Revenir à la rubrique : Animaux | Courrier des lecteurs | Société

« Le chien » : Un texte poignant qui ne vous laissera pas indifférent

Sensible à la cause animale, la rédaction de Zinfos974 a choisi de mettre en avant ce courrier des lecteurs poignant. "Un texte tiré d'une histoire vraie concernant la situation des chiens à La Réunion", nous précise l'auteur. Une situation de maltraitance malheureusement trop banale sur notre île.

Ecrit par N.P. – le jeudi 21 mars 2024 à 09H26
La chienne sur cette photo a depuis trouvé un foyer aimant

Voici le texte :

Je crois que je suis né dans une cour assez grande, en terre battue dans les hauts de l’ile. Ma mère était une chienne de couleur brune et on a dit que mon père était un malinois. Enfin un il ressemblait a un malinois. 

J’ étais dans une portée de trois. Mais bizarrement je n’ai aucun souvenir de la fratrie. Ils ont disparu mystérieusement alors que je jouais à courir après les mouches ou n’importe quoi.  Nous nous abritions quand il pleuvait , et il pleut souvent dans les hauts, dans une grange. Il y avait un peu de paille et ma mère vivait là quand elle ne patrouillait pas dans la cour faisant entendre sa voix des que quelqu’un se présentait à l’entrée. Le soir il y avait une vielle gamelle sale dans laquelle se trouvait du riz et parfois des déchets de viande que ma mère et moi déglutitions a toute vitesse. C’était une femme qui nous nourrissait, de temps à autre venait son mari. Ma mère le craignait car il distribuait des coups de pied sans raisons que nous puissions comprendre et criait beaucoup. 

Je grandissait et je tenais de mon père un museau long et sombre qui me donnait un air sévère. J’avais a peine deux mois. 

Un jour vint un homme qui parla à notre propriétaire. J’entendis des mots comme « il sera un bon gardien » et quelques billets s’échangèrent. On vint vers moi et l’homme me saisit sans ménagement par le cou. Sous la douleur je me retournais en hurlant en en montrant les dents. 

« oh dit l’homme , il est mordeur, c’est excellent »  

On me passa un collier, c’était une vielle corde usée qui avait déjà du servir à un congénère. Et ce fut mon premier voyage a l’arrière d’une voiture. Ce fut désagréable d’être balloté dans tous les sens. Je tentais de monter sur une banquette et une volée de coups s’abattirent sur moi. 

« Il faut le mater tout de suite » dit l’homme .

Tout a coup il faisait plus chaud. Nous étions arrivé. Il y avait aussi une cour, mais beaucoup plus petite. Et beaucoup de maisons. L’homme me fit descendre de la voiture, et je pensais que j’allais pouvoir courir comme je le faisais depuis toujours et découvrir de nouvelles odeurs. Il y avait une femme et un garçon, ils étaient curieux de me voir. Le garçon avança la main vers ma tête. J’étais curieux et je sentais de la bienveillance dans ce geste. Un violent coup sur mon collier me rejeta en arrière.

« attention , il mords, ne le touche pas » dit l’homme.

Il me conduisis le long d’un mur. Il y avait quatre planches et un anneau. Il m’attacha là. Je restais indécis. Je tirais sur la corde à la recherche d’odeurs. Alors j’ai sangloté comme peu le faire un chien assis, la tête vers le ciel. Ainsi c’est la vie qui m’attendait a rester là au bout d’une corde ?

Le soir le femme vint m’apporter une nourriture que je ne connaissais pas. « Ce sont des croquettes » dit elle. Elle était méfiante et posa la gamelle juste en limite de traction de la corde. Je découvris une nouvelle nourriture. Mais où faire mes besoins ? Ma mère m’avait appris qu’il faut faire ses besoins loin de l’endroit où l’on dort et où l’on mange. Finalement je fus obligé de faire mes besoins en limite a l’opposé de la gamelle.

« quel con ce chien » dit l’homme « il a fait ses besoins dans le passage ». Il me saisit pas le dessus du cou et me mit le nez dans mes excréments en me frappant. Je me débattais. La douleur était trop forte, j’haletais, je me laissais aller. « voilà , il est maté » dit l’homme. Je ne comprenais pas pourquoi il avait fait cela, ça n’avait aucun sens pour moi. Je voulais aller courir et faire mes besoins loin de là.

Dans la journée je découvris que finalement je pouvais ronger la corde qui m’attachait au mur. Et en fin de marinée j’étais libre. Je parcouru la cour, il y avait un des pots de fleurs, j’en renversais en cherchant des odeurs. D’ailleurs je trouvais un rat que immédiatement je tuais. C’est aussi cela que m’avait appris ma mère. Vint la fin de la journée et l’homme revint avec sa femme et son fils. J’étais fier de leur avoir montré que je savais me libérer et d’avoir tué un rat dont la dépouille était devant la porte. 

A peine rentré l’homme me saisit et me frappa. Abasourdi je grognais et montrais les dents , il me rattacha à l’anneau mais c’était beaucoup plus court. La femme criait que ses pots de fleurs étaient renversés et hurla en découvrant le cadavre du rat.

« Il est dangereux dit l’homme , demain je mettrai une chaine ». La longueur réglementaire minimum est de 2,50 mètres lui dit un voisin. L’homme haussa les épaules. « je fais ce que je veux ». 

Et le lendemain il prit beaucoup de précautions et c’est avec une chaine dont les extrémités avaient été serrées à la pince en guise de collier que je passais la journée. J’aboyais quand il se passait quelque chose au portail. Et je tirais sur ma chaine.  L’inconfort était terrible, la chaine entamait ma chair, les planches sales ne me protégeaient pas beaucoup ni du soleil , de la pluie. Mon poil était terne et on voyait la peau du dos noirâtre. Quand il pleuvait la gamelle se remplissait d’eau sale.

Et un jour à force de tirer sur ma chaine l’anneau se descella. J’étais à nouveau libre. Le soir des que l’homme ouvrit le portail je me faufilait . Libre, mais où aller. Je courrais. Derrière moi la chaine trainait sur le chemin. Le revêtement changeait, j’étais sur une route , des voitures circulaient, je ne savais pas ce que c’était , mais je savais qu’il fallait fuir. Je courais ivre de peur.

A la nuit je trouvais à me réfugier dans un curieux espace. C’était un chantier. Je trouvais des restes de nourriture en déchiquetant un sac poubelle. Tôt le matin des hommes arrivèrent.

« Il a une chaine – il faut le libérer dire certains, il faut appeler la fourrière dit un autre . Il faudrait une pince pour couper la chaine » . J’étais coincé dans un coin, la chaine autour de mon cou me faisait mal et je saignais. Un homme coupa la chaine a quelques centimètres de mon cou. Puis il essaya d’introduire sa pince entre la chaine et mon cou. Je hurlais de douleur et je le mordis.

« bon on y arrivera pas dit l’homme, en plus il mord » 

Une camionnette verte arriva. C’était la fourrière. On me saisit en m’immobilisant avec un sac, et je me trouvais  a nouveau balloté mais cette fois c’était une niche a mes mesures. Je fus mis dans une niche avec d’autres chiens. Certains aboyaient d’autres étaient prostrés. Tout était gris et triste, effroyablement bruyant.

« Il n’est pas identifié. Si dans 4 jours il n’est pas réclamé il sera euthanasié » dit quelqu’un. « Attention il mord »  dit un autre. 

Les 4 Jours passèrent. On me conduisit dans une pièce ou l’odeur était désagréable. J’avais peur, mon coeur battait à se rompre. Je roulais des yeux épouvantés. Les hommes étaient calmes. On m’immobilisa avec une couverture. Que m’arrive t il ? Qu’ais je fais ? On m’allonge sur une surface métallique froide.

Un liquide glacé s’écoule dans mes veines et je sombre dans un monde que je n’aurai jamais imaginé.

A La Réunion plus de 7000 chiens sont euthanasiés chaque année.

J.F. Beaufrere

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
26 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Comores : Azali remercie Macron pour l’aide de la France dans la lutte contre le choléra

Dans un communiqué, la présidence de l’Union des Comores résume la teneur d’un entretien téléphonique entre les présidents Azali Assoumani et Emmanuel Macron. Selon la version officielle, nulle allusion n’aurait été faite à l’opération Wuambushu 2, qui vise les ressortissants comoriens en situation irrégulière à Mayotte. Ce serait l’immigration en provenance de l’Afrique des Grands lacs et ses conséquences, en premier lieu l’épidémie de choléra, qui seraient au centre des préoccupations d’Emmanuel Macron.

Les larmes de Meddy Gerville

Le chanteur et pilote de rallye, Meddy Gerville, a remporté sa toute première victoire sur une épreuve du championnat de La Réunion après avoir concouru par intermittence pendant plus d’une décennie. Le chanteur était très ému lorsqu’il a franchi la ligne d’arrivée.

La Diaspora Indienne : Pèse-t-elle dans les Élections générales en cours ?

Cet article explore le rôle de la diaspora indienne dans les élections indiennes, alors qu’elle mobilise le soutien des partis politiques et plaide en faveur d’une plus grande représentation.

Par Ajay Dubey – Professeur d’Études Internationales, ancien Recteur à la Jawaharlal Nehru Université (JNU), Delhi (Inde), Secrétaire général de l’Association Indienne d’Études Africaines (ASA India), Président de l’Organisation d’Initiatives de la Diaspora (ODI International).

Vaccin contre le chikungunya : Bonnes nouvelles pour Valneva

Valneva, une entreprise spécialisée dans les vaccins, a partagé des résultats encourageants issus de l’étude pivot de phase 3 pour son vaccin monodose contre le virus du chikungunya.
L’analyse menée six mois après la vaccination a confirmé l’innocuité et l’immunogénicité du vaccin chez les adolescents, renforçant les données positives initialement observées au 29ème jour post-vaccination.