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Découverte de squelettes d’esclaves à Saint-Paul

Le cimetière marin de la baie de Saint-Paul vient de trouver matière à alimenter encore plus sa légende. Depuis ce matin, c’est une certitude selon les historiens et archéologues présents sur les fouilles : les squelettes mis à jour sont ceux d’esclaves.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 22 juin 2011 à 17H32

"C’est vraiment un moment exceptionnel que nous vivons". Sudel Fuma, historien à l’Université de la Réunion, ne cache pas son émotion. Depuis ce matin, le petit monde de l’archéologie et de l’Histoire réunionnaise est en ébullition, ce qui a précipité un point presse de la municipalité saint-pauloise dans l’après-midi. A côté du Cimetière Marin, côté mer, le poids de l’Histoire se fait sentir.

Une douzaine de squelettes (dont un de bébé) a été découverte depuis le premier coup de pioche la semaine dernière. L’information reste imprécise car plusieurs d’entre eux sont dans un état de réduction avancée.

Mais plus important que ces incertitudes qui pourront être levées par des recherches plus poussées dans les prochaines semaines, les doutes que ces squelettes soient des restes d’esclaves sont levés à 99%, annonce Sudel Fuma. 

Le marqueur visuel qui a fait pencher la balance : une dentition avec des incisives et des canines appointées et taillées sur deux squelettes. "C’est vraiment une caractéristique que l’on retrouve dans les pays d’Afrique de l’Ouest comme de l’Est" reconnaît Bruno Bizot, conservateur du patrimoine. "Malheureusement, le travail de mise à jour nécessite de détruire un peu ce que l’on trouve" prévient-il.
 
Au-delà des trouvailles matérielles qui viennent conforter un sentiment de lieu chargé d’histoire depuis le travail salutaire du cyclone Gamède, un début d’interprétation se fait jour.
 
"On est  sûr que le mur actuel du cimetière avait cette délimitation en 1835. On pense donc qu’il devait même exister depuis début 1800. Ce qui signifie que ces inhumations avaient bien lieu en dehors, à l’écart du cimetière marin" ajoute Bruno Bizot. Sudel Fuma embraye : "Avant 1820, il y avait une séparation très nette entre les sépultures des blancs et des autres" Après cette date, la distinction devient déjà moins stricte.

La délicate phase de conservation
 
L’euphorie passée, la mission de conservation des ossements reste délicate à traiter. "C’est un cas inédit pour moi" dit pessimiste Bruno Bizot. En effet, dès lors que les ossements sont à l’air libre, la dégradation commence. En quatre heures, ils peuvent commencer à se déliter tout doucement. L’intérêt pourtant est bien de préserver la future matière d’études. "Avec de la chance, de l’ADN fossile est encore exploitable dans la pulpe dentaire", celle qui reste le plus à l’abri de l’attaque du temps.
 
Et dire que cette portion vague  située à la droite du cimetière marin faisait office de parking pour les visiteurs" en rigole Huguette Bello. "Evidemment que le projet de rénovation du parking est arrêté. A la place, nous réfléchissons à la construction d’un mémorial en l’honneur des esclaves".
 
Mais derrière la découverte, la politique n’est pas très loin. Huguette Bello profite de cette fenêtre médiatique pour interpeller le ministre de l’Education Nationale, sous les yeux de Thomas Campeaux, sous-préfet de Saint-Paul : "Il faut que les manuels d’Histoire n’oublient plus de mentionner ce pan de l’Histoire réunionnaise".  

 

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