Le sulfureux homme d’affaires malgache, classé par Forbes parmi les 10 plus grandes fortunes de Madagascar en 2016, se retrouve dans les petits papiers du PNF, en lien avec la galaxie Balkany. Son nom est apparu en février 2016 sur le bureau d’un des magistrats du PNF, qui épluchait les comptes du couple Balkany. C’est donc bien loin de Levallois-Perret que débute une trouble histoire de « blanchiment en bande organisée » et de « fraudes fiscales », motifs de l’enquête préliminaire ouverte par le PNF.
Maminiaina Ravatomanga n’est pas inconnu de la justice malgache, il a déjà fait l’objet d’une enquête du Bureau indépendant anticorruption, sur des soupçons de détournement de fonds publics. De plus, au printemps 2016, son nom a surgi dans les « Panama papers », il y apparaît comme actionnaire d’une société offshore enregistrée aux îles Vierges britanniques.
« Mamy » est à la tête du groupe Sodiat, un conglomérat consacré au transport, à la presse, à l’hôtellerie, au tourisme, à la santé ou encore à l’import-export. Mais il est aussi un habitué des cercles de pouvoir sur l’île : c’est un très proche conseiller d’Andry Rajoelina, ancien président de la Haute Autorité de la transition de Madagascar, et candidat à la prochaine présidentielle, qui devrait se tenir à la fin de l’année.
A Madagascar, Mamy fait face à des accusations de détournement de fonds publics au détriment de la compagnie nationale locale d’eau et d’électricité Jirama, alors qu’il siégeait au sein de son conseil d’administration. Le patron de Sodiat est aussi soupçonné de trafic de bois de rose à destination de la Chine, via des dérogations d’Etat et à travers des sociétés offshore.
Mais ce qui préoccupe le PNF sont des acquisitions immobilières à Levallois-Perret en 2011 : trois appartements dans un immeuble au coeur de l’enquête du juge Renaud Van Ruymbeke portant sur Patrick Balkany. Les époux Balkany, aux manettes de la ville, auraient bénéficié d’un système de rétro-commissions, et le terrain aurait été largement sous-évalué lors de sa cession par la ville à un promoteur immobilier.
Le notaire qui s’est chargé de la vente des trois appartements de Levallois (et d’un pavillon à Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne) de l’homme d’affaires malgache est le notaire habituel des opérations immobilières de Levallois réalisées par la société d’économie mixte qui gère le patrimoine privé de la ville et dont la gestion est au coeur des déboires judiciaires du couple Balkany.
Les investissements immobiliers en banlieue parisienne de Mamy s’élèvent à 4,5 millions d’euros, mais n’auraient pas été déclarés au fisc, alors que les non-résidents étrangers sont assujettis en France à l’ISF quand leur patrimoine dépasse le seuil plancher, fixé à 1,3 million d’euros.
Mais ce qui intrigue le plus les enquêteurs du PNF est la provenance des fonds, les comptes bancaires de Ravatomanga en France, pas plus que ceux des SCI gérées par sa femme, au nom desquelles sont enregistrés les appartements, ne laissent apparaître le moindre mouvement justifiant de ces acquisitions immobilières. Les premières investigations de l’Office central de répression de la grande délinquance financière mettent au jour des montages financiers complexes mêlant société civiles immobilières françaises, offshores mauriciennes et comptes bancaires monégasques.