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Cyrille Lougnon affirme avoir débusqué le trésor du pirate La Buse

Chimiste de formation, Cyrille Lougnon ne se destinait pas à consacrer une dizaine d'années à une minutieuse enquête sur le pirate Olivier Levasseur, célèbre sous le surnom de La Buse. Certain d'avoir trouvé à la Ravine-à-Malheur la cache du trésor issu du pillage de la Vierge du Cap, le petit-fils d'Albert Lougnon a rassemblé la somme impressionnante de ses recherches dans un riche livre postfacé par Daniel Vaxelaire dont la trame dépasse largement l'histoire du plus fameux pirate français.

Ecrit par Thierry Lauret – le samedi 27 avril 2024 à 06H59

Il paraît que Jérôme Filippini a adoré son livre. Si Cyrille Lougnon a pris soin d’adresser au préfet de La Réunion un exemplaire d’ « Olivier Levasseur dit La Buse, piraterie et contrebande sur la route des Indes au XVIIIè siècle » (Riveneuve, 38 euros), ce n’était pas seulement pour le plaisir de partager les quelque 350 pages de son ouvrage richement illustré et détaillé.

Le petit-fils du regretté Albert Lougnon, personnage connu de tous les Réunionnais pour son dévouement à valoriser le patrimoine local, affiche comme un étendard sa conviction exaltée d’avoir mis au jour la cache d’un trésor pillé par un équipage de pirates dont La Buse faisait partie. Dès 2010, Cyrille Lougnon a signalé sa découverte à la Direction des affaires culturelles de l’océan Indien (Dac OI) et en l’absence d’évolution significative du dossier, il s’est fendu récemment d’une lettre au préfet pour lui demander une entrevue.

« Je l’ai rencontré, c’est un préfet formidable », se félicite Cyrille Lougnon, qui assure être depuis en relation téléphonique régulière avec la Dac OI. Est-ce à dire que des fouilles archéologiques sont envisagées ? Sur ce point, Cyrille Lougnon se montre prudent, rappelant qu’une telle entreprise devra se dérouler dans la plus grande discrétion, pour éviter les visites intempestives d’inévitables curieux, bien intentionnés ou pas. « Il faut souligner que dès mon signalement en 2010, la Dac avait mis en place une démarche de protection de la zone des vestiges », observe ce chimiste de formation, en insistant sur la longue procédure qui s’impose à l’administration lors d’une démarche de fouille.

A ses yeux, il ne fait aucun doute qu’Olivier Levasseur et ses complices ont planqué dans les contreforts de la Ravine-à-Malheur, à l’entrée de l’actuelle commune de la Possession, le magot du pillage de la Vierge du Cap. Le forfait, présenté comme le plus gros coup de l’histoire de la piraterie, a été perpétué le 20 avril 1721 alors que la navire amiral portugais mouillait en face de Saint-Denis pour y subir des réparations après avoir été fragilisé par une tempête.

Selon Cyrille Lougnon, La Buse était alors quartier-maître du Victorieux, l’un des deux bateaux pirates (avec le Cassandra) qui a profité de l’opportunité inespérée d’attaquer un navire à l’arrêt, aux cales emplies de diamants et de nombreuses autres richesses. Son statut de quartier-maître – attribué par le vote de l’équipage, comme le veut l’usage démocratique en vigueur dans la piraterie – lui octroyant la charge d’évaluer les gains d’un assaut, Olivier Levasseur aurait ainsi pu mesurer l’étendue exceptionnelle du butin, dont il aurait décidé d’exfiltrer une partie pour la cacher et ne la partager qu’avec quelques complices.

Dans son ouvrage récemment paru « Fabuleuses cartes au trésor » (Éditions du Trésor, 21 euros), l’écrivaine belge et archéologue Marie-Eve Sténuit conteste l’authenticité du fameux cryptogramme de La Buse, celui-là même que le pirate aurait lancé au public (en criant « Mon trésor à celui qui le découvrira ! ») venu assister à son exécution le 7 juillet 1730 à Saint-Paul. Pour elle, le mythe du trésor caché de la Vierge du Cap et du cryptogramme indiquant sa localisation relèveraient de « songes exotiques ».

Marie-Eve Sténuit doute du fait que La Buse ait pu se soustraire au traditionnel partage du butin entre « les 480 membres » d’équipage composant les deux navires pirates, et se demande « pourquoi il aurait préféré enterrer son or et ses diamants dans un lieu secret plutôt que de les emporter avec lui à Madagascar ». Ajoutant par ailleurs qu’Olivier Levasseur ne pouvait être assez érudit pour rédiger le cryptogramme d’inspiration franc-maçonnique.

Des arguments balayés par Cyrille Lougnon, qui expose dans son livre son propre décryptage du cryptogramme. Inutile selon lui de se creuser les méninges à tenter de percer le code : celui-ci ne serait en effet qu’un génial enfumage pour masquer l’essentiel, en l’occurrence des petits signes étranges présents sur le tissu imprimé et qui seraient, en réalité, des repères visuels pour retrouver la cache. Pour le démontrer, Cyrille Lougnon juxtapose ces fameux signes avec une vue aérienne de l’embouchure de la Ravine-à-Malheur : les signaux deviennent alors, selon lui, des repères évidents sur une carte.

Les pirates auraient ainsi déployé des trésors d’ingénierie pour sceller de grosses roches avec de la chaux afin de couvrir la cavité dans laquelle serait protégé leur butin. Une opération réalisée en moins de trois jours par une vingtaine d’hommes, avance Cyrille Lougnon, qui expose dans son livre une coupe transversale de la planque ainsi que des photographies de diverses pierres gravées ou taillées qui encadrent le site. Une théorie que l’auteur semble considérer assez solide pour convaincre les services de l’Etat de mener de coûteuses fouilles archéologiques.

« Olivier Levasseur dit La Buse, piraterie et contrebande sur la route des Indes au XVIIIè siècle » (Riveneuve, 38 euros)

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