Demander à quelqu’un qui mise sur le fond culturel que partagent les îles indianocéaniennes pour construire un nouvel espace géopolitique communautaire, de traiter des cultures propres à chacune de ces îles, revient à lui demander de réfléchir sur la première difficulté de l’entreprise. Qui n’est pas la moindre.
En effet, s’il est vrai que ces peuples proviennent tous, d’Afrique, d’Asie et d’Europe ; s’il est vrai qu’ils se sont métissés biologiquement et culturellement ; s’il est vrai qu’une période vécue dans le contexte colonial européen a recouvert les différences du voile de la culture des métropoles, il est tout aussi vrai que les particularismes culturels des diverses origines, au coeur des hommes, n’ont pas disparu et entretiennent des clivages entre les peuples, mais encore, et aussi, à l’intérieur même de chacun de ces peuples.
Les traditions, les rites, les manières de pensée, les références religieuses particulières imprègnent profondément les familles et les peuples. Les puissances coloniales, par le poids de leur autorité politique et par les moyens de coercition de leurs administrations, ont tenté d’effacer les cultures indigènes.
Et ces cultures indigènes sont secouées, aujourd’hui, par les vents violents et les courants torrentiels de l’argent et des technologies de la mondialisation. Mais elles subsistent. Par delà les scènes gigantesques des productions de la culture mondialisée, les cultures ancestrales inspirent encore les comportements domestiques, mais aussi, publics : dans les quartiers des villes et les recoins perdus des campagnes, dans l’intimité des foyers, des familles.
Cette influence est, souvent, l’explication ultime, mais ignorée, d’événements, heureux ou dramatiques, locaux, régionaux, nationaux à l’intérieur de notre Indianocéanie. Quelle influence exercent encore les fokolonas malgaches, les cadis des Comores ? Quelle influence exercent encore, aujourd’hui, les kabarés, les grands mariages, le passage à l’âge adulte par l’épreuve du bœuf que l’on tue ? Quelle influence exercent sur les âmes, les églises chrétiennes ou l’Islam, inculturés à Madagascar, aux Comores, à Rodrigues, aux Seychelles, à La Réunion ?
Quelle conception ont nos cousins indianocéaniens, de la démocratie, de la Déclaration universelle des Droits de l’homme ou du formalisme juridique officiel des scrutins électoraux ? Quelles traces historiques ont laissé dans les consciences indianocéaniennes : les guerres entre les royaumes malgaches côtiers et des hauts plateaux ? Les batailles des sultans comoriens ? La traite des esclaves ? La période coloniale ?… La suite sur le site AID: www.aid97400.re