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Pendant ce temps, dans ma ville natale (St Joseph – Réunion), monsieur le tout nouveau président a capté près de 78% des suffrages, contre 22% pour le président sortant (le rapport de force s’inversant à Neuilly sur Seine). Il en était de même en 2007, 2002 (au premier tour, vu que l’on sait tous comment a fini le second), mais aussi aux élections locales de toutes sortes, St Joseph vote depuis longtemps PS, cela semble inscrit dans son identité si je puis dire.
Mais diantre, d’où vient cette passion, ce dévouement au socialisme qui perdure depuis tant d’années? Est-ce une idéologie ancrée dans les mentalités, ou est-ce là l’œuvre de quelqu’un qui, ayant peut-être la folie des grandeurs, s’impose comme véritable incarnation du socialisme à la Réunion (qui a tellement longtemps été communiste!)?
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L’on doit l’amour profond de la commune de St Joseph pour le socialisme à:
a) Jean Jaurès
b) Patrick Lebreton
Patrick Lebreton me direz-vous?
Il va sans dire qu’il s’agit d’une figure politique quasi exceptionnelle de la politique réunionnaise. Car, même si l’on n’adhère pas à ses idées ou à son personnage, force est de constater que l’homme aux chemises roses a, en l’espace de 11 ans à la tête de la municipalité de St Joseph, réussi à s’assoir sur une popularité grandissante, un véritable dévouement populaire, qu’il s’attèle à faire croître à chaque intervention.
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Un gourou omniprésent, qui empêche toute opposition d’en arriver au stade même de « crédibilité ». Modem muselé, UMP rejeté, voire humilié et sali.
Car l’homme n’est pas tout blanc, et entretien un mépris profond des partis d’opposition de sa commune. Mépris qui ne peut que perdurer, étant donné le ralliement massif de la population à sa cause. Certes, l’opposition a besoin d’une grande figure pour pouvoir être réellement une opposition, mais ce côté omniprésent-égocentrique finit par en perturber plus d’un.
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Personnellement, je porte un regard plus qu’ambivalent sur ce personnage politique, qui me semble prêt à tout pour se maintenir au pouvoir: charismatique mais au penchant populiste. C’est là que l’on découvre la complexité d’un homme politique qui pourtant, à première vue, a l’air bien simple.
« Le changement c’est maintenant » n’est donc pas une devise que l’on pourrait reprendre à St Joseph, après tant d’années de mono-politique lebretonniste. Au lendemain de l’élection de François Hollande, je me demande comment M. Lebreton va pouvoir alimenter ses discours, puisqu’il n’aura plus de haine anti-sarkozyste à brandir comme étendard de sa politique. Se fera-t-il moins entendre? Sera-t-il, dans ce potentiel mutisme, dépassé par un nouveau leader d’opposition qui proposera cette fois un réel changement à la ville de St Joseph, et même plus généralement à la Réunion? Ainsi, cet évènement qui pouvait laisser croire à une emprise plus grande du député-maire, pourrait se révéler à double-tranchant. Car il ne faut pas oublier que la majorité des électeurs et partisans de M. Lebreton se rassemblent derrière une figure charismatique, et non derrière ses idées. Une vague d’opposition peut donc surgir à n’importe quelle élection, dès lors qu’il n’a plus le charbon qui auparavant alimentait ses discours: la haine de la majorité. Car la majorité, il en fait maintenant (presque) partie, et il ne tient qu’à la nouvelle opposition de se faire entendre, et de le faire tomber de son piédestal, apportant un vrai changement à cette ville après 11 ans de « lebretonnisme ».