Tout au long des débats, il a été question de la préméditation de cet acte dont la transmission par l’accusé ne fait aucun doute. Si le quadragénaire se retrouve une deuxième fois devant une cour d’assises, c’est à cause des propos qu’il a tenus en 2006 dans le cadre d’une garde à vue pour des faits de viol.
Dans le cadre de l’instruction de cette affaire, le mis en cause avait eu ces mots très durs, évoquant le décès de la mère de ses enfants : « J’ai la haine, sa mort a encore plus accentué ma rage. J’ai encore plus envie de vengeance. Je ne mets pas de préservatif car je veux que quelqu’un ait le Sida comme moi. C’est une femme qui me l’a filé, c’est pour ça que c’est une femme à qui je dois le donner« , avait déclaré l’accusé.
Ce vendredi, au soutien des intérêts de la partie civile, Me Marie Briot a décrit sa cliente comme une femme fréquemment malade aux prises avec une maladie qui ne la quittera plus jamais ainsi qu’une famille confrontée à la mort possible d’une des leurs. « Elle se débat depuis 2009 pour que son statut de victime soit reconnu. Elle est venue chercher la reconnaissance de son calvaire depuis 20 ans » plaide la robe noire.
« L’accusé ne pouvait pas ignorer qu’il pouvait transmettre. Il a eu dans le passé une partenaire qui en est décédée », reprend l’avocat général. Pour Ghautier Poupeau, l’intentionalité des faits est ainsi prouvée. Tout comme le lien de cause à effet – le rapport sexuel entre Eric M. et la partie civile – le médecin-expert a prouvé que les deux souches du virus étaient identiques.
À l’attention des jurés, le représentant de la société a ensuite démontré que la victime souffrait désormais d’une infirmité permanente : « Elle est soignée mais elle ne sera jamais guérie. Vous devez la considérer comme étant dans un fauteuil roulant , c’est ça son quotidien ».
Quant à la préméditation, l’avocat a comparé le crime d’Eric M. avec celui d’un homme « ayant acheté une arme et reconnu le terrain avant de commettre l’irréparable. »
Au fond, avance le ministère public, « Eric M. a un sentiment de vengeance vis-à-vis des autres qui est omniprésent. Il suffisait qu’il mette un préservatif et la question était réglée. Sa volonté de transmettre est évidente, il suffit de reprendre les déclarations qu’il a faites en 2006, lors de son précédent procès ».
Pour toutes ses raisons, le parquet général requiert 12 ans de réclusion criminelle.
La parole est à la défense représentée par Me Julien Baracco.