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Viol sur une paroisienne et son fils: « Oui, ça s’est passé » reconnaît le père Ibrahim

Ce mercredi s'est ouvert le procès du prêtre de la Plaine-des-Palmistes, Fabrice Ibrahim, accusé d'avoir violé deux paroissiens à de nombreuses reprises. L'un était mineur au moment des faits et devait s'exécuter s'il voulait atteindre le paradis.

Ecrit par 2181159 – le mercredi 13 avril 2022 à 20H09

C’est un homme à l’allure réservée et timide qui s’est avancé ce mercredi matin à la barre de la cour criminelle. Fabrice Ibrahim, 48 ans, jean et chemise claire, a donné une première coloration à son procès pour viols en reconnaissant la matérialité des faits qui lui font encourir une peine de 20 ans de réclusion criminelle.
 
Le prêtre ordonné en 2002 à Saint-Paul, on l’aime ou on le déteste. « Votre personnalité est clivante » a résumé le président de l’audience. Pour le gendarme chargé de l’enquête qui s’est déroulée en 2017 après la plainte de Pierre*, il y a ceux qui lui trouvent un charisme profond, le décrivent comme « très grand », extraordinaire. Et puis il y a les autres, ceux que Fabrice Ibrahim évincait, car il n’aimait avoir autour de lui que des admirateurs. Ceux-là évoquent plutôt un gourou, un manipulateur et un misogyne.
 
L’ancien curé de la Plaine-des-Palmistes est également décrit par ses fidèles et ses pairs comme un ecclésiastique peu ordinaire. « C’est un traditionnaliste qui prêchait en soutane, faisait la messe en latin », « il fallait s’agenouiller pour communier », « il n’aimait pas que les femmes portent des pantalons ». Certains n’hésitent pas à parler d’un prêtre mystique qui donnait l’exemple et enseignait le sacré.
 
Le jour où la bombe atomique s’est abattu sur la paroisse
 
Mais en secret, Fabrice Ibrahim avait une vie sexuelle active. Plusieurs femmes ont attesté avoir eu des relations sexuelles avec lui. Toutes en situation de vulnérabilité L’ancien prêtre Jacky Hoarau – condamné pour pédophilie – appelé à déposer au cours de l’enquête, a indiqué avoir eu quelques rapports sexuels sans lendemain avec le curé palmiplainois. « C’est un homme ambivalent. Il a une libido exigeante et a fait voeu de chasteté » a résumé l’expert psychologue.
 
Et puis, entre 2013 et 2015, il y a eu Pierre, un jeune fidèle de 14 ans que Fabrice Ibrahim affectionnait. D’abord sous la douche puis dans son lit et enfin dans le lieu sacré que représente la sacristie, le prêtre est accusé d’avoir imposé de nombreuses fellations au mineur ainsi que des rapports sexuels complets. Il promettait à sa victime le paradis et le menaçait des pires tourments si jamais il en parlait.

Il portait ça comme un boulet
 
C’est pourtant ce que Pierre a fait en février 2017, à la faveur d’une nouvelle relation amoureuse qui l’a décidé à se confier à Sébastien Blast, l’aumônier de l’Université de La Réunion. « Ses confessions ont été une bombe atomique. Pierre était en pleurs, il a lâché ça comme un boulet ». A la barre, l’homme d’église décrit son confrère Ibrahim comme un homme ayant tissé sa toile autour de l’enfant de choeur aux tendances homosexuelles. Ce dernier avait été envoyé par ses parents vers l’église en espérant qu’il rentre dans le cadre. « Il a subi tout ça du fait de sa foi » a conclu le père Vast.

La libération de la parole de son fils avait alors décidé Valérie*, la mère de l’adolescent, à libérer la sienne. Catéchisme, ménage, cuisine, la paroissienne était au service du prêtre Ibrahim. Lui réclamant des massages du dos puis, la confiance s’étant installée, du ventre, Fabrice Ibrahim l’avait poussée à lui faire une fellation. « C’était une obligation. Il était prêtre et il fallait obéir. Mais je trouvais ça sale » a confié Valérie à l’expert qui l’a examinée.

« Je trouvais ça sale »

Nul doute que Fabrice Ibrahim, unanimement reconnu comme un homme intelligent, profitait de l’autorité que lui conférait sa fonction pour exercer une emprise sur ceux qui l’entouraient. Lors de l’enquête, il s’est défendu d’être coupable, indiquant que Pierre comme sa mère n’avaient jamais dit non. 

« C’est la version de 80% des agresseurs sexuels. Ils imaginent que leur partenaire est consentant » a témoigné le psychiatre toulousain interrogé par visioconférence. Mais dans cette histoire, le spécialiste est convaincu que Fabrice Ibrahim avait conscience de ce qu’il faisait. « Comme cela est écrit dans la bible, la chair est faible » avait déclaré l’accusé aux gendarmes pendant sa garde à vue.

Les débats de ce jeudi vont vraisemblablement tourner autour de cette notion de consentement avec le témoignage des victimes à la barre. Puis ce sera au tour de Fabrice Ibrahim, resté plutôt impassible au premier jour de son procès, de donner sa version des faits avant le verdict attendu en fin de journée.

*Prénom d’emprunt

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