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ARAST, AAPEJ, handicapés, autistes, crèches… La casse sociale s’amplifie !

La liquidation honteuse de l’ARAST, due à l’impéritie de ses dirigeants et administrateurs, n’est jamais qu’un énième épisode d’un tragique mais débile feuilleton politico-social où les grands perdants sont toujours les figurants (quoiqu’acteurs essentiels) : les personnels et les usagers. Dans les prochains numéros, le drame s’amplifie. Où les mouches vertes vont ronfler au-dessus des […]

Ecrit par – le vendredi 06 avril 2012 à 17H32

La liquidation honteuse de l’ARAST, due à l’impéritie de ses dirigeants et administrateurs, n’est jamais qu’un énième épisode d’un tragique mais débile feuilleton politico-social où les grands perdants sont toujours les figurants (quoiqu’acteurs essentiels) : les personnels et les usagers. Dans les prochains numéros, le drame s’amplifie. Où les mouches vertes vont ronfler au-dessus des cadavres et des biens immobiliers de la plus vieille structure sociale de l’île. La honte dans tous ses états !

160 000 mètres-carrés, soit 16 hectares, ou encore 6 400 gaulettes carrées ! Enorme, non ? Eh bien, au prix du mètre-carré loti, ces 16 hectares de biens immobiliers bâtis ou non bâtis suscitent toutes les convoitises, favorisent toutes les bassesses, attirant les mouches vertes par paquets de dix mille. Et prouvent que non seulement les pouvoirs publics acceptent la casse sociale, mais encore poussent à la roue pour accélérer le tsunami social. Pire qu’une faute, c’est un crime ! Dont les principales victimes sont les déshérités, une fois de (trop ?) plus.

Ces 16 hectares appartiennent à l’AAPEJ, association aide et protection de l’enfance et de la jeunesse. Vieille de près de 80 ans (elle est née le 21 décembre 1936), elle a compté parmi ses fleurons la défunte APECA. Dont on sait aujourd’hui qu’elle ne méritait pas le dixième des critiques fielleuses qu’on lui a adressées.

Pour faire simple, l’AAPEJ prend en charge des déshérités de tout poil. Des jeunes rejetés par leurs familles. Des hommes et femmes ayant eu maille à partir avec la justice. Des adultes en rupture de famille, de travail, de vie. En moyenne, l’association prend en charge permanente 200 jeunes. Plus des dizaines d’adultes à la débine. Beaucoup sont en chantiers de réinsertion. D’autres un petit emploi, modeste mais c’est déjà ça. Les autres, les plus faibles, plus fragiles, ont néanmoins un logement et une aide alimentaire.
On aurait pu croire, son ancienneté plaidant pour elle, que son évidente utilité plaiderait en sa faveur malgré les difficultés qu’elle traverse. Car elle a des soucis financiers. Rien d’insurmontable, rien de commun avec le gouffre de l’ARAST par exemple ; encore moins avec l’abyssale catastrophe de Saint-Jean-de-Dieu ! Rien qui ne puisse se régler au prix d’une meilleure gestion. Propositions du personnel lui-même : se séparer de quelques immeubles non indispensables ; mieux gérer les chantiers d’insertion en les optimisant ; mettre en chantiers d’insertion nouveaux les nombreux hectares non encore utilisés. Le tout faisable à court terme.

Mais voilà, les instances dirigeantes, non seulement ne proposent aucun plan de redémarrage, mais semblent seulement incapables d’en proposer un. Pire, elles ont purement et simplement décidé de brader les biens de l’AAPEJ. Pour s’en laver les mains et attendre un reclassement juteux chez les copains des assemblées locales ! En laissant sur le carreau 168 salariés et des centaines de malheureux qui n’auront pour alternative que de retourner à la rue. Ou en taule.
Mais ça intéresse qui, ces considérations de bas étage ?

Le tout va donc être vendu en missouk à SOS-Alternatives, une société financière continentale qui rachète les structures sociales en difficulté. Comme Tapie rachetait (bon marché) les usines en difficulté. Après un ravalement de surface, il les revendait très cher. Avec la crise de l’immobilier et du logement, l’affaire est plus que juteuse.

Question : si les difficultés ne sont pas mortelles, pourquoi cet empressement à se débarrasser en cachette de l’AAPEJ ? Etrange… Vous avez dit étrange ?
Il y avait eu Saint-Jean-de-Dieu. Vint le tour de l’ARAST. Maintenant l’AAPEJ. La sape (volontaire) de nos structures sociales essentielles ne s’arrête hélas pas en si bon chemin.

Le transport des enfants handicapés subit des coupes sombres depuis des années. Municipalités et autres collectivités n’ont plus les moyens d’assurer, paraît-il. Idem pour le transport des enfants autistes. Et voilà qu’aujourd’hui, les crèches municipales sont dans le collimateur. Au Tampon, la débâcle est en mode final avancé malgré les véhémentes dénégations municipales (élections obligent).
Tout ça pour de basses raisons politiques et des considérations de personnes qui donnent envie de vomir.
Les maillons d’une chaîne de solidarité sociale unique au monde, mise en place depuis 1945, sautent les uns après les autres. Et tout le monde s’en fout.
Allez France !

Jules Bénard

 

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