information ou alors on peut continuer à discuter entre nous du problème mais on n’oublie dans ces cas les personnes concernées. Ce qu’il y a de particulier lors de ces assises à la Réunion, c’est que nous avons fait témoigner à chaque fois les acteurs qui réalisent et mettent en place des solutions, mais également les personnes concernées elles-mêmes par l’illettrisme. Les acteurs sont venus avec les jeunes et les adultes concernés et qui ont appris pour se sortir de cette situation. C’est une façon de montrer qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre et qu’il existe des solutions. Très concrètement, on peut réunir tous ceux qui jouent un rôle dans ce domaine. Ce qui compte c’est que tout le monde agisse dans la même direction.

Quand est-ce que les restitutions auront lieu ?

Les cycles de rencontres se tiennent de la fin mai à la mi-juillet. Ces assises se termineront par un temps fort national au mois de novembre à Lyon pour faire la synthèse globale. Il y aura à cette occasion une délégation importante de l’île de la Réunion car l’île est mobilisée depuis longtemps sur ce sujet.

 

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